Harmonie Texier
Etude d’une collection mérovingienne du Musée
d’Aquitaine : nouvel examen du mobilier funéraire de la
rue Saint-Jean de Coutras
Mémoire de Master 2 Sciences de l’Antiquité et du Moyen Age, spécialité archéologie
dirigé par I. Cartron
Volume 1
Membres du jury :
Juin 2013
Isabelle Cartron
Sylvie Faravel
Université Michel de Montaigne, Bordeaux III
Harmonie Texier
Etude d’une collection mérovingienne du Musée
d’Aquitaine : nouvel examen du mobilier funéraire de la
rue Saint-Jean de Coutras
Mémoire de Master 2 Sciences de l’Antiquité et du Moyen Age, spécialité archéologie
dirigé par I. Cartron
Volume 1
Membres du jury :
Juin 2013
Isabelle Cartron
Sylvie Faravel
Université Michel de Montaigne, Bordeaux III
Couverture : dessin de l’épingle D.91.5-18 de la rue Saint-Jean de Coutras, réalisé par H. Texier.
Tables des matières
Avant-propos …………………………………………………………………………..
P.1
Introduction ...………………………………………………………………………….
p.2
I. CONTEXTE HISTORIQUE DES RECHERCHES ET PRESENTATION DU
SITE DE COUTRAS
I. 1. Occupation du sol au sein de l’arrondissement libournais de l’époque galloromaine au haut Moyen Age …………………………………………………………..
p.4
I. 1. A. Cadre géographique et présentation de l’étude …...…………………….
p.4
I. 1. B. Occupation du sol libournais durant la période gallo-romaine …………
p.6
I. 1. C. Occupation du sol libournais durant le haut Moyen Age………………..
p.14
I. 2. Une découverte inattendue à Coutras : la nécropole mérovingienne …………... p.23
I. 2. A. Présentation historique de Coutras et déroulement de la fouille ……….. p.23
I. 2. B. Les découvertes rues E. Combes, Gambetta, Brossolette et sur le parvis
…….de l’église …………...…………………………………………………………… p.26
I. 2. C. Les découvertes de la rue Saint-Jean …………………………………… p.28
I. 2. D. Les conclusions de la fouille ……………………………………………
p.30
II. LE MOBILIER FUNERAIRE : APPROCHE TYPOCHRONOLOGIQUE
DES OBJETS
II. 1.Historiographie du mobilier funéraire mérovingien ..............................................
p.32
II. 1. A. Vers un premier tâtonnement archéologique : XVIe-XVIIIe : siècles des
…….antiquaires …………………………………………………………………………….
II. 1. B. XIXe siècle : essor de l’archéologie ........................................................
p.33
p.35
II. 1. C. Des débuts du XXe siècle aux années 1960 : développement de
……..nouvelles sciences, élaboration d’une typologie ……..…………………………
p.38
II. 1. D. Des années 1970 à nos jours …………………………………………...
p.41
II. 2. Présentation du mobilier de la rue Saint-Jean de Coutras ...…………………..
p.44
II. 2. A. Méthode et historique des collections …..……..………………..............
p.44
II. 2. B. Présentation typochronologique des objets de parure …………….........
p.53
II. 2. C. Présentation typochronologique des objets déposés……………..…......
p.81
III. DE L’OBJET A LA SEPULTURE : LA MISE EN CONTEXTE DU
MOBILIER
III. 1. Le sarcophage 3 : une restitution difficile ………..…......…………………….
III. 1. A. Contexte archéologique …………………………………………………..
p.90
p.90
III. 1. B. Etude de la sépulture …………..………...……….……...…................. p.90
III. 2. Les sarcophages 6 et 7 : des sépultures privilégiées féminines ? ………..……
p.95
III. 2. A. Contexte archéologique…………………...…...………………............... p.95
III. 2. B. Etude des sépultures 6 et 7……..………………….…………..............
III. 3. Le sarcophage 15 : témoignage d’un guerrier ? ..………………….....……….
p.95
p.101
III. 3. A. Contexte archéologique …………….……...…………………................ p.101
III. 3. B. Etude de la sépulture ………..…...……………….…………................ p.102
Conclusion ………………………………………………………………………….…. p.107
Tables des illustrations …………….………………………………………….…….…
p.109
Sources et bibliographie …………………………...…………………..………...….…
p.111
Avant-propos
Nous souhaitons adresser nos sincères remerciements à Isabelle Cartron (responsable
du master Sciences de l’Antiquité et du Moyen Age, professeur), qui a su nous guider avec
bienveillance dans nos recherches. Nous lui sommes également très reconnaissantes de la
confiance qu’elle a su nous témoigner tout au long de l’année et des conseils qu’elle nous a
prodigués. Nous souhaitons lui manifester toute notre estime et notre profond respect.
Nous tenons également à remercier chaleureusement Anne Ziéglé (conservatrice au
Musée d’Aquitaine de Bordeaux) pour sa grande disponibilité lors de l’étude du mobilier et
pour ses précieux encouragements.
De même, nous remercions messieurs Dany Barraud (inspecteur de l’archéologie) et
Bernard Chieze qui ont répondu à nos interrogations et sans qui tout ceci serait impossible,
mais aussi David Redon, président du Groupe de Recherche Archéologique et Historique de
Coutras (G.R.A.H.C.), qui a mis à notre disposition toutes les informations qui pouvaient
nous aider dans notre tâche.
Nous tenons également à mentionner Philippe Bezkorowajny pour ses informations
concernant l’église Saint-Jean-Baptiste de Coutras, puis Dominique Castex (chercheur au
C.N.R.S., UMR 5809) et Maryelle Bessou (assistant-ingénieur à P.A.C.E.A) pour avoir mis à
notre disposition les radiographies des objets. Mais également Lysiane Gauthier (photographe
de la Mairie de Bordeaux) pour nous avoir permis d’exploiter les photographies de certains
objets de Coutras.
Nous remercions chaleureusement notre famille et nos amis pour le soutien apporté.
Enfin, nous tenons à remercier Sylvie Faravel (maître de conférences) de bien vouloir
faire partie de notre jury.
1
INTRODUCTION GENERALE
La période concernée par cette étude est celle qui succède aux Migrations qui se
déroulèrent au cours du IVe et ce jusqu’au VIe siècle après Jésus-Christ. Elles sont marquées
par l’entrée en Gaule des « barbares », peuplades hétéroclites composées des Huns, des
Germains orientaux (Goths, Burgondes, Vandales etc.), et occidentaux (Saxons, Francs
Saliens et Ripuaires surtout), ainsi que ceux venus des steppes (les Sarmates et Alains)
favorisant la mise en place de nouvelles structures politiques.
Les régions situées entre la Loire et les Pyrénées font parties de l’empire romain. Au
début du Ve siècle, l’empereur confie la surveillance de ces régions aux Wisigoths, peuples
fédérés qui ne tardent pas à se constituer en royaume autonome. A partir de 507, l’Aquitaine
passe sous la domination politique des Francs grâce à la victoire de Clovis sur Alaric à
Vouillé (région Poitou-Charentes). Le royaume franc ne s’est pas directement installé au sud
de la Gaule, ce qui peut expliquer son particularisme régional. La culture romaine s’est peu à
peu mélangée à celle des francs par acculturation.
La particularité de cette société mérovingienne réside dans le développement de
pratiques funéraires, déjà présentes dans l’empire romain, qui consistent à intégrer à la
sépulture des objets personnels du défunt 1. Cette pratique attestée dès le IVe siècle se
développe considérablement au cours des VIe-VIIe siècle et tend à se raréfier à partir du VIIIe
siècle après J.-C.
Le site que nous allons étudier est celui d’une nécropole mérovingienne dont les
sarcophages ont été trouvés dans la rue Saint-Jean de Coutras (Gironde). Elle a fait l’objet
d’une fouille de sauvetage au cours de laquelle du matériel important a été exhumé. Cette
campagne s’est déroulée sous la direction de D. Barraud et de B. Chieze, entre les mois de
mars et mai 1981. Le mobilier recueilli concerne principalement des objets métalliques (sauf
un peigne en os et du fil d’or). Aucune céramique n’a été rencontrée. Le cadre de notre travail
se bornera à l’étude de ces objets funéraires.
Cette étude débutera dans un premier temps, par un état des lieux des recherches
opérées sur le territoire libournais, dans lequel s’inscrit la nécropole de Coutras, entre
1
C’est ce que l’on retrouve dans les études sous l’appellation inhumation habillée.
2
l’époque gallo-romaine et le haut Moyen Age. Ce territoire ne correspond à aucune limite
politique ou religieuse ayant cours à l’époque mérovingienne, nous l’avons choisi dans un but
pratique, pour remettre en contexte les découvertes réalisées à Coutras. Cet état des lieux sera
suivi par la présentation du site et de la fouille de Coutras.
Dans un second temps, nous ferons une historiographie portant sur la place de l’objet
mérovingien au sein de l’archéologie. Nous observerons son évolution du XVIe siècle à nos
jours. Puis, après avoir noté la confusion des sources concernant notre mobilier, nous
l’étudierons, d’un point de vue typologique. Cette première approche nous permettra d’établir
une distinction entre les objets de parure et les objets déposés. Chaque objet fera l’étude d’une
datation par comparaison en utilisant les typochronologies existantes.
Dans un dernier temps, nous mettrons ces objets en relation avec leur contexte
archéologique et nous tenterons ainsi de dater les différentes sépultures. Nous essayerons,
dans la mesure du possible, de déterminer le profil des défunts.
Nous avons perçu plusieurs difficultés tout au long de cette étude. En premier lieu,
l’absence d’un véritable rapport anthropologique nous a souvent fait défaut, notamment pour
l’attribution du mobilier au sein des sarcophages et pour les tentatives de reconstitution des
sépultures. La deuxième difficulté réside dans le fait que nous ayons parfois été contraintes
d’établir des comparaisons typologiques avec du mobilier retrouvé au nord de la Loire, faute
de découvertes et surtout d’études sur le mobilier funéraire des régions méridionales.
3
I. CONTEXTE HISTORIQUE DES RECHERCHES ET
PRESENTATION DU SITE DE COUTRAS
I. 1. Occupation du sol au sein de l’arrondissement libournais de l’époque
gallo-romaine au haut Moyen Age
Le mobilier archéologique que nous devons étudier s’inscrit dans la Guyenne
girondine et plus particulièrement dans l’arrondissement de Libourne. L’occupation du sol
ayant déjà été réalisée pour la vallée de la Dronne par D. Morise 2, nous avons décidé de nous
intéresser uniquement à cet arrondissement sur une période oscillant entre l’époque galloromaine (Ier siècle avant J.-C.-Ve siècle après J.-C.) et le haut Moyen Age (Ve-Xe) afin de
remettre en contexte le site de Saint-Jean de Coutras. Nous allons tout d’abord examiner le
cadre naturel qui l’entoure. Pour plus de clarté, les résultats ont été cartographiés.
I. 1. A. Cadre géographique et présentation de l’étude
Notre zone d’étude se trouve dans le sud-ouest de la France, en Gironde (Aquitaine)
(fig.1). L’étude rassemble les communes de neuf cantons : les cantons de Branne, de
Castillon-la-Bataille, de Coutras, de Fronsac, de Guîtres, de Libourne, de Lussac, de Pujols, et
de Sainte-Foy-la-Grande, soit un total de 119 communes (Cf. Annexe 1, carte n°1, p.127). De
nombreux cours d’eau traversent la zone étudiée, la Dordogne ainsi que deux rivières, la
Dronne et l’Isle (Cf. Annexe 1, carte n°2, p.127), dont la confluence se situe à Coutras (n°41).
La topographie (fig.2), révèle une altitude moyenne pour l’ensemble des cantons de 53 m
NGF 3.
2
MORISE, D. (1996).
3
Pour le canton de Branne : les altitudes varient de 2 m (Branne) à 114 m (Camiac-et-Saint-Denis), pour une
moyenne de 52 m. Pour le canton de Castillon-la-Bataille : les altitudes varient d’1 m (Saint-Magne-deCastillon) à 117 m (Saint-Philippe-d’Aiguille), pour une moyenne de 48 m. Pour le canton de Coutras : les
altitudes varient de 4 m (Coutras) à 113 m (Saint-Antoine-sur-l’Isle), pour une moyenne de 45 m. Pour le canton
de Fronsac : les altitudes varient d’1 m (Asques) à 88 m (Saint-Aignan), pour une moyenne de 40 m. Pour le
canton de Guîtres : les altitudes varient d’1m (Bonzac) à 103 m (Lapouyade), pour une moyenne de 50 m. Pour
le canton de Libourne : les altitudes varient d’1m (Arveyres) à 107 m (Saint-Emilion), pour une moyenne de 17
m. Pour le canton de Lussac : les altitudes varient de 10 m (Néac) à 117 m (Puynormand), pour une moyenne de
100 m. Pour le canton de Pujols : les altitudes varient d’1 m (Saint-Pey-de-Castets) à 118 m (Sainte-Radegonde)
pour une moyenne de 63 m. Pour le canton de Sainte-Foy-la-Grande : les altitudes varient de 6 m (Saint-AvitSaint-Nazaire) à 132 m (Margueron), pour une moyenne de 63 m.
4
Cette étude sur l’occupation du sol a pu être réalisée grâce au concours de nombreux
chercheurs dont les études ont été publiées, notamment L. Drouyn 4 en 1865, qui a signalé de
nombreuses découvertes ou encore M. Gauthier dans sa Circonscription d’Aquitaine 5 en
1983. Nous avons également utilisé la Carte Archéologique de la Gaule, sur le département de
la Gironde, publiée en 1994 par H. Sion 6, mais également tous les bilans scientifiques publiés
chaque année par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine et le Service
Régional de l’Archéologie. Enfin, nous nous sommes également appuyés sur des études de
cas.
Figure 1: L’arrondissement de Libourne en Aquitaine (Gironde) (carte: H. Texier).
4
DROUYN, L. (1865).
5
GAUTHIER, M. (1983).
6
SION, H. (1994).
5
Figure 2: Carte topographique des environs du libournais (carte: Google).
I. 1. B. Occupation du sol libournais durant la période gallo-romaine
Cette période historique qui s’étend de 51 avant J.-C. (Guerre des Gaules) à 507 après
J.-C. (main mise sur l’Aquitaine par les Francs à Vouillé), est généralement bien représentée.
En effet, elle a laissé de nombreux témoignages archéologiques, monnaies, éléments
architecturaux, villae, aqueducs, etc. De plus, nous avons la chance de bénéficier d’une source
écrite, celle du bordelais Ausonne (environ 310-395 après J.-.C.) qui nous a laissé une œuvre
importante 7.
7
MORISE, D. (1996), p.27.
6
Canton de Branne 8 :
Comme nous pouvons le constater (Cf. Annexe 1, carte n°3, p.128), ce canton est riche
en découvertes gallo-romaines. En effet, H. Sion rappelle plusieurs mentions faites au XIXe
siècle par F.-V. Jouannet et L. Drouyn 9, de trouvailles éparses, notamment la présence de
céramiques, tegulae, briques ou monnaies, mais aussi des éléments de remploi gallo-romain.
Par la suite, des prospections et fouilles mettent au jour des traces de villae notamment à
Daignac 10 (n°11) et Saint-Aubin-de-Branne 11 (n°17). Certaines disposent même d’un
ensemble thermal, c’est le cas de la villa de Prusines à Lugaignac 12 (n°14). Plusieurs sites
antiques ont été réoccupés pendant le haut Moyen Age. Dans ce cas, il est toutefois difficile
de connaître les motivations et les enjeux de cette réoccupation. C’est le cas des communes de
Camiac-et-Saint-Denis 13 (n°5) et de Saint-Germain-du-Puch 14 (n°1), avec l’aménagement de
sépultures du Moyen Age sur les fondations mêmes des édifices antiques.
Canton de Castillon-la-Bataille 15 :
Moins nombreux que dans le précédent canton, les vestiges archéologiques retrouvés
sont cependant assez similaires (Cf. Annexe 1, carte n°4, p.128). En effet, nous retrouvons des
éléments architecturaux comme des tegulae (exemple à Castillon-la-Bataille 16 n°25), des
monnaies, des céramiques diverses. De nombreuses villae sont également présentes,
notamment à Saint-Hyppolyte (n°31), (mise au jour de céramique gallo-romaine et une
8
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.116-121.
Mais aussi des Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1994 (Daignac), p.54-55, 1996 (Lugaignac), p.65,
1998 (Camiac-et-Saint-Denis), p.64-65, 1999 (Camiac-et-Saint-Denis), p.48, 2008 (Saint-Germain-du-Puch),
p.89-90 + (Camiac-et-Saint-Denis), p.75.
9
SION, H. (1994), p.116-121.
10
PIAT, J.-L. (1995), p.54-55.
11
SION, H. (1994), p.118-119.
12
PIAT, J.-L. (1997), p.65.
13
Voir : PIAT, J.-L. (1999), 64-65. Mais aussi GANGLOFF, N. (2000), p.48.
14
ROUDIER, M. (2010), p.89-90.
15
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.144-149. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1995 (Sainte-Colombe), p.62 et 2003 (Sainte-Colombe), p.68.
16
SION, H. (1994), p.144.
7
mosaïque) et à Saint-Laurent-des-Combes n°32 (occupée au début du IVe siècle après J.-C. et
probablement abandonnée à la fin du Ve siècle après J.-C.) 17. Nous pouvons également noter
la présence d’une villa gallo-romaine implantée sur un site du premier âge du fer à SainteColombe 18. Le site de la villa, comme celles vues précédemment, est réutilisée dès le VIe
siècle ou le VIIe après J.-C., pour un espace funéraire du haut Moyen Age. Par ailleurs, nous
le savons aujourd’hui, l’église romane de Sainte-Colombe (n°26) s’est également établie sur
les ruines de la villa gallo-romaine 19.
Canton de Coutras 20 :
Ce canton est rendu célèbre par deux découvertes majeures : celle du camp néolithique
à Abzac (n°42) Le Pétreau, découvert en 1932-1933 par J.-A. Garde et fouillé en 1979 par D.
Barraud ayant livré entre autre, du mobilier de l’âge du fer et de l’époque gallo-romaine
(meule, céramiques communes, sigillées, monnaies, fragments d’amphores) 21. Mais aussi la
découverte des sarcophages mérovingiens ayant fait l’objet d’une fouille de sauvetage rue
Saint-Jean à Coutras (n°41) par messieurs B. Chieze et D. Barraud et dont le mobilier fait
l’objet de la présente étude. Nous pouvons observer que les découvertes archéologiques, pour
la période qui nous concerne, sont assez faiblement représentées (Cf. Annexe 1, carte n°5,
p.129) et réparties de façon très hétérogène : Coutras est sans nul doute celle qui a bénéficié
de plus de recherche. Les vestiges de plusieurs habitats ruraux ont été signalés notamment à
Camps-sur-l’Isle (n°44), aux Eglisottes-et-Chalaures (n°35) et à Porchères 22 (n°38). Des villae
ont également été retrouvées à Chamadelle (n°34) et aux Peintures (n°40). De plus, une
agglomération secondaire gallo-romaine ayant succédé à un village de l’âge de fer « le camp
17
Id. (1994).
18
SION, H. (1994), p.147-148. Voir aussi : MIGEON, W. (1996), p.62. Mais également : PIAT J.-L. (2004) :
Sainte-Colombe : Eglise, dans : Bilan scientifique de la Région Aquitaine de 2003, Direction Régionale des
Affaires Culturelles Aquitaine, Service Régional de l’Archéologie, Bordeaux, p.68.
19
PIAT, J.-L. (2004) : Sainte-Colombe : Eglise, dans : Bilan scientifique de la Région Aquitaine de 2003,
Direction Régionale des Affaires Culturelles Aquitaine, Service Régional de l’Archéologie, Bordeaux, p.68.
20
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.150-155. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1994 (Les Eglisottes), p.58 et 2000 (Les Peintures), p.56 et 2007
(Coutras), p.88.
21
Voir SION, H. (1994), p.150-151. Mais aussi BARRAUD, D. (1983), p.203-216.
22
SION, H. (1994), p.151, 155.
8
de César » à été trouvée à Coutras. C’est également dans cette commune que J.-E. Fellonneau
a signalé les vestiges d’une nécropole avec des sépultures en coffrage de tuiles. D. Barraud a
fouillé une fosse funéraire du IIe ou IIIe siècle après J.-C 23. Notons par ailleurs, la présence de
plusieurs voies antiques sur le canton, notamment à Coutras, aux Peintures et à Chamadelle
(Cf. Annexe 1, carte n°5, p.129). Enfin, de nombreux dragages de l’Isle ont été effectués,
notamment par M. Sabourdy (Cf. Annexe 2, photos n°1 et 2, p.137), J.-E. Fellonneau et M.
Serventie. Ces derniers ont pu mettre au jour des tessons, des amphores, des fragments de
cruche à bec trifolié, des monnaies, et un peson de tisserand 24.
Canton de Fronsac 25 :
De nombreuses découvertes ont été faites dans ce canton ; quelques éléments épars
ont été trouvés, comme des éléments de tegulae, des céramiques ou encore des monnaies dans
la quasi totalité des communes (Cf. Annexe 1, carte n°6, p.129). C’est le cas de Cadillac-enFronsadais 26 (n°55) au lieu-dit château de Branda
ou encore à Galgon 27 (n°51). Nous
pouvons noter la présence d’une agglomération secondaire dans la commune de Fronsac :
l’église Saint-Martin semble être édifiée sur les ruines d’une villa gallo-romaine,
probablement en lien avec une nécropole mérovingienne. Plusieurs éléments de remploi ainsi
que du mobilier antique ont été observés dans les murs de l’église et aux alentours. Cette
commune a également accueilli une autre villa au lieu-dit Bouildé constituée de trois salles
dont les murs étaient couverts d’enduits peints 28. Nous pouvons noter un cas similaire dans le
canton de Fronsac : La Lande-de-Fronsac (n°49). L’église romane semble également
construite sur les ruines d’une villa gallo-romaine réutilisée pour l’emplacement d’une
nécropole à l’époque mérovingienne 29. Par ailleurs, dans la commune de La Rivière (n°60), la
23
Id. (1994).
21
Id. (1994), p.151, 154 et 155.
25
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.163-167. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1998 (La-Lande-de-Fronsac), p.67 et 2005 (Saint-Romain-LaVirvée), p.99 et 2006 (Villegouge), p.97-98.
26
SION, H. (1994), p.163.
27
Id., (1994), p.164.
28
Id., (1994), p.163-164.
29
Id., (1994), p.165. Voir aussi WOZNY, L. (2007), p. 99.
9
démolition du mur nord de l’église Notre-Dame a révélé la construction de cette dernière sur
les ruines d’un édifice thermal romain 30. A Vérac (n°50), le château de Pommiers pourrait
également avoir été implanté sur une villa romaine. Un nombre important de monnaies y a été
trouvé. Plusieurs autres villae ont été signalées comme à Saint-Aignan (n°61) au lieu-dit
Pigouilh et Tonnelles, ou encore à Saint-Germain-la-Rivière (n°59) près du château Rouet où
a été signalé par C. Jullian, un sanctuaire dédié aux sources 31, mais aussi à Saint-Romain-laVirvée (n°56) au lieu-dit Mondete dont les fondations de murs en gros appareil ont été
décelées 32. Des pratiques funéraires sont attestées : une urne funéraire contenant les restes
d’un individu immature a été découverte en 1982 au lieu-dit Bouildé à Fronsac 33 ; sur le site
de Vérac, précédemment présenté, des ouvriers ont découvert au XVIIIe siècle, selon le curé
de Vérac : « une suite de tombeaux creusés dans le rocher (…) contenant des glaives rongés
de rouille, des fragments de javeline, des vases de plusieurs formes et des ossements
pulvérisés » 34. Enfin, à Saint-Romain-la-Virvée (n°59) dans l’église et dans le cimetière, 85
tombeaux de pierre ont été signalés entre 1755 et 1758 par le curé Dupré. Il notait que l’un
d’entre eux avait une forme « de four bâti de brique » et contenait une urne funéraire. En
1954, plusieurs monnaies romaines ont été trouvées aux alentours et sous les murs de la
sacristie ainsi que trois sarcophages dont le mobilier était romain 35. Nous pouvons noter la
présence d’une voie antique partant de Fronsac à Galgon en passant par Saillans (n°52) (Cf.
Annexe 1, carte n°6, p.129).
30
Id., (1994), p.165.
31
Id., (1994), p.166.
32
Id., (1994), p.166-167.
33
Id., (1994), p.164.
34
Id., (1994), p.167.
35
Id., (1994), p.166.
10
Canton de Guîtres 36 :
Ce canton présente une faible représentativité archéologique et sa répartition n’est pas
homogène (Cf. Annexe 1, carte n°7, p.130). Néanmoins, l’ancienneté de l’occupation dans les
communes de Guîtres (n°69) et de Saint-Denis-de-Pile (n°76) est clairement attestée par des
découvertes gallo-romaines. En effet, plusieurs gisements de cette période y sont attestés par
la présence de tegulae, de céramiques et monnaies diverses (des voies antiques ont également
été observées dans ces communes ainsi qu’à Sablons n°75). De nombreux sarcophages
contenant des lacrymatoires antiques ont été signalés à Guîtres 37. Au lieu-dit La Mothe, une
villa a été fouillée et les différents éléments de la pars urbana localisés. Un édifice thermal a
également été retrouvé près de la villa dont l’alimentation en eau était assurée par un aqueduc
retrouvé à l’est de la route de Guîtres. Enfin, notons la présence d’un établissement agricole
gallo-romain à bassin quadrangulaire installé sur la rive droite de la Dronne au lieu-dit
Feneteau à Lagorce 38 (n°68).
Canton de Libourne 39 :
Le canton de Libourne a fait l’objet de nombreuses découvertes archéologiques (Cf.
Annexe 1, carte n°8, p.130). Tout comme les cantons précédents, des signalements de tegulae,
imbrices, briques, céramiques, monnaies diverses ont été effectués. Néanmoins, trois
communes se démarquent. Il s’agit des communes de Vayres (n°83), de Libourne (n°81) et de
Saint-Emilion (n°79). Libourne accueille une agglomération secondaire sur le site de Condat
(Condatis oppidum d’Ausone), occupée depuis l’âge du Fer, et dont le vicus est actif au HautEmpire 40. Des quartiers artisanaux ont été observés et de très nombreux fours ont pu être
étudiés dans cette commune et à Vayres (n°83). Cette dernière est aujourd’hui reconnue
36
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994) : Carte archéologique de la
Gaule : La Gironde, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Conseil Général de la Gironde, Bordeaux,
p.169-171. Mais aussi des Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1995 (Guîtres), p.58 et (Sablons-deGuîtres), p.60, 1996 (Guîtres), p.63.
37
SION, H. (1994), p.171.
38
Id., (1994), p.228, voir aussi GAUTHIER, M. (1983), p.456.
39
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.189-217. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1993 (Vayres), p.67, (Izon), p.50, de 1994 (Vayres), p.62, de 1997
(Libourne), p.51, de 2001 (Arveyres), p.56 et de 2005 (Libourne), p.88-89.
40
SION, H. (1994), p.190.
11
comme étant un important centre de production de céramiques gallo-romaines 41 laissant
présumer la présence d’une agglomération secondaire 42. Des villae ont également été mises au
jour, dans les communes de Libourne (n°81), de Vayres (n°83) au lieu-dit Videau, de SaintSulpice-de-Faleyrens (n°86), mais c’est la commune de Saint-Emilion (n°79) qui a livré les
vestiges les plus remarquables. En effet, de nombreuses villae ont été localisées, notamment
au lieu-dit Le Palat, dans la propriété viticole La Gaffetière ; 17 salles de la pars urbana ont
été dégagées révélant des parements et tapis de mosaïques au décor somptueux 43. En ce qui
concerne les pratiques funéraires, de nombreuses nécropoles à incinération ont été décelées,
des urnes cinéraires, ainsi que des sépultures en amphores et coffrages de tegulae sont
attestées à Izon 44 (n°84), Libourne 45 (n°81), Saint-Emilion (n°79) et Vayres (n°83). Notons la
possible présence d’un site portuaire dans cette dernière commune, au lieu-dit MaisonRouge 46. Enfin, des tronçons de voies antiques y ont été retrouvés ainsi qu’à Arveyres (n°82)
et Saint-Emilion (n°79).
Canton de Lussac 47 :
Peu de découvertes sont attestées dans ce canton (Cf. Annexe 1, carte n°9, p.131). En
effet, la répartition des vestiges est hétérogène. Nous pouvons noter la présence de villae dont
le mobilier ne diffère pas de celui des cantons précédents (tegulae, imbrices, briques,
monnaies, céramiques, mosaïques etc.), notamment à Lussac (n°91) au lieu-dit Barat ; le site
d’une de ces villae a par la suite, été réutilisé en nécropole 48. Peuvent être également
mentionnées les communes de Saint-Cibard (n°96) et Saint-Christophe-des-Bardes (n°99). La
commune de Montagne (n°94) se démarque nettement par ses nombreuses villae dont celle de
Petit-Corbin ayant livré du mobilier en nombre important et de qualité, comme des statues,
41
SIREIX, Ch. (1995), p.62.
42
SIREIX, Ch. (1994), p.67.
43
SION, H. (1994), p.197-206. Voir aussi BOUTOULLE, Fr., D. BARRAUD, D. et alii (2011), p.32-34.
44
BERTRAND-DESBRUNAIS, J.-B. (1994), p.50.
45
MARTIN, Ch. (2007), p.88-89.
46
SION, H. (1994), p.216.
47
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.218-226.
48
Id., (1994), p.218-219.
12
des reliefs, ou encore des figurines en bronze. En ce qui concerne les pratiques funéraires, il
semblerait que Montagne (n°94) ait abrité une nécropole antique 49. Enfin, nous pouvons citer
la découverte de plusieurs cuillers antiques (de Pompeianus) dans la commune de Puisseguin
(n°95 à Monbadon) 50.
Canton de Pujols 51 :
Tout comme dans les précédents cantons, des villae ont été trouvées (Cf. Annexe 1,
carte n°10, p.131). C’est le cas des communes de Bossugan (n°110) au lieu-dit Bruignac, de
Saint-Jean-de-Blaignac (n°108, bourg), de Saint-Pey-de-Castets (n°104) aux lieux-dits
Marchandon et Verneuil, mais aussi de Pessac-sur-Dordogne (n°100) dans les jardins du
château de Vidasse. La commune de Civrac-de-Dordogne (n°105), signalé par S. Faravel en
1982, a également révélé une villa gallo-romaine. Celle de Doulezon (n°112) près de l’église
Notre-Dame, a été réutilisée en nécropole dès le VIe siècle après J.-C 52. Enfin, Ch. Sireix vers
1960, au lieu-dit Peyrat, Sainte-Florence (n°106), a prospecté une villa. Cette dernière a livré
de nombreux moellons, éléments de substructions, tegulae, et céramiques. En ce qui concerne
les pratiques funéraires, comme nous pouvons le constater sur la carte (Cf. Annexe 1, carte
n°10, p.131), plusieurs sépultures antiques, notamment à tegulae, ont pu être repérées, nous
pouvons citer le cas de Saint-Jean-de-Blaignac (n°108) au lieu-dit Lieutenant 53.
Canton de Sainte-Foy-la-Grande 54 :
L’occupation antique est clairement attestée dans le canton de Sainte-Foy-la-Grande
(Cf. Annexe 1, carte n°11, p.132). En effet, de nombreux gisements gallo-romains ont été
signalés dans presque toutes les communes et principalement dans celles de Sant-André-et49
50
Id., (1994), p.223.
Id., (1994), p.219.
51
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.250-262.
52
Id., (1994), p.250.
53
Id., (1994), p.258.
54
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.280-286. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1998 (Ligueux), p.51-52, et 2005 (Pineuilh), p.95.
13
Appelles (n°122) et de Pineuilh (n°118). Des éléments de toiture ont été retrouvés, tegulae et
imbrices, des monnaies, quelques pesons de tisserand (comme à Eynesse n°123), de
nombreuses céramiques (notamment sigillée et amphores). Une inscription du Ier siècle après
J.-C. a été découverte à Saint-Avit-de-Soulège 55 (n°124). Plusieurs silos ont été observés,
certains contenaient des sépultures antiques, c’est le cas de la commune de Pineuilh (n°118).
Des incinérations sont signalées dans les communes des Lèves-et-Thoumeyragues (n°127), ou
encore de Saint-André-et-Appelles (n°122). Des sépultures en coffrage de tegulae sont
également présentes à Ligueux (n°120), mais aussi à Pineuilh (n°118) ainsi qu’à Eynesse
(n°123). Par ailleurs, cette dernière, dont l’occupation se situe de la fin du IIe siècle, au milieu
du Ier siècle avant J.-C., puis à l’époque gallo-romaine, a été attribuée à un « port de rivière, où
l’on déchargeait les amphores vinaires importées d’Italie » 56. Enfin, une villa a été signalée
dans la commune des Lèves-et-Thoumeyragues (n°127) 57.
Cette étude sur l’occupation du sol dans l’arrondissement du libournais au cours de
l’époque gallo-romaine a permis de mettre en évidence les nombreuses découvertes effectuées
sur le territoire. La carte de répartition des vestiges archéologiques (Cf. Annexe 1, carte n°12,
p.132) semble révéler une occupation dense, proche des points d’eau, caractérisée par de
grandes demeures (villae) occupées jusqu’à la fin de l’Antiquité. Des agglomérations
secondaires sont signalées dans les cantons de Coutras, Fronsac, Libourne et des tronçons de
voie, probablement secondaires, y ont été observés ainsi qu’à Guîtres. Nous pouvons noter
que certains cantons sont plus densément occupés que d’autres. C’est le cas de Sainte-Foy-laGrande, Libourne et Castillon-la-Bataille. Peut-être est-ce simplement dû au développement
de l’avancé de la recherche dans ces régions ?
I. 1. C. Occupation du sol libournais au haut Moyen Age
Afin de ne pas alourdir la présente étude, nous avons fait le choix de nous intéresser
aux découvertes concernant uniquement le haut Moyen Age (VIe-Xe siècles après J.-C.)
jusqu’à la mise en place des grandes seigneuries avec le signalement des trois grandes
55
SION, H. (1994), p.286.
56
Id., (1994), p.281.
57
Id., (1994), p.282.
14
fondations de monastère du XIe siècle, puisque le site de Saint-Jean de Coutras dépendra de
l’abbaye de Guîtres.
Canton de Branne 58 :
A notre connaissance, la plupart des vestiges rencontrés dans le canton de Branne
concerne le domaine funéraire (Cf. Annexe 1, carte n°3, p.128). La commune de SaintGermain-du-Puch (n°1) a révélé la présence d’une nécropole mérovingienne en continuité
avec le site d’un habitat de la fin de l’Antiquité (IVe-Ve siècle après J.-C.) 59. Signalons que le
site de Grézillac (n°10) présente également un phénomène de réoccupation car le site d’une
villa gallo-romaine, près de l’église, a été réutilisé en nécropole médiévale probablement des
XIIIe-XIVe siècle de notre ère 60. De plus, au lieu-dit Bouchette, des sarcophages ont été
étudiés et ont révélé un mobilier mérovingien constitué entre autres, de plaques-boucles des
VIIe-VIIIe siècles, d’une plaque dorsale, de garnitures de harnais et d’une fibule ansée de la
même période 61. D’autres sites témoignent d’une occupation tardive de sites antiques. C’est le
cas des communes de Camiac-et-Saint-Denis (n°5) à Darnac 62, de Daignac (n°11) au lieu-dit
La Crusquignarde, des sépultures mérovingiennes ont été retrouvées près d’une villa galloromaine, tout comme la commune de Guillac 63 (n°13). Près de l’église de Saint-Aubin-deBranne (n°17) a été révélée la présence de vestiges mérovingiens avec un sarcophage de type
aquitain, mais aussi des sépultures à encoche céphalique probablement postérieures au XIIIe
siècle 64. Nous pouvons noter la découverte de sarcophages trapézoïdaux mérovingiens dans
les communes de Nérigean (n°2) au lieu-dit Croix de Spelette et de Saint-Quentin-de-Baron
58
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.116-121. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1993 (Saint-Aubin-de-Branne), p.55 et 1995 (Grézillac), p.57 et
(Saint-Aubin-de-Branne), p.60-61, 1997 (Jugazan), p.42-43, 1998 (Camiac-et-Saint-Denis), p.64-65 (Génissac),
p.65-66 et 1999 (Camiac-et-Saint-Denis), p.48, 2002 (Saint-Quentin-de-Baron), p.85-86, 2005 (Saint-Quentinde-Baron), p.98, 2006 (Saint-Quentin-de-Baron), p.92, 2008 (Camiac-et-Saint-Denis), p.75 et (Saint-Germaindu-Puch), p.89-90.
59
SION, H. (1994), p.119. Voir aussi ROUDIER, M. (2010), p.89-90.
60
Id., (1994), p.117. Voir aussi PIAT, J.-L. (1996), p.57.
61
SION, H. (1994), p.117.
62
GANGLOFF, N. (2000), p.48.
63
SION, H. (1994), p.117.
64
BONNISSENT, D. (1994), p.55. Voir aussi MARTIN, H. (1996), p.60-61.
15
(n°4) dans le cimetière paroissial 65. Enfin, ajoutons la présence d’un souterrain du haut
Moyen Age à Labrie (Jugazan n°19) 66.
Canton de Castillon-la-Bataille 67 :
Comme nous pouvons le constater sur la carte (Cf. Annexe 1, carte n°4, p.128), peu de
découvertes du haut Moyen Age ont été faites. Nous pouvons signaler la présence de trois
sarcophages associés à une agrafe de ceinturon trouvés en 1928 dans le cimetière de la
commune de Saint-Magne-de-Castillon 68 (n°28). A Saint-Pey-d’Armens (n°30), à l’est du
chevet de l’église paroissiale, des fragments de sarcophages à couvercle en bâtière et des
tegulae laissent supposer l’existence d’une nécropole mérovingienne 69. Enfin, nous pouvons
ajouter les nombreuses découvertes réalisées dans la commune de Sainte-Colombe (n°26). En
effet, à l’est de l’église paroissiale, sur le site d’une villa gallo-romaine établie sur un site de
l’âge du fer, du mobilier mérovingien composé d’épingles en bronze et d’un vase, a été
retrouvé. De plus, dans le même secteur au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, R.
Coste a découvert et étudié des sépultures orientées. Parmi elles, trois sarcophages monolithes
trapézoïdaux, d’adultes et d’enfants, présentant parfois du mobilier, dont deux scramasaxes,
un couteau, deux plaques-boucles et un ardillon 70 ont pu être étudiés. Ces découvertes
témoignent d’une occupation mérovingienne sur le site et donc d’un phénomène de
réoccupation de sites antiques.
65
SION, H. (1994), p.121.
66
ROUSSEAU, S. (1998), p.42-43.
67
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.144-149. Mais aussi du
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1995 (Sainte-Colombe), p.62.
68
SION, H. (1994), p.146.
69
Id., (1994), p.147.
70
Id., (1994), p.148-149. Voir aussi MIGEON, W. (1996), p.62.
16
Canton de Coutras 71 :
C’est dans la commune de Coutras (n°41) qu’ont été découverts des sarcophages
mérovingiens dans la rue Saint-Jean. Ces derniers ont fait l’objet d’une fouille de sauvetage
en 1981 par messieurs D. Barraud et B. Chieze 72. Par ailleurs, nous pouvons noter que l’église
Saint-Jean-Baptiste, accolée à la rue Saint-Jean est signalée dès le XIe siècle. Une notice de la
Chronique de Guîtres – texte réalisé à la fin du Moyen Age rédigé par un auteur anonyme 73 –
nous informe qu’elle était la propriété du seigneur de Coutras, Etienne de Mont, vassal du
Vicomte de Fronsac. Celui-ci avait offert à des religieux cette église lors de la consécration de
l’abbatiale de Guîtres qui aurait eu lieu entre 1010 et 1023 après J.-C 74. C’est au cours de cet
évènement que l’église Saint-Jean-Baptiste serait devenue un prieuré. Une bulle du pape
Alexandre III, datant de 1171, confirme cette donation 75. Des éléments architecturaux romans
datant des XIe-XIIe siècles subsistent aujourd’hui : il s’agit du chœur, du chevet et du clocher
carré. Au XVe siècle, deux collatéraux ont été ajoutés à la nef. Une inscription sur le clocher
indique sa démolition en 1575 (sa reconstruction date du début du XVIIe siècle). Il semblerait
que les dalles de l’église renferment les entrailles du duc de Joyeuse mort au cours de la
bataille de Coutras, livrée en 1587 76. Un plan de l’église de 1666 subsiste aujourd’hui (Cf.
Annexe 1, plan 3, p.136). Il serait intéressant de reprendre intégralement l’étude du bâti de
l’église Saint-Jean Baptise ainsi que de ses sources.
La commune des Eglisottes (n°35) a révélé sous le chevet de son église, de nombreux
vestiges datant de l’âge du Fer, mais aussi de l’époque gallo-romaine et médiévale (Cf.
Annexe 1, carte n°5, p.129). Elle présente une homogénéité des vestiges dans certains
secteurs qui laisse supposer une occupation relativement importante notamment à cette
dernière période 77.
71
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.150-155. Mais aussi du
Bilan scientifique de la Région Aquitaine de 1994 (Les Eglisottes), p.58.
72
Cette découverte étant au cœur de notre sujet, nous n’allons pas la détailler dans la présente partie. Voir infra,
p.23-32.
73
BOUTOULLE, Fr. (2007), p.33.
74
DEBAX, H. (2008), p.105.
75
BEZKOROWAJNY, Ph. (1996), p.6.
76
SOULE, G. (1956), p. 216.
77
RIME, M. (1995), p.58.
17
Enfin, signalons qu’un dragage réalisé par M. Sabourdy dans les années 1980 a été
réalisé dans la rivière de l’Isle (Cf. Annexe 2, photos n°1 et 2, p.137). De très nombreux
vestiges mérovingiens ont pu être mis au jour (scramasaxes, francisques) 78.
Canton de Fronsac 79 :
Le canton de Fronsac a révélé la présence d’une occupation mérovingienne (Cf. Annexe 1,
carte n°6, p.129). Dans la commune de Fronsac (n°63), nous l’avons évoqué dans le précédent
chapitre, nous savons que l’église Saint-Martin est installée sur une nécropole mérovingienne
ayant réoccupé le site d’une villa gallo-romaine 80. Ce phénomène se répète dans la commune
de La Lande-de-Fronsac (n°49) car des indices révèlent que l’église romane a également été
construite sur les ruines d’une villa gallo-romaine, réoccupée par une nécropole du haut
Moyen Age (présence d’une fibule et de sarcophages datables du VIIe siècle après J.-C.) 81. Du
mobilier mérovingien a été ramassé lors de prospections dans les années 1940 dans la
commune de Saint-Aignan (n°61) à proximité du site de la villa des Moulins 82. Signalons la
découverte de deux sarcophages mérovingiens, un dans la commune de Saint-Germain-laRivière (n°59) renfermant des fragments métalliques ainsi qu’un peigne en os et celui de la
commune de Saint-Michel-de-Fronsac (n°62) qui contenait une bague mérovingienne. 83
Enfin, nous pouvons mentionner qu’une opération de diagnostic a été réalisée dans le centre
bourg près de l’église de la commune de Villegouge (n°53). Neuf sépultures sans contenant
visible, orientées est-ouest, ont pu être étudiées correspondant à l’ancien cimetière entourant
l’église médiévale. Le mobilier archéologique mis au jour dans la terre de comblement des
sépultures date ces dernières entre les Xe et XIVe siècles après J.-C 84.
78
SION, H. (1994), p.155.
79
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.163-167. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1998 (La-Lande-de-Fronsac), p.67 et 2006 (Villegouge), p.97-98.
80
SION, H. (1994), p.163.
81
Id., (1994), p.165, voir également SUNDER, Fr. (1999), p.67.
82
Id., (1994), p.165.
83
Id., (1994), p.166.
84
Voir les articles : PONS-METOIS, A. (2008), p.97. Mais aussi SAUVAITRE, N. (2008), p.98.
18
Canton de Guîtres 85 :
A notre connaissance, aucune découverte mérovingienne n’a été faite dans le canton
de Guîtres (Cf. Annexe 1, carte n°7, p.130). Cependant, son abbaye bénédictine a des origines
anciennes. Nous savons qu’elle faisait partie, avec celles de Faize (de Lussac) et de la Sauve
Majeure (commune de La Sauve, canton de Créon), des trois grandes abbayes dont les
paroisses du canton de Coutras dépendaient 86. Une mention est faite, nous l’avons vu, dans la
Chronique de Guîtres qui daterait la consécration de son abbatiale entre 1010 et 1023 après J.C 87, Nous savons aussi qu’en 1079, Ermengarde de Guîtres a fait un don à saint Gérard (dit
aussi Gérald) le fondateur de l’abbaye La Sauve-Majeure 88. De plus, des sources mentionnent
que le premier abbé de l’abbaye de Guîtres était Guillaume I 89. D’après la Gallia Christiana,
celui-ci aurait réalisé une transaction en 1108 avec l’abbé de La Sauve-Majeure 90. La
construction de cette abbaye a probablement été faite au cours du XIe siècle.
Canton de Libourne 91 :
Ce canton a fait l’objet de nombreuses fouilles et diagnostics (Cf. Annexe 1, carte n°8,
p.130). Le haut Moyen Age est représenté dans la commune de Saint-Emilion (n°79). Dès la
fin du XIXe siècle, plusieurs découvertes ont été faites, notamment près de la chapelle SaintGeorges : des sépultures à coffrages datant du haut Moyen Age ont été mises au jour 92, des
sarcophages à cuves trapézoïdales et couvercles en bâtière ont été mentionnés dans le bourg
de la commune à proximité de l’église collégiale, ils contenaient du mobilier métallique (épée
85
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.169-171. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1995 (Guîtres), p.58 et (Sablons-de-Guîtres), p.60, 1996 (Guîtres),
p.63.
86
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.79.
87
DEBAX, H. (2008), p.105.
88
Id., (1986), p.79.
89
Id., (1986), p.79.
90
BERNADAU, P. (1797), p.258.
91
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.189-217. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 1993 (Izon), p.50, de 1997 (Libourne), p.51, de 2001 (Arveyres),
p.56 et de 2005 (Libourne), p.88-89.
92
SION, H. (1994), p.207.
19
et son fourreau, un bout de lance et un javelot, des éléments de bouclier dont un umbo, mais
aussi du verre, et un grand vase en terre) 93. Toutefois, il semblerait que cette mention soit à
écarter, il s’agirait d’une extrapolation faite par les auteurs H. Sion et I. Marysse d’après une
découverte rapportée par A. Augier en 1988 94. En 1904, E. Corbineau aurait vu dans un
champ la présence d’un sarcophage, ainsi que plusieurs tombes creusées dans le roc. Le
mobilier rencontré semble être mérovingien (nous pouvons citer entre autre, une pointe de
lance en fer et deux vases datés de cette période) 95. Fr. Boutoulle, dans son ouvrage de
synthèse Fabrique d’une ville médiévale, Saint-Emilion au Moyen Age, nous livre de
précieuses informations sur l’occupation du sol de cette commune depuis la Préhistoire.
L’auteur pense que la plupart des cimetières paroissiaux sont « les héritiers des nécropoles du
haut Moyen Age » 96. La présence de labours intensifs dans cette zone expliquerait la faible
représentativité des vestiges d’habitat. 97
En 1995, dans la commune de Libourne (n°81), une nécropole du haut Moyen Age a
été découverte rue J.-J. Rousseau. Plusieurs sépultures en sarcophages, à coffrage de tegulae,
ainsi que des sépultures sans contenant visible ont pu être observées. 98 Une autre nécropole
mérovingienne a été observée rue J. Simon. De nombreux sarcophages de différents types ont
également pu être étudiés (sarcophages trapézoïdaux en bâtière ou coffrages de tegulae). 99 Par
ailleurs, des traces d’agglomération médiévale ont été perçues dans le centre ville 100. La
commune de Saint-Sulpice-de-Faleyrens (n°86) a livré, vers la fin du XIXe siècle, au hameau
de Pierrefitte, des sépultures en coffre de tegulae et en bâtière attribuées à l’époque
carolingienne ; le mobilier contenait deux clefs en fer 101. Les vestiges d’une nécropole
93
Id., (1994), p.196.
94
BOUTOULLE, Fr., D. BARRAUD et alii (2011), p.34.
95
SION, H. (1994), p.197.
96
BOUTOULLE, Fr., D. BARRAUD et alii (2011), p.34.
97
Id. (2011), p.34. Nous devons signaler que c’est à partir du Moyen Age que sont construites les églises
actuelles qui font la prééminence de Saint-Emilion.
98
99
SION, H. (1994), p.193-194.
Id., (1994), p.194-195.
100
MARTIN, Ch. (2007), p.88-89. Voir aussi : REGALDO-SAINT BLANCARD, P. (2007), p.90.
101
SION, H. (1994) : Carte archéologique de la Gaule : La Gironde, Académie des Inscriptions et BellesLettres, Conseil Général de la Gironde, Bordeaux, p.207.
20
mérovingienne et d’un édifice antérieur à l’époque romane (probablement contemporain de la
nécropole) ont été signalés en 1989, autour de l’église Saint-Sulpice ; le mobilier rencontré
était composé entre autres, de fibules ansées, d’agrafes à double crochet, et d’un peigne en os.
Cette nécropole est réutilisée à l’époque médiévale 102. Notons que la commune de Vayres
(n°83) a livré des sarcophages mérovingiens sur le site de l’église Notre-Dame 103.
Canton de Lussac 104 :
Le canton de Lussac a livré, à notre connaissance, très peu de vestige du haut Moyen
Age (Cf. Annexe 1, carte n°9, p.131). Nous pouvons citer la commune de Puisseguin (n°95).
En effet, une nécropole mérovingienne, constituée de sarcophages trapézoïdaux, y a été
signalée entre 1934 et 1969, au lieu-dit Sainte-Clair ; parmi le mobilier rencontré, nous
pouvons noter la présence d’un scramasaxe et d’un peigne en os 105. Nous pouvons ajouter la
présence de quelques tessons de céramique mérovingienne rencontrés dans les déblais de
Lussac (n°91) au lieu-dit le Cros 106. Enfin, rappelons l’importance de l’abbaye cistercienne de
Faize, construite au XIIe siècle, dans la commune des Artigues-de-Lussac (n°92), qui, comme
celles de Guîtres et de La Sauve possédaient plusieurs paroisses dont celle de l’église SaintJean-Baptiste de Coutras 107.
Canton de Pujols 108 :
La commune de Bossugan (n°110) a livré des vestiges mérovingiens (Cf. Annexe 1,
carte n°10, p.131). En effet, les murs de la nef de l’église ont remployé des éléments de cuves
102
SION, H. (1994), p.207-208. Voir aussi BOUTOULLE, Fr., D. BARRAUD et alii (2011), p.34-36 et p.40.
103
Id., (1994), p.208.
104
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.218-226. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 2000 (Saint-Sauveur-de-Puynormand), p.59-60, et 2001
(Puisseguin), p.73.
105
SION, H. (1994), p.223-224.
106
Id., (1994), p.218.
107
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.79.
108
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.250-262. Mais aussi le
Bilan scientifique de la Région Aquitaine de 1998 (Saint-Pey-de-Castets), p.73.
21
de sarcophages trapézoïdaux 109. En 1933, des sarcophages mérovingiens ont été découverts
dans le cimetière de l’église paroissiale de Pessac-sur-Dordogne (n°100) ; une plaque-boucle
en argent à motif d’entrelacs datable du VIIe siècle y a été trouvée 110. La commune de SaintJean-de-Blaignac (n°108) a livré de nombreux sarcophages de la même période, au lieu-dit
Pinard, qui semblent avoir été placés sur un site d’habitat antique 111 ; une boucle de ceinturon
identifiée alors de « type wisigothique » y a été trouvée. D’autres sépultures mérovingiennes
en sarcophages trapézoïdaux ont été détectées, près d’un édifice paléochrétien des VIe-VIIe
siècles après J.-C., par C. Sireix, S. Faravel et F. Barrois en 1986 devant le portail de l’église
Saint-Vincent 112. La commune de Doulezon, près de l’église Notre-Dame, a abrité une
nécropole du VIe siècle après J.-C., sur l’emplacement d’une villa gallo-romaine 113. Enfin
notons la découverte d’une cabane datée des IXe-Xe siècles au lieu-dit La Pionne à Saint-Peyde-Castets, en 1983 par C. Sireix. Cette cabane a réemployé des éléments gallo-romains
(tegulae) 114.
Canton de Sainte-Foy-la-Grande 115 :
A notre connaissance, très peu de vestiges du haut Moyen Age ont été retrouvés (Cf.
Annexe 1, carte n°11, p.132). Des sarcophages d’époque mérovingienne ont été signalés à
maintes reprises dans la première moitié du XXe siècle dans la commune d’Eynesse (n°123) :
dans le bourg, dans le cimetière de l’église Saint-Pierre, dans la propriété Ladoux, au lieu-dit
Cournol, dans les gravières de Picon et au lieu-dit Les Reigniers. Parmi le mobilier mis au
jour nous pouvons citer la présence de boucles de ceinture, de céramiques ou encore
d’agrafes 116. Enfin, des céramiques mérovingiennes ainsi qu’une plaque-boucle en bronze
109
SION, H. (1994), p.250.
110
Id., (1994), p.257.
111
Id., (1994), p.258.
112
Id., (1994), p.259.
113
Id., (1994), p.250.
114
Id., (1994), p.259.
115
Les informations contenues dans ce paragraphe proviennent de SION, H. (1994), p.280-286. Mais aussi des
Bilans scientifiques de la Région Aquitaine de 2005 (Pineuilh), p.95.
116
SION, H. (1994), p.280-282.
22
figurée ont été signalées dans les années 1960 au lieu-dit Croix de Pineuilh dans la commune
du même nom.
En conclusion de cette étude sur l’occupation du sol au cours du haut Moyen Age,
plusieurs points peuvent être soulignés. La transition vers le haut Moyen Age est difficilement
perceptible. Très peu de vestiges d’habitat ont été rencontrés (Cf. Annexe 1, carte n°12,
p.132). Une domination est clairement attestée pour les espaces funéraires souvent en lien
avec les sites gallo-romains, mais la continuité de l’occupation reste mal établie. C’est un
sujet d’étude peu abordé. Il serait intéressant de reprendre toutes les données et d’étudier ce
phénomène de superposition entre habitat antique et espace funéraire du Moyen Age. L’étude
de la proximité des églises paroissiales actuelles sur l’espace funéraire du haut Moyen Age est
également à envisager, afin de déterminer la durée du hiatus d’occupation.
I. 2. Une découverte inattendue à Coutras : la nécropole mérovingienne 117
I. 2. A. Présentation historique de Coutras et déroulement de la
fouille
Coutras, chef-lieu de canton de la Gironde, se situe à 50 km au nord-est de Bordeaux.
Son paysage, à la limite de la forêt de la Double, est traversé par deux rivières : l’Isle et la
Dronne, partageant ainsi son territoire actuel en trois secteurs, Coutrillon, guîtraud et la rive
gauche de l’Isle (Cf. Annexe 1, cartes n°13 et 14, p.133). Les populations néolithiques et
romaines semblent apprécier cette position de véritable carrefour géographique que crée ce
confluent 118. En effet, nous savons que dès le troisième millénaire, Abzac (commune dans le
canton de Coutras, située sur l’Isle) a accueilli des hommes dans sa région, où culture
céréalière et élevage y étaient pratiqués. Dès l’âge du Fer, des habitats se forment, notamment
à Abzac (Le Pétreau 119), Coutras (au lieu dit Le Camp de César) et Maransin (Le Camp
117
Les informations contenues dans cette partie sont pour la plupart, issues de l’ouvrage : BARRAUD, D., A.
JAMBON (1986) mais également et principalement du rapport de fouille B. CHIEZE, D. BARRAUD (1982).
118
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.67.
119
GAUTHIER, M. (1983), p. 449.
23
Romain) 120. La mention de Coutras dans la Table de Peutinger (copie du XIIIe dont l’original
serait postérieur au IVe siècle ?) au nom Corterate 121 (fig.3 voir Corterate au point bleu)
d’après l’itinéraire Bordeaux (Burdigala) / Périgueux (Vesunna), souligne le rôle non
négligeable d’étape routière de cette agglomération durant l’empire romain.
Figure 3: Copie de la Table de Peutinger, Pars II (Segmentorum II, III) de Conraldi Millieri 1887-1888.
Cette mention à l’époque romaine se traduit archéologiquement par maintes
découvertes 122 au cours du XIXe siècle, notamment par l’historien J.-E. Fellonneau 123, mais
aussi plus tard, par le groupe archéologique de la région.
En ce qui concerne la période du haut Moyen Age dans le canton de Coutras, nous l’avons
mentionné, de nombreuses armes mérovingiennes ont été draguées de l’Isle (entre SaintMédard de Guizières et Abzac) et constituaient la riche collection du collectionneur coutrillon
120
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.15.
121
Une reproduction de la Table de Peutinger datant du XVIIIe siècle peut être consultée à l’adresse de ce site :
http://www.hs-augsburg.de/~harsch/Chronologia/Lspost03/Tabula/tab_pe00.html Pars II (Segmentorum I, II).
122
Notamment un bâtiment thermal, des habitats, un four de potier, une nécropole à incinération (cf.
BARRAUD, D., A. JAMBON 1986, p.73). Pour le site gallo-romain de Feneteau à Lagorce cf. GAUTHIER, M.
(1983), p.456, où ont été découverts les vestiges d’un établissement agricole.
123
FELLONNEAU, J.-E. (1878).
24
Mr. Sabourdy (aujourd’hui décédé, sa collection est désormais au près de sa femme), (Cf.
Annexe 2, photos n°1 et 2, p.137).
Au cours du mois de mars 1981, ont lieu des travaux d’assainissement dans la rue
Saint-Jean à Coutras, révélant ainsi la présence d’un sarcophage en pierre dont la technique de
fabrication, cuve monolithe de forme trapézoïdale à couvercle en bâtière à quatre pans, nous
informe qu’il s’agit d’un sarcophage de l’époque mérovingienne (ce type de sarcophage n’est
pas antérieur au VIe siècle).
On fait alors appel aux « enfants du pays » : Dany Barraud et Bernard Chieze, encore
étudiants, mais extrêmement passionnés par l’histoire de leur canton. En effet, ces derniers
étaient déjà membres de l’association du Groupe de Recherches Archéologique et Historiques
de Coutras (G.R.A.H.C.) de la ville, créé en 1977, et y participaient très activement,
notamment en tant que membre fondateur de l’association (en effet, D. Barraud en était le
vice-président). La Direction Régionale des Antiquités Historiques d’Aquitaine autorise
ensuite une fouille de sauvetage.
Après réunion entre les différents partis (chercheurs, membres de la D.D.E, de
l’entreprise chargée des travaux, de l’ingénieur du chantier, et de la municipalité de Coutras),
ils pouvaient procéder à la fouille dans les meilleures conditions possibles. Il fallait ensuite
mettre en place un système de surveillance constante en semaine sur le chantier. La première
phase de surveillance du site a lieu au début du mois de mai (les dates exactes nous sont
inconnues) et est assurée par Bernard Chieze.
Dans la seconde phase, du 4 au 28 mai, intervient Danny Barraud. C’est au cours de
cette deuxième phase que sont repérés une vingtaine de sarcophages (Cf. Annexe 1, plan 1,
p.134). Malgré les problèmes de pression qu’a occasionnée cette fouille de sauvetage, qui se
déroulait en plein centre ville, treize d’entre eux, qui suivaient le tracé des canalisations,
purent être étudiés selon les normes requises en archéologie. Chaque sarcophage a été fouillé
sur une demi-journée, leur contenu faisait l’objet d’un travail de fouille fine. Des relevés et
des photographies ont également été réalisés. L’entreprise travaillant du lundi au vendredi, la
fouille et l’étude étaient donc exclues pendant le week-end. L’étude anthropologique était
assurée par le professeur R. Riquet du Laboratoire d’Anthropologie de Bordeaux II (dont le
rapport complet n’a jamais abouti). Les cuves ont ensuite été détruites ou récupérées selon
25
l’état. Deux sarcophages sont actuellement observables dans la nef de l’église Saint-JeanBaptiste de Coutras.
I. 2. B. Les découvertes rues E. Combes, Gambetta, Brossolette et sur
le parvis de l’église 124
Le déroulement de la fouille s’est fait selon plusieurs phases. Tout d’abord, une
première phase a lieu de la rue E. Combes (depuis le vieux pont) jusqu’à la rue Gambetta
(fig.4). La surveillance du chantier s’est déroulée normalement mais les travaux n’ont touché
aucune couche ou structure archéologiquement intéressante.
Figure 4: Carte de Coutras représentant les cinq phases de la fouille de sauvetage.
124
Rappelons que les informations concernant cette partie sont toutes issues du rapport de fouille CHIEZE, B.,
D. BARRAUD (1982).
26
Une deuxième phase se déroule ensuite, rue Gambetta depuis la rue E. Combes
jusqu’à la rue Saint Jean (fig.4). C’est au cours de cette phase qu’apparait une couche noire
épaisse qui s’est avérée être le niveau contenant des sépultures en grand nombre. Cela
confirmait les soupçons que l’équipe avait déjà, quant à la présence, sur le tracé des travaux
d’assainissement, d’une vaste nécropole. Aucune sépulture gallo-romaine n’a pu être mise en
évidence, mais des cuves mérovingiennes, des tombes en coffre ainsi que des sépultures sans
contenant visible ont été reconnues et relevées. Seule la fouille d’un unique sarcophage a pu
être réalisée à cause du caractère pressant et indigné de l’entreprise (du moins de ses cadres)
et de celui des riverains (presque exclusivement des commerçants) mécontents de voir
l’avancée des travaux stagner. Les chercheurs ont donc été contraints de détruire des
sarcophages partiellement broyés pour en garder un afin de l’étudier. Plusieurs modes
d’inhumation ont été observées : des sépultures en sarcophages (monolithes à couvercle en
bâtière à quatre pans), mais aussi en coffres de dalles sans fond aménagé ; enfin des sépultures
sans contenant visible. L’unique sarcophage qui a été étudié ne comportait aucun mobilier, le
corps était allongé sur le dos, orienté ouest-est, les mains étaient jointes sur le pubis. Sa cuve
était de facture grossière et de finition moins soignée que les autres. Elle était remplie de terre
(à la différence des autres sépultures). Celles-ci auraient été plus intéressantes à fouiller car
elles étaient vides de terre et semblaient inviolées. Les chercheurs ont relevé des traces
éparses de sépultures, sans contenant visible, qu’ils n’ont pu fouiller, étant donnée la nature
des travaux (pelle mécanique) et la vitesse imposée par les délais octroyés pour l’intervention.
Une troisième phase a lieu sur le parvis de l’église Saint-Jean-Baptiste (entre la rue
Saint-Jean et le carrefour, route de Guîtres) (fig.4). La couche noire repérée dans la précédente
phase se poursuit et contient de très nombreux débris de sarcophages et d’ossements épars.
Les chercheurs ont noté un bouleversement de la couche. De plus, toutes les sépultures ont été
détruites et dans la terre remuée par la pelle automotrice, une hache polie a pu être ramassée.
La pose de multiples canalisations (dont une du XIXe siècle appareillée en blocs calcaires) a
ainsi détruit de nombreuses sépultures.
La quatrième phase concerne la rue Brossolette (entre la rue Valmy et le carrefour,
route de Guîtres) (fig.4.) Une coupe de 75 mètres (comptée à partir du regard installé au
carrefour des rues Valmy et Pierre Brossolette) a été réalisée sur l’ensemble du tracé, c’est la
portion la plus méridionale de cette campagne de pose de canalisation (Cf. Annexe 1, plan 1,
p.134). Les chercheurs ont noté la présence d’une couche, très riche en cendre, épaisse d’une
cinquantaine de centimètres et s’étendant sur dix mètres. Elle apparaissait à trente centimètres
27
sous le goudron, dont elle était séparée par une couche de remblais. Le profil d’une fosse,
large de cinq mètres et d’une profondeur d’un mètre cinquante, a ensuite été relevé. Celle-ci,
perturbée par le passage d’une conduite d’eau, contenait une sépulture sans contenant visible
associée à quelques fragments de calcaire provenant de sarcophages brisés. Cinquante mètres
plus loin, la couche noire réapparaît. Cependant, dans la couche de remblai qui la sépare du
macadam, se trouve une abondance particulière de moellons calcaires sur une quinzaine de
mètres d’étendue. Les seules sépultures en coffrages de cette zone sont dans la couche noire à
69 mètres du regard sud. Il s’agit de deux coffres brisés ainsi que des fragments d’un
troisième dont les couvercles étaient eux aussi composites (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). Les
responsables de la fouille supposent que d’autres sarcophages les avoisinaient 125. Le relevé
des corps fut délicat car une canalisation passait à une trentaine de centimètres au-dessus. Ces
derniers reposaient sur l’argile, à moins d’un mètre soixante-dix du sol actuel. Aucun mobilier
n’a été trouvé dans la couche (C2), à part quelques petits fragments non identifiables de
céramiques et de tuiles. A soixante-quinze mètres, cette tranchée rejoint celle de la phase 3
(fig.4). Cette coupe permet de mieux appréhender les limites (notamment la limite sud) de
cette nécropole.
I. 2. C. Les découvertes de la rue Saint-Jean 126
La rue Saint-Jean, longeant le côté nord de l’église Saint-Jean-Baptiste, est l’une des
plus vieilles rue de Coutras (fig.4). La mairie avait décidé d’y faire poser le tout-à-l’égout. Les
travaux se déroulèrent donc dans le sens ouest-est, sur une largeur d’un mètre. Le premier
sarcophage 1 apparaît rapidement sous la pelle mécanique (dont le conducteur qui signalait
spontanément toute résistance suspecte, a été d’une aide précieuse). Ainsi, aidés par le
personnel de l’entreprise et les employés municipaux, les deux chercheurs ont pu reconnaître
une vingtaine de sarcophages répartis sur une longueur de vingt-cinq mètres (entre le premier
et le cinquième pilier nord de l’église). La tranchée n’avait qu’un mètre de largeur et les
élargissements ont été réalisés (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134) à l’initiative ou avec l’accord de
125
L’orientation de l’ensemble était exclusivement ouest-est.
126
Cette cinquième et dernière phase fait l’objet d’une sous partie à part entière car elle retient dans cette étude,
toute notre attention. En effet, c’est dans cette rue qu’a été retrouvé le mobilier que nous avons à étudier. Les
informations sont également issues de : CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982) et BARRAUD, D., A. JAMBON
(1986).
28
la municipalité, maître d’œuvre des travaux. Ils ont pu ainsi reconnaître et fouiller plus
aisément et surtout raisonner sur un nombre plus important de sépultures. Treize des
sarcophages ont été étudiés. Nous savons, grâce au rapport de fouille de 1982 et à la
publication de D. Barraud de 1986, que les sarcophages 1, 2, 3, 5, 6, 7, et 15 ont été fouillés,
en revanche, nous ignorons quels sont les six autres ayant bénéficiés d’une étude car nous ne
connaissons pas le tracé exact des canalisations.
Le sarcophage 1 contenait un individu allongé sur le dos, les mains jointes sur la
poitrine. La présence d’un troisième fémur (Cf. Annexe 2, photos n°3, 4 et 5, p.138-139)
révèle une réoccupation du sarcophage, comme c’est le cas pour 90% des sarcophages
fouillés. La sépulture du sarcophage 2 était en mauvais état de conservation, les membres
supérieurs étaient étendus le long du corps. Le sarcophage comportait deux éléments de
mobilier : une épingle en alliage de cuivre 127 ainsi qu’une boucle probablement en fer
(aujourd’hui disparus ?).
Le sarcophage 3, quant à lui, a livré une quantité importante de mobilier 128. Le défunt
était allongé sur le dos, les membres supérieurs également le long du corps. Le couvercle
reposait encore sur le sarcophage mais de nombreuses infiltrations de terre ont pu être
observées. Il est possible que ce sarcophage ait abrité un nouveau-né.
Nous savons que le sarcophage 5 comporte une encoche céphalique (Cf. Annexe 2,
photo n°6, p.140) ; selon les chercheurs, cette sépulture est tardive. Le sarcophage 6, quant à
lui, dont le couvercle était encore parfaitement scellé sur la cuve, contenait les restes
décomposés d’un défunt, ainsi que de nombreux objets dont des éléments de parure en or (Cf.
Annexe 2, photos n°7 et 8, p.140-141).
Le sarcophage 7, dont l’alignement recoupait celui du sarcophage 6, a été perturbé ; il
possède un couvercle anciennement brisé. Malheureusement, il avait été ouvert lors de la pose
du trottoir et seuls une tête d’épingle ornée d’une perle bleue et des restes de fil d’or ont pu
être récupérés (Cf. Annexe 2, photos n°8 et 9, p.141). Les études relatives au site de Coutras,
ne mentionnent aucune information concernant l’inhumé.
127
Les objets ont été restaurés par B. Derion (Musée d’Aquitaine). Néanmoins, il semble qu’aucune analyse
poussée n’ait été réalisée sur l’ensemble du mobilier.
128
Cf. infra, p.90-94.
29
Enfin, le sarcophage 15 marque la limite est des sépultures, et le début d’une couche
très épaisse (inférieur à deux mètres) de terre très noire, sans trace de mobilier ou de
sépulture. Il semblerait que cette très grande dépression, occupée par l’épaisse couche noire,
corresponde à un remaniement total de la zone du cimetière, organisé tout autour du chevet de
l’église Saint-Jean-Baptiste (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). La limite était très nette. La cuve
renfermait les restes de deux corps. Le plus récent n’occupait que les deux tiers de la largeur.
Les fouilleurs ont noté la présence de briques, de pierres à l’intérieur de la cuve, nous pensons
qu’il pourrait s’agir de calages placés dans la cuve qui aurait été réaménagée. Dans cette
tombe, un mobilier relativement important a été retrouvé, notamment des éléments de
jarretière, un scramasaxe et une plaque-boucle de ceinture en bronze étamé (Cf. Annexe 2,
photos n°25 à 32, p.149-152).
I. 2. D. Les conclusions de la fouille
La nécropole mérovingienne de Coutras a révélé un nombre très important de
sépultures remaniées ou détruites, des inhumations sans contenants visibles, en coffrage de
pierres ou en sarcophages. Cependant, des sarcophages à fleur de terre, intacts, ont également
été mis au jour. Les chercheurs ont repéré plusieurs remaniements : en effet, de nombreuses
manipulations d’ossements ont été constatées sans pour autant être véritablement étudiées.
Des réductions, avec déplacement partiel des os du premier inhumé, sont observées, comme
des superpositions de corps. De plus, la durée d’utilisation de la nécropole jusqu’aux temps
contemporains a entrainé la destruction des sépultures anciennes, au fur et à mesure du
creusement successif des nouvelles. Les travaux de voirie, d’équipement, ont, en tous sens,
gravement endommagé le sous-sol : câbles PTT ou électriques, égouts, canalisations d’eau ou
de gaz. En effet, B. Chieze et D. Barraud, ont pu constater d’importantes altérations de
couvercles dues à la pose de rebords de trottoir qui les ont parfois rabotés. Certaines portions
de trottoir reposaient directement sur le couvercle (Cf. Annexe 2, photo n°10, p.142). Les
chercheurs s’interrogent : comment expliquer l’étonnant contraste entre les sépultures
détruites et celles conservées ? Ils envisagent alors la proximité de l’église ou l’édification de
bâtiments annexes, légers, sans fondations qui les auraient ainsi protégés des injures du temps.
Par ailleurs, il semble aussi que la rue Saint-Jean ait été une des plus anciennes rues de
Coutras, ce qui, au moins dans cette zone, aurait pu empêcher le creusement de nouvelles
sépultures à des époques plus tardives.
30
Mise à part le sarcophage 5 (Cf. Annexe 2, photo n°6, p.140), ceux de la rue SaintJean étaient tous de forme trapézoïdale, légèrement dissymétriques. Les fouilleurs ont observé
les calcaires des sarcophages et par analogie à ceux présents dans l’ancien centre de la pierre à
Bordeaux, ils en ont déduit que les sarcophages était taillés dans du calcaire jaune que nous
pouvons rapprocher au type de Lussac, ou dans un calcaire plus blanc, dont la provenance
pourrait être attribuée au type Charentais (le trajet minimum pour les calcaires de la région de
Lussac est d’une dizaine de kilomètres), néanmoins aucune étude du calcaire n’a
véritablement été réalisée. Leur dimension extérieure moyenne était de deux mètres de long
sur soixante-dix centimètres à la tête et de quarante centimètres aux pieds pour une épaisseur
de parois variant entre sept et onze centimètres. Les couvercles, quant à eux, sont à quatre
pans en bâtière, sans décor 129. La sépulture composite n°5 était constituée de dalles calcaires
posées de chant dont la plus épaisse comportait une encoche céphalique. Le sarcophage
fouillé rue Gambetta était de type différent, plutôt rectangulaire que trapézoïdal, plus large à
la tête (92 centimètres) qu’aux pieds (70 centimètres).
Les sépultures sont globalement orientées ouest-est (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). Si
tous les corps reposent sur le dos, les positions des bras sont variées. Certains des ossements
étaient en très mauvais état de conservation, parfois même réduits à l’état de poussière d’os,
c’est le cas du sarcophage 6 (Cf. Annexe 2, photo n°8, p.141). Les restes osseux trouvés ont
été étudiés par le professeur R. Riquet du Laboratoire d’Anthropologie de Bordeaux, dont le
rapport complet n’a jamais abouti. Les chercheurs ont noté la possible présence de femmes
dans les tombes S6, S7 et S3, cependant, cette diagnose sexuelle ne repose que sur une
extrapolation comparative du mobilier présent dans ces sarcophages.
Des dents apparemment présentes dans la tombe S6 ont été étudiées par un dentiste : il
semblerait que l’individu soit âgé d’une vingtaine d’années. La présence d’enfants sur le site
est assurée, pour la sépulture 3. Nous ignorons cependant, s’il s’agissait d’une inhumation
postérieure ou simultanée à celle de l’individu adulte.
La fouille des treize sarcophages a révélé une durée d’utilisation de la nécropole qui
semble avoir été relativement continue du VIe au XIIIe/XIVe siècle (la sépulture la plus
tardive étant attribuée au sarcophage 5 de la rue Saint-Jean pour sa forme particulière à
encoche céphalique). Néanmoins, sur les treize sarcophages étudiés, seuls 5 d’entres-eux ont
129
Mis à part un fragment isolé découvert rue P. Brossolette présentant un décor en arête de poisson.
31
livré du mobilier funéraire, assurant ainsi leur appartenance à l’époque mérovingienne, pour
les autres la période exacte reste incertaine.
En ce qui concerne l’étendue de la nécropole, nous savons que dès le XIXe siècle, une
grande partie de cette dernière a été détruite avec les travaux de destruction du vieux marché
pour en faire l’actuel square Berger (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). De plus, de nombreux
riverains ont déclaré avoir creusé dans leur cave et découvert des ossements dans une terre
noire. D’autres, dans leur jardin, ont trouvé des sarcophages et s’en servent d’abreuvoirs, ou
encore de jardinière. Cela a permis aux deux chercheurs coutrillons d’établir une estimation
des limites de la nécropole du haut Moyen Age (Cf. Annexe 1, plan 2, p.135). Cependant, le
caractère restreint du site et la fouille de treize sarcophages ne sont qu’une faible
représentativité de ce que pouvait être en réalité l’ensemble de la nécropole 130.
II. LE MOBILIER FUNERAIRE : APPROCHE
TYPOCHRONOLOGIQUE DES OBJETS
II. 1. Historiographie du mobilier funéraire mérovingien
Avant de procéder à l’analyse du mobilier de Coutras, nous retraçons l’historiographie
de l’étude des objets mérovingiens au cours des siècles. En effet, l’intérêt pour le mobilier
archéologique a depuis longtemps suscité un vif intérêt et ce dès le XVIe siècle. Cependant,
les découvertes majeures du XVIIe siècle ont véritablement lancé le point de départ des études
en archéologie funéraire mérovingienne ainsi qu’une nouvelle approche face à l’objet qui
devient un véritable « trésor » et dont les attributions à la période mérovingienne restent
souvent maladroites. Le XIXe siècle marque un développement en archéologie avec la monté
du nationalisme et la quête d’identification des premiers chrétiens par les hommes d’Eglise.
Les découvertes de sites se multiplient et les chercheurs mettent en place un tout nouveau
130
A la suite de cette découverte, Dany Barraud, ainsi qu’une équipe composée à ses débuts des
membres du G.R.A.H.C., d’étudiants puis peu après, d’historiens et d’autres chercheurs (notamment B. Chieze,
A. Jambon, J.-P. Lhomme, etc.) ont eu l’idée, dès février 1982, de réaliser une enquête auprès des habitants du
canton afin de restituer l’histoire de son terroir, de son passé local, dans le but d’établir une base de données
historique, archéologique, sociologique et ethnologique. Cette étude prend la forme d’un questionnaire intitulé
« Retrouvez votre histoire », de 57 questions ouvertes ou à choix multiples, effectué sur quatorze communes soit
19 278 habitants. Le résultat était positif avec 711 réponses (dont 296 anonymes), et a ainsi permis de créer une
collection d’ouvrages annuels sur différents thèmes. Des dessins de certains mobiliers rencontrés, ont également
été réalisés (cf. BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.37-51).
32
système de datation relative avec la mise au point du terminus post quem des monnaies
présentes dans les sépultures, permettant ainsi de dater le mobilier funéraire. Néanmoins, les
objets ne sont étudiés que pour eux-mêmes sans relation avec la tombe. C’est au cours des
XXe-XXIe siècles que de nouvelles sciences voient le jour et permettent des datations
absolues et une étude plus approfondie des squelettes. Des typologies, issues des recherches
des siècles précédents, aboutissent à une périodisation des objets mérovingiens, ces derniers
étant à présent étudiés et intégrés à l’ensemble de la sépulture.
II. 1. A. Vers un premier tâtonnement archéologique : XVIe-XVIIIe :
siècles des antiquaires
Avant d’introduire le siècle des antiquaires, nous insistons sur le fait que l’intérêt pour
les vestiges du passé est né bien avant le XVIe siècle. En effet, jusqu’au XIIe siècle,
l’Antiquité gréco-romaine évoque toujours chez les hommes un certain prestige. Durant le
Moyen Âge, la volonté de neutraliser les traces du paganisme engendre des destructions de
monuments anciens mais aussi de nombreux remplois des vestiges antiques. Au cours de la
Renaissance, apparaît pour la première fois l’intérêt pour les vestiges du passé en tant qu’objet
d’étude. On se concentre alors sur l’Italie pour retrouver les magnificences de l’esthétique
antique.
A partir du XVIe siècle, des « antiquaires », ces groupes d’hommes éclairés,
passionnés d’histoire du passé, effectuent de nombreuses recherches toujours axées sur
l’Antiquité dans les limites de l’ancienne Gaule 131 ; les études concernant l’époque médiévale
et principalement la période mérovingienne n’étant pas encore bien perçues. Nous pouvons
citer le britannique W. Camden (1551-1623) et son Britannia de 1586 en latin. Il décrit région
par région, toutes les traces du passé antique et utilise pour la première fois la toponymie pour
distinguer les origines latines. Nous devons également mentionner les travaux du scandinave
O. Worm (1588-1654) qui a collecté et déchiffré les caractères runiques. Il crée en 1655 le
Museum Wormianum, cabinet de curiosité ; il est le premier à plaider pour des antiquités
nationales et à faire une classification systématique par catégorie. Enfin, nous attirons le
lecteur sur la découverte majeure de ce XVIIe siècle en matière d’archéologie médiévale : la
découverte fortuite par un ouvrier le 27 mai 1653, à Tournai en Belgique, de la sépulture de
131
PERIN, P. (1980), p.3.
33
Childéric Ier, père de Clovis, roi des Francs dont la particularité extraordinaire pour l’époque,
est d’être précisément datée grâce au mobilier retrouvé, notamment l’anneau sigillaire en or
portant la marque : CHILDERICI REGIS. En effet, ce personnage historique est mainte fois
cité par le chroniqueur Grégoire de Tours (vers 539-594) dans ses Histoiriae 132, qui datent la
mort de Childéric Ier aux alentours de 481 après Jésus-Christ. L’étude de ce mobilier fut
placée sous la direction du médecin Jean-Jacques Chifflet 133. Ce dernier publia alors en 1655
à Anvers son Anastasis Childérici I Francorum regis, ouvrage clé annonçant ainsi le point de
départ des études d’archéologie mérovingienne. Nous pouvons également noter qu’il s’agit
d’un premier ouvrage scientifique car on y trouve de nombreuses planches, accompagnées
d’une description minutieuse du mobilier. A cette découverte majeure, nous ajoutons celle de
Saint-Germain-des-Prés où a été trouvée la sépulture de Childéric II 134. Effectivement, c’est
en 1656, à la suite de travaux réalisés dans le chœur de l’église Saint-Germain-des-Prés
qu’ont été découverts de nombreux sarcophages renfermant les sépultures de personnages
illustres dont les plus connus sont Childebert Ier, fils de Clovis et Childéric II. Un dessin d’une
applique en argent est fait un siècle plus tard par Bernard de Montfaucon (1655-1741), moine
bénédictin, ayant suivi les travaux de Chifflet, datée par la mort de Childéric II en 673.
Malgré ces deux jalons chronologiquement en place, de nombreux « antiquaires » de l’époque
attribuent encore le mobilier mérovingien qu’ils découvrent à du mobilier d’époques
antérieures notamment B. de Montfaucon, qui attribue deux garnitures de ceinture
mérovingiennes à des éléments de coiffure féminine de l’époque gauloise, ou encore le comte
de Caylus (1692-1765), dans son Recueil d’Antiquités égyptiennes, grecques, étrusques,
romaines et gauloises de 1752 à 1764 qui attribue à du mobilier de la période qui nous
concerne, des datations romaines 135.
Nous pouvons noter l’esprit critique du chanoine Bocquillot (1649-1728) dans l’étude
des sarcophages mérovingiens de Quarré-les-Tombes (Yonne), bien qu’il soit gêné par
132
GREGOIRE DE TOURS : Historiae francorum libri decem (Histoire des Francs) éd. Belles Lettres,
trad.: R. Latouche (1963). Grégoire de Tours écrit ses Dix livres d’histoire ou Histoire des Francs à partir de 572
et ce jusqu’à sa mort en 594.
133
L’archiduc Léopold-Guillaume, gouverneur des Pays-Bas espagnols, après avoir reçu le « trésor » de la
sépulture de Childéric Ier, en confie l’étude à son médecin personnel Jean-Jacques Chifflet.
134
Fils de Clovis II.
135
PERIN, P. (1980), p.10-12.
34
l’absence de comparaison qui l’empêche ainsi d’en définir une typologie 136. Enfin, nous
terminons cette présentation des auteurs majeurs du XVIIIe siècle par l’apport non négligeable
en matière d’ébauche chronologique, de J.-J. Oberlin, précurseur de l’archéologie
mérovingienne. En effet, il est le premier à utiliser les découvertes de Tournai et de SaintGermain-des-Prés dans le cadre de ses recherches et à ainsi fournir une datation exacte du
mobilier d’une sépulture de Verdun découverte en 1740 137.
II. 1. B. XIXe siècle : essor de l’archéologie
Le XIXe siècle marque un tournant décisif dans le développement de l’archéologie. De
nouveaux idéaux voient le jour, avec, notamment le nationalisme (dû aux défaites dans les
conflits territoriaux) mais aussi avec l’évolution de nombreux courants de pensées, et la
naissance d’institutions. Tout cela favorise un nouvel engouement : celui de la recherche des
origines des peuples. A cela, nous ajoutons l’entrée sur la scène archéologique, d’une
nouvelle figure, celle de l’homme d’Eglise, notamment des clercs et abbés, ces érudits, qui
ont révolutionné la recherche, dans leur quête d’identification des premiers chrétiens. En ce
qui concerne l’Aquitaine au cours de cette période, quelques études apparaissent, on assiste au
développement de véritables recherches archéologiques et à la création en 1873, de la Société
Archéologique de Bordeaux 138.
Nous introduisons cette partie par C.-J. Thomsen (1788-1865) et son Ledetraad til
Nordisk Oldkyndighed (Guide des Antiquités Scandinaves) de 1836. Il invente le concept de
typologie et est le premier à faire de la pluridisciplinarité dans ses recherches, en faisant
intervenir de la géologie et de la biologie. Par la suite, les découvertes mérovingiennes sont
alors révélées, notamment grâce à l’émergence des études médiévales en France. En effet, en
1830, est crée le poste d’Inspecteur général des Monuments Historiques (en 1834 Prosper
Mérimée est nommé inspecteur). En 1837 est crée la commission supérieure des Monuments
Historiques. Cependant, en ce début de XIXe siècle, il s’agit plus d’une archéologie des
châteaux et abbayes ou d’une histoire de l’art monumentale qu’une véritable archéologie en
tant que telle. J.-L. de Beaulieu, dans ses travaux sur les sépultures mises au jour à
136
DELAHAYE, G.-R. (1984), p.13-15.
137
PERIN, P. (1980), p.13.
138
MAURY, M. (2007), p.12.
35
Savonnière-lès-Toul 139 (Meurthe-et-Moselle), attribue ces vestiges aux Germains et tente en
vain de les dater en utilisant des sources historiques.
Le rôle d’Arcisse de Caumont (1801-1873) en archéologie funéraire mérovingienne,
thème qu’il professait à Caen 140, est non négligeable. Il se sert également d’une fine
comparaison avec le mobilier de Childéric Ier découvert à Tournai et l’intègre dans ses
recherches pour ainsi permettre la reconnaissance du mobilier mérovingien (néanmoins sans
réel approfondissement). De plus, il est le premier à développer le concept de terminus post
quem en utilisant la frappe d’une monnaie retrouvée dans une des sépultures.
D’autres études majeures à l’étranger voient le jour. Notamment en Suisse, avec la
découverte des tombeaux de Bel-Air (Chéseaux-sur-Lausanne) dont Fr. Pilloy en publie les
travaux en 1841 141 ; pour la première fois, on a accès à un plan d’ensemble de la nécropole
avec numérotation de chaque tombe. En Allemagne, de nombreux chercheurs travaillent sur la
question des datations de site, notamment les frères Lindenschmit qui apportent le dernier
grand jalon chronologique de ce siècle. En effet, leurs fouilles de la nécropole de Selzen
(Rheinhessen) de 1844 à 1846 permirent d’approfondir la question de la chronologie et des
origines ethniques qui s’avèrent exactes par l’utilisation du terminus post quem des monnaies
retrouvées. Les bases chronologiques sont ainsi jetées et ne font que se développer au cours
des décennies suivantes.
Dans cette seconde moitié du XIXe siècle, on assiste au développement des premières
fouilles archéologiques d’envergure (principalement dans le nord et l’est de la France, nous y
reviendrons) et à l’instauration de lois qui les encadrent ; des ouvrages de synthèse se
multiplient. L’émergence du sentiment d’identité national émerge des idéaux de la Révolution
française notamment avec les conflits territoriaux entre la France et l’Allemagne en 1870 pour
l’acquisition de l’Alsace et la Lorraine mais aussi par la compétition des nations colonisatrices
sur l’Afrique et l’Asie. La protection du patrimoine se développe, et l’archéologie devient de
plus en plus instrumentalisée, permettant ainsi de fonder cette identité nationale (création du
Musée des Antiquités Nationale en 1862 au château de Saint-Germain-en-Laye). C’est dans
ce climat nationaliste que née la recherche des origines, et la question de la « race ». En effet
139
DE BEAULIEU, J.-L. (1838).
140
DE CAUMONT, A. (1830-1841) : Cours d’Antiquités monumentales, Paris.
141
TROYON, Fr. (1841).
36
bon nombre de chercheurs de cette deuxième moitié du XIXe et du XXe siècle tentent
d’identifier les origines ethniques de la population inhumée des cimetières mérovingiens. S’en
suivent alors de multiples tentatives d’attribution plus extravagantes les-unes que les-autres
utilisant les théories « des craniologues et des phréniologues » 142 de l’époque.
La défaite de la France en 1870 face à l’Allemagne, et le développement du fort
sentiment national génèrent également une volonté de stigmatiser les origines germaniques ;
pendant longtemps, on considère les populations issues de cette période des « Grandes
Invasions » comme de vulgaires barbares sanguinaires, les français se donnant ainsi une
origine romaine.
C’est à partir des années 1850 que naissent les premières classifications de mobilier.
Cependant, ces objets ne sont étudiés que pour eux-mêmes sans réelle relation avec le défunt,
ni appréhendés dans leur globalité. Les dessins ne sont que purement artistique et nullement
scientifique, le plus souvent les échelles étant absentes.
La notion d’ « inhumation habillée » ou de « costume » se développe peu à peu. Il
s’agit pour les chercheurs de discuter du fait que les tombes présentent de nombreux objets,
(notamment des éléments du « costume ») dans les sépultures du VIe au VIIIe siècle de notre
ère. Cette théorie, est celle qui voit dans la présence du mobilier du défunt, un trait
caractéristique de ce qu’il devait porter de son vivant.
La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par des auteurs majeurs dans l’histoire
de l’archéologie mérovingienne nous en citons trois : Th. Vacquer, l’abbé Cochet et C.
Barrière-Flavy. En effet Théodore Vacquer, conducteur des travaux d’urbanisme de Paris
depuis 1846, puis directeur de chantier de fouilles l’année suivante, a contribué à la
découverte de nombreux sites en région parisienne de 1846 à 1898 143. Il nous a légué de
nombreux relevés, photographies et descriptions non négligeables.
Les nombreuses recherches de l’ecclésiastique J.-B.-D. Cochet (abbé) représentent un
jalon dans l’archéologie mérovingienne de ce XIXe siècle. Ses trois ouvrages principaux 144
livrent une illustration abondante, ainsi que de nombreux documents rassemblés et
142
FLAVIGNY, L. (1984), p.33-34.
143
VELAY, Ph. (1989), p.35.
144
ABBE COCHET : La Normandie souterraine (1855) ; Sépultures gauloises, romaines, franques et normandes
(1856) et Le tombeau de Childéric Ier (1859)
37
commentaires personnels. Enfin C. Barrière-Flavy recense le mobilier funéraire provenant du
sud-ouest de la France dans son Etude sur les sépultures barbares du Sud-Ouest de la France
publié en 1893 145. Il s’agit d’une grande première car toutes les recherches effectuées
jusqu’alors n’étaient portées que sur le nord et l’est de la France. Cette étude a permis,
notamment, d’observer du mobilier présent en Aquitaine et malheureusement disparu.
II. 1. C. Des débuts du XXe siècle aux années 1960 : développement de
nouvelles sciences, élaboration d’une typologie
Le XXe siècle est marqué par plusieurs nouveautés : tout d’abord l’institutionnalisation
en tant que courant de pensée, du diffusionnisme, qui consiste à rechercher les changements
culturels systématiquement ailleurs que dans les sociétés elles-mêmes. C’est un processus de
diffusion culturelle depuis des sociétés plus ou moins avancées, sous forme de migrations de
personnes ou de diffusion, d’objets, de techniques ou d’idées. Puis, a lieu la mise en place du
concept de « culture » en ethnologie et en archéologie développé principalement par Gordon
Childe en 1925. On observe également l’apparition de sciences nouvelles, notamment en
termes de datation ou de reconnaissance archéologique et d’une volonté d’interdisciplinarité
des différentes sciences. C’est également au cours du second quart du XXe siècle, que
l’archéologie médiévale s’impose en tant que discipline à part entière et est enseignée à
l’université. Nous présentons à présent quelques auteurs clés de ce début de XXe siècle.
C. Barrière-Flavy dans son ouvrage Les arts industriels des peuples barbares de la
Gaule du Ve au VIIIe siècle, Etudes Archéologique, Historique et Géographique 146 publié en
1901, présente l’historiographie et l’actualité de la recherche de son temps, étudie les
différents modes d’inhumation de ces « barbares » puis décrit tout le mobilier. L’étude de
l’inhumation habillée est alors utilisée pour différencier les groupes ethniques à savoir les
Wisigoths, les Burgondes, les Alamans et en dernier lieu les Francs. L’auteur manifeste
clairement son dédain envers ce dernier peuple contrairement aux Wisigoths et Burgondes
dont il fait l’apologie : « […] mais ce que je considère comme une erreur, c’est vouloir
assimiler les produits et l’industrie wisigothique, burgonde, ceux-là homogènes, à ceux des
Francs qu’un abîme sépare des autres, c’est attribuer aux Francs un tempérament artistique
145
BARRIERE-FLAVY, C. (1893).
146
BARRIERE-FLAVY, C. (1901).
38
qu’ils ne pouvaient avoir et qui d’ailleurs ne correspond en rien de précis, puisqu’il ne
s’applique qu’à une collectivité et non à une individualité » ou encore « contrairement à ce
que j’ai constaté chez les Wisigoths et chez les Burgondes, je ne vois pas, à proprement
parler, un art national franc » 147. L’auteur étudie également les plaques-boucles du sud-ouest.
Il décèle bien le caractère homogène de l’ensemble du mobilier, néanmoins, il les attribue à
du mobilier wisigothique.
Une brève mention à Nils Aberg peut-être faite. Il est le premier à identifier le type
aquitain des plaques-boucles dans The Orient and the Occident in the art of the seventh
century publié à Stockholm en 1947, qui constitue une « première étude systématique du
groupe avec une ébauche de typologie suivi d’un catalogue » 148.
Dans les régions du nord de la France et en Allemagne, les recherches se développent
dans cette quête des origines et permettent la mise au jour de nombreuses nécropoles. Les
allemands développent alors une avancé majeur en terme de typochronologie. En effet, en
1935, J. Werner, dans son Münzdatierte austrasische Grabfunde, est le premier à mettre en
place, de façon rigoureuse et systématique, une chronologie du mobilier funéraire basée sur la
méthode des témoins monétaires 149. G. Thiry, dans son ouvrage paru en 1939 fournit une
typologie des fibules aviformes et H. Kühn, celle des fibules ansées dissymétriques de
Rhénanie en 1940 150. Les deux auteurs établissent leurs diffusions au monde mérovingien.
L’acteur principal de cette avancée typochronologique reste K. Böhner, qui, en 1958,
révolutionne le genre en réalisant une classification des antiquités funéraires mérovingiennes
de la région de Trèves (Allemagne) dans son ouvrage Die fränkischen Altertümer des Trierer
Landes. Il recense également toutes les sépultures renfermant un mobilier funéraire
typologiquement classé et réalise ainsi une classification chronologique relative. Enfin, il
associe à ces travaux, le recensement de l’ensemble des sépultures renfermant une ou
plusieurs monnaies dont on connait le terminus post quem. Il établit ainsi cinq niveaux
chronologiques allant de la fin de l’époque romaine au VIIIe siècle après J.-C. 151
147
Id., (1901), p.466-467.
148
LERENTER, S. (1987), p.9.
149
WERNER, J. (1935) dans PERIN, P. (1980), p.53.
150
THIRY, G. (1939) et KUHN, H. (1940) dans Id. (1980), p.53-56
151
BÖHNER K. (1958) dans PERIN, P. (1980), p.63-71.
39
Parallèlement, on observe un développement des datations absolues à partir des années
1950-1960, notamment de l’archéométrie, grâce à la découverte en 1950 par W.-F. Libby
(Université de Chicago) de la datation par le carbone 14 152 qui a permis de mieux fixer
chronologiquement l’histoire de l’homme de la Préhistoire à nos jours. Cette découverte a
ouvert la voie à de nouvelles techniques de datation ainsi qu’aux méthodes d’analyses
physico-chimiques permettant la caractérisation des objets 153 (dont le but est de définir les
propriétés des matériaux qu’ils contiennent).
Dans cette perspective, une mention toute particulière doit être accordée à E. Salin
pour ses quatre tomes sur La civilisation Mérovingienne d’après les sépultures, les textes et le
laboratoire publiés entre 1950 et 1960 qui constituent une véritable référence en archéologie
mérovingienne. Bien que certains aspects soient aujourd’hui dépassés, cela reste une œuvre
très avant-gardiste car il associe des études en laboratoire à ses recherches. Dans son premier
volume, les idées et les faits, nous retrouvons cette idéologie du « barbare » sanguinaire :
« […] Mais est-il possible de parler de civilisation à propos d’un temps qui vit les Barbares se
ruer sur le vieil édifice gréco-romain et mettre en péril de mort les valeurs humaines les plus
précieuses qui s’y étaient lentement accumulées ? […] » 154. E. Salin réalise ensuite dans son
deuxième volume intitulé les sépultures une sorte de typologie du type de pratique funéraire
de
l’époque
mérovingienne.
Puis,
il
effectue
ensuite
un
formidable
travail
d’interdisciplinarité, le premier du genre, en intégrant à son étude, les techniques, tout un
panel du travail de laboratoire et de restauration issu des nouvelles avancées en archéométrie.
Le quatrième et dernier volume de cette série concerne les croyances et traite des différents
types de rites présents à l’époque mérovingienne. Nous observons également, que l’étude des
origines du peuplement, à travers diverses influences, est au cœur de ses recherches tout au
long de ses études. Ces influences semblent être assez floues pour l’auteur mais il semblerait
qu’il y en ait remontant à l’époque gallo-romaine (voir même à la Préhistoire). Il note
également des influences venues des steppes et des Germains. Une réciprocité d’influences
opérée entre « barbares » et « autochtones » est également établie par l’auteur. Bien que ses
œuvres soient avant-gardistes, nous pouvons néanmoins, lui reprocher de ne jamais se référer
152
Il s’agit d’une méthode de datation basée sur la mesure de l’activité radiologique du carbone 14, présent dans
les matières organiques et dont on souhaite connaître la datation absolue, dite aussi calendaire
153
Notamment le Microscope Electronique à Balayage (M.E.B.), le Microscope Electronique à Transmission
(M.E.T.), ou encore la Fluorescence X.
154
SALIN, E. (1950-1960), t.1, p.4.
40
à aucune référence absolue, en effet il fixe sa chronologie selon un raisonnement
évolutionniste en se fondant sur les critères développés à la fin du XIXe siècle, notamment des
études craniologiques.
II. 1. D. Des années 1970 à nos jours
La deuxième moitié du XXe siècle présente un tournant sans précédent en archéologie,
avec le développement de nombreuses disciplines. On assiste enfin à la naissance de
l’archéologie préventive, à partir des années 1970, qui a pour dessein de préserver les sites
menacés par des travaux d’aménagement. L'Association pour les Fouilles Archéologiques
Nationales 155 (A.F.A.N.) est créée en 1973 et réalise des diagnostics, des fouilles de sauvetage
et des fouilles programmées. Ainsi, les fouilles à l’aire ouverte (fouille intégrale du site) se
développent. La professionnalisation de l’archéologie dans les années 1980 a ainsi permis la
découverte de nombreux sites, de réaliser une approche rapide et globale de ces derniers, mais
aussi d’étudier la notion d’espace et de territoire au sein des différentes sociétés.
Parallèlement, de nombreux historiens (Ph. Aries) et ethnologues (L.-V. Thomas)
s’intéressent à la mort et à l’histoire des mentalités développant ainsi de nouvelles
perspectives d’études.
Toutes ces nouveautés ont permis une amélioration considérable dans le cadre des
recherches en archéologie médiévale, qui s’impose en tant que discipline à part entière à
l’Université. Rappelons que le premier centre de recherche avait été fondé par Michel de
Boüard en 1951 à l’Université de Caen. Dans les années 1970, cette discipline commence à
être représentée au C.N.R.S. ainsi que dans d’autres universités 156. C’est dans ces nouvelles
perspectives que naissent de multiples ouvrages de synthèse en archéologie mérovingienne.
Nous présentons ici, celles qui nous paraissent les plus majeures en relation avec notre sujet
d’étude.
Parallèlement, au cours de cette fin du XXe siècle, se met en place un raffinement de la
typochronologie issue des recherches allemandes précédentes. Cl. Lorren en 1976 et E. James
en 1977, étudient le mobilier funéraire dans le cadre de leur thèse et mettent en place de
155
A la suite de la loi du 17 janvier 2001 relative à l’archéologie préventive, l’A.F.A.N. devient l’Institut
National de Recherches Archéologiques Préventives (I.N.R.A.P.).
156
CARTRON I. (2010), p.17.
41
nouveaux éléments de typologie 157. Les recherches de P. Périn (dans le cadre de sa thèse) et
plus tard de R. Legoux (2006) concernant la zone Rhin-Manche 158, ont permis de développer
les études typochronologiques reposant sur le principe de la permutation matricielle 159. Ces
travaux représentent une évolution majeure dans la datation du mobilier qui aboutit par la
suite à une périodisation des objets mérovingiens du nord de la France 160 :
Mérovingien Ancien (M.A)
Mérovingien Récent (M.R.)
I.
Vers 450/480- vers 520-530
I.
II.
Vers 520-530- vers 560-570
II.
III.
Vers 560-570- vers 600
IV.
Vers 600- vers 630-640
Vers 630-640- vers 670-680
Vers 670-680- début VIIIe siècle
Ce raffinement de la typo-chronologie a permis la création de nombreux travaux mais
en ce qui concerne l’Aquitaine, nous pouvons nous appuyer sur peu d’études d’objets
mérovingiens. En effet, au fil de nos recherches, nous avons noté la quasi absence d’étude
réalisée pour le sud de la Gaule.
La thèse d’Edward James, intitulée The merovingian archaeology of south-west Gaul
de 1977, établit un répertoire complet des sites avec la mention des objets trouvés, mais
malheureusement dépourvu de leur représentation 161.
M. Rouche dans sa thèse de 1979 162 nous fournit une importante synthèse historique et
soulève la question de l’origine du « style aquitain » : s’agit-il d’un art franc ou proprement
aquitain ? 163 Il considère que l’armée franque n’a pas pu modifier la culture matérielle gallo-
157
158
LORREN, CL. (1976) et JAMES, E. (1977)
Voir PERIN, P. (1980). Mais également LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
159
Pour comprendre le principe de la permutation matricielle : cf. PERIN, P. (1980), mais aussi STUTZ, Fr.
(2003), p.21-23.
160
STUTZ, Fr. (2003), p.23.
161
Id., (2003), p.12.
162
ROUCHE, M. (1979).
163
En effet les armées franques sont venues en Aquitaine pour chasser les Wisigoths à la bataille de Vouillé en
507, ces derniers perdent leur roi Alaric II au combat.
42
romaine, que les Francs étaient totalement absents de l’Aquitaine (sauf en Saintonge) et va
jusqu’à dire que le style aquitain est en fait gallo-romain.
S. Lerenter dans son mémoire de 1987 164 reprend entre autres, les études faites par N.
Aberg (1947), Claude Lorren (1976) et E. James 165 (1977) sur les plaques-boucles du sudouest de la Gaule, et réalise sa propre typologie à partir de la morphologie de ces dernières.
On dénombre 21 groupes allant de « A » à « K » (ce dernier présentant des éléments de
garniture : boucles, ardillons et éléments de jarretières). De plus, elle ajoute les aspects
technologiques (de fabrication et de matière première), et iconographiques du type aquitain.
Elle met également en avant la possibilité d’une production en série des objets.
Fr. Stutz réalise dans le cadre de sa thèse, un corpus des Objets (près de deux mille)
mérovingiens de type septentrional dans la moitié sud de la Gaule 166 retrouvés au sud de la
Loire, en Aquitaine, en Languedoc ou en Provence. La typologie est fondée sur un aspect
morphologique et technique. De plus, chaque objet est replacé dans son contexte
archéologique permettant ainsi d’observer les différents faciès locaux 167. Nous retrouvons
dans cette étude le concept de production en série 168.
Cependant, bien que ces nouvelles études tiennent compte des progrès récents de
l’archéométrie et des techniques, elles restent toutefois dans la continuité des études
typologiques influencées par l’école de P. Périn.
Enfin, notons l’apparition de l’anthropologie physique et notamment de
l’anthropologie dite de « terrain » sur la scène archéologique, car pendant longtemps, les
sépultures étaient fouillées par les archéologues qui ne s’intéressaient essentiellement, qu’à
l’architecture des tombes et au mobilier funéraire du défunt 169. Les études anthropologiques
des années 1970 replacent les restes humains comme élément essentiel de la tombe. Apparaît
164
Nous ne traiterons ici que de son mémoire car nous n’avons pas pu avoir accès à sa thèse.
LERENTER, S. (1987).
165
JAMES, E. (1977).
166
STUTZ, Fr. (2003).
167
BROQUEDIS, S. (2002).
168
Nous n’avons pas eu le temps nécessaire pour approfondir sur le sujet de l’éventuelle production en série du
mobilier.
169
AMORY, S. (2009), p.12-15.
43
également le principe de l’étude des caractères discrets, permettant de retrouver les parentés
biologiques au sein de certains regroupements dans les nécropoles. L’un des premiers
objectifs était de pouvoir raisonner à l’échelle de la nécropole et d’apporter des éléments
concernant l’éthnogénèse d’une population 170. A partir des années 1990, Henri Duday
développe avec Claude Masset, le concept de thanatologie et avec Bruno Boulestin, celui
d’archéothanatologie (terme proposé dans l’ouvrage Ethnologie et archéologie de la mort 171).
Cette nouvelle discipline traite du processus de dégradation du corps 172. C’est à partir de ces
années que l’objet commence à être étudié dans le contexte de la sépulture et non seulement
pour lui-même.
La lente progression de l’archéologie, et notamment de l’archéologie mérovingienne
des siècles précédents, où l’on ne s’intéressait qu’à l’objet, laissent peu à peu place, à des
études complexes, où l’apport des autres disciplines permet d’obtenir une étude globale des
sites dans leur ensemble, favorisant ainsi une meilleure approche de la civilisation
mérovingienne. Il serait donc intéressant de replacer l’objet dans le contexte de la tombe et
pas seulement dans sa typologie. Par ailleurs, nous devons mentionner qu’aucune véritable
étude du mobilier n’a été appréhendée pour le sud de la Gaule, car tout ce qui a été fait ne se
rapporte qu’aux données du nord. Nous pensons que cette idée généralement admise d’une
diffusion des objets du nord vers le sud devrait être réétudiée. Il serait judicieux de revoir les
courants de diffusion.
II. 2. Présentation du mobilier de la rue Saint-Jean de Coutras
II. 2. A. Méthode et historique des collections
Le mobilier funéraire découvert dans les sarcophages de la rue Saint-Jean à Coutras,
au cours de l’opération de sauvetage menée par messieurs D. Barraud et B. Chieze en 1981, a
été confié pour restauration à B. Derion, restauratrice au Musée d’Aquitaine, durant l’automne
1982. La qualité du mobilier demandait un dépôt sécurisé que ne pouvait offrir les locaux de
Coutras, il a donc été confié à A. Ziéglé, conservatrice des collections Antiques au Musée
170
CARTRON, I. (2010), p.28.
171
BOULESTIN, B., H. DUDAY (2005), p. 17-30.
172
Voir aussi DUDAY, H. (1990), p. 193-196. Et DUDAY, H., P. COURTAUD et alii (1990), p.29-49.
44
d’Aquitaine, en 1991. Depuis, une partie du mobilier est présente en vitrine dans les
collections concernant le haut Moyen Age. Le reste se trouve dans les réserves du musée.
Notre recherche a d’abord consisté à observer ces objets, inventoriés de D.91.5-1 à
D.91.5-61, de réaliser des mesures ; nous avons fait des dessins, nous avons également eu
accès à des photographies (Cf. Annexe 2, photos n°12 à 37, p.143-155). Cette étude
minutieuse a permis de noter la disparition de deux objets D.91.5-5 (perle Cf. Annexe 2, photo
n°33, p.153) et D.91.5-21 (tête d’épingle Cf. Annexe 2, photo n°34, p.153), mais aussi
d’identifier une demi-monnaie méconnue à ce jour et jusqu’à présent considérée comme un
simple fragment métallique plat (D.91.5-55 Cf. Annexe 2, photo n°38, p.155). De plus, la
présence d’un objet encore sous gangue (D.91.5-61 Cf. Annexe 2, photo n°41, p.156) et de
quelques petits fragments sous concrétion, nous a incités à réaliser des radiographies au sein
du Laboratoire d’Anthropologie des Populations du Passé de Bordeaux 1, effectuées par M.
Bessou (PACEA) 173. Celles-ci ont été effectuées à l’aide d’une radiographie conventionnelle
(non numérique). Alors que les fragments n’ont rien révélé de très concluant, l’objet D.91.561, en revanche, a fourni une image relativement claire (Cf. Annexe 4, radiographies n°1 à 8,
p.182-185) 174. Peut-être s’agit-il d’une boucle articulée de chausse ? Cependant, la présence
de petits anneaux autour de l’objet semble discréditer cette hypothèse. Une restauration fine
permettra sans doute d’en connaître la véritable nature.
Nous avons ensuite constaté que l’inventaire du mobilier révèle des confusions dans la
documentation disponible. En effet, dans le rapport de fouille réalisé par B. Chieze en 1982 175
on peut y voir une liste de quelques objets associés à des sarcophages. Cependant, il n’est fait
aucune mention du reste du mobilier, et manque parfois, de précision 176.
Un autre inventaire a été établi par le Musée d’Aquitaine en octobre 1997 (date
d’inscription au registre). Chaque objet de cette collection D.91.5-1 à D.91.5-61 a été associé
à un sarcophage. Cependant, nous avons observé une confusion entre un sarcophage 13 et un
sarcophage 15, or, aucune mention dans le rapport de fouille ne mentionne ce premier
173
Les radiographies des petits fragments n’ayant rien apporté d’intéressant, nous décidons de ne pas les
présenter contrairement à celles de l’objet D.91.5-61.
174
Les radiographies ainsi que le rapport réalisés par M. Bessou peuvent-être consultables en annexe 4, p.182 à
188.
175
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
176
Comme on peut le noter : « boucles diverses au nombre de 3, associées à deux sarcophages : 3 et 2 » dans
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
45
sarcophage. Cette erreur d’attribution semble être une simple confusion, probablement due à
la faute de frappe présente sur le devis de restauration du Musée d’Aquitaine établi le 24 juin
1981. En effet, nous pouvons lire : « sarcophage 13 », sous la rectification ultérieure au stylo :
« 15 ». Nous nous demandons si les attributions du reste du mobilier aux différents
sarcophages sont fiables 177.
Par ailleurs, le catalogue d’objets mérovingiens issu de la thèse de Françoise Stutz de
2003 178 introduit une nouvelle confusion. Les éléments mobiliers sont mal attribués et le
catalogue est incomplet.
Ces contradictions entre les différentes sources nous ont ainsi incités à réaliser un
tableau afin que le lecteur puisse juger des nombreuses incohérences. Pour plus de clarté,
nous avons rosé les attributions sûres. A partir de ces informations, nous allons réaliser notre
catalogue et nous rétablirons, dans la mesure du possible, les bonnes attributions 179.
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
D.91.5-1
Boucle de ceinture
Annexe 2, photo
n°12
Annexe 3, dessin
n°4
Sarcophage 3 (décrite
comme étant une
boucle cloisonnée)
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-2
Ardillon scutiforme
de D.91.5-1
Annexe 2, photos
n°12 et 13
Annexe 3, dessin
n°5
Sarcophage 3 (décrit
comme étant un
ardillon de boucle
cloisonnée)
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-3
Plaque-rivet
scutiforme
Sarcophage 3
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
Annexe 3, dessin
n°6
177
Notons que M. Maury dans le cadre de son mémoire a repris le site de Coutras en suivant l’inventaire établi
par le Musée d’Aquitaine. MAURY, M. (2007), p.63-67.
178
STUTZ, Fr. (2003).
179
Ce catalogue est présent en annexe 5, p.189 à 239. Nous devons signaler notre volonté de ne pas inscrire le
poids des objets, nous pensons que cela ne présente pas d’intérêt particulier étant donné la perte par rapport au
poids initial de l’objet.
46
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
D.91.5-4
Plaque-rivet
scutiforme
Annexe 2, photo
n°14
Annexe 3, dessin
n°7
Sarcophage 3
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-5
Perle en pâte de
verre perdue
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Aucune mention
Annexe 2, photo
n°33
D.91.5-6
Boucle ceintrée à
décor d’ocelles
Annexe 2, photo
n°15
Annexe 3, dessin
n°8
Sarcophage 3
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-7
Bouclette
quadrangulaire
Annexe 2, photo
n°16
Annexe 3, dessin
n°9
Sarcophage 3
Sarcophage 3
« Mobilier sans
attribution précise
à une tombe ? »
D.91.5-8
Boucle ovale
simple
Annexe 2, photo
n°17
Annexe 3, dessin
n°10
Sarcophage 3
Sarcophage 3
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-9
Couteau
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Sarcophage 3
Annexe 3, dessin
n°11
D.91.5-10
Pince à épiler
Annexe 2, photo
n°18
D.91.5-11
Anneau
Annexe 2, photo
n°19
Annexe 3, dessin
n°12
Sarcophage 6
Sarcophage 6
Sarcophage 6
D.91.5-12
Boucle ronde à
ardillon scutiforme
Annexe 2, photo
n°20
Annexe 3, dessin
n°13
Sarcophage 6
Sarcophage 6
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-13
Bouclette
rectangulaire à
décor d’ocelles
Annexe 2, photo
n°21
Annexe 3, dessin
n°14
Sarcophage 6
Sarcophage 6
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
47
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
D.91.5-14
Epingle à tête
polyédrique
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
Sarcophage 6
Sarcophage 6
Sarcophage 6
Annexe 3, dessin
n°15
D.91.5-15
Rivet
hémisphérique à
décor radié
Annexe 2, photo
n°22
Annexe 3, dessin
n°16
Sarcophage 6 mobilier
associé à D.91.5-12 (du
sarcophage 6)
Sarcophage 6
D.91.5-16
Rivet
hémisphérique à
décor radié
Annexe 2, photo
n°23
Annexe 3, dessin
n°17
Sarcophage 6 mobilier
associé à D.91.5-12 (du
sarcophage 6)
Sarcophage 6
Rivet
hémisphérique à
décor radié
Annexe 2, photo
n°24
Annexe 3, dessin
n°18
Sarcophage 6 mobilier
associé à D.91.5-12 (du
sarcophage 6)
Sarcophage 6
D.91.5-17
D.91.5-18
Epingle en or à
corbeille filigranée
Annexe 2, photo
n°37
Annexe 3, dessin
n°19
Sarcophage 6
Sarcophage 6
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe » associé à
D.91.5-6 cf. pl.
13, p.372
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe » associé à
D.91.5-6 cf. pl.
13, p.372
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe » associé à
D.91.5-6 cf. pl.
13, p.372
Sarcophage 6
D.91.5-19
Fil en or
Sarcophage 6 et 7
Sarcophage 6
Sarcophage 6 et 7
Sarcophage 6
Sarcophage 6
Sarcophage 6
Sarcophage 7
Sarcophage 7
Sarcophage 7
Annexe 2, photo
n°36
D.91.5-20
D.91.5-21
Fragments de
peigne en os
Tête d’épingle à
corbeille fermée
perdue
Annexe 2, photo
n°35
Annexe 2, photo
n°34
D.91.5-22
Elément
indéterminé
Annexe 2, photo
n°39
Annexe 3, dessin
n°20
Aucune mention
Sarcophage 7
Aucune mention
D.91.5-23
Petite plaqueboucle articulée de
chausses ou de
jarretières
Annexe 2, photo
n°25
Annexe 3, dessin
n°21
Sarcophage 15
Sarcophage 13
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
48
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
D.91.5-24
Petite plaqueboucle articulée de
chausses ou de
jarretières
Annexe 2, photo
n°26
Annexe 3, dessin
n°22
Sarcophage 15
Sarcophage 13
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-25
Passe-courroie de
chausses ou de
jarretières
Annexe 2, photo
n°27
Annexe 3, dessin
n°23
Sarcophage 15
Sarcophage 13
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-26
Passe-courroie de
chausses ou de
jarretières
Annexe 2, photo
n°28
Annexe 3, dessin
n°24
Sarcophage 15
Sarcophage 13
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-27
Rivet
quadrangulaire
Annexe 2, photo
n°29
Annexe 3, dessin
n°25
Sarcophage 15
Sarcophage 13
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
D.91.5-28
Couteau
Sarcophage 15
Sarcophage 13
Aucune mention
Sarcophage 15 ? (dit
bracelet) ?
Sarcophage 13
Aucune mention
Sarcophage 15 ? (dit
bracelet ?)
Sarcophage 13
Aucune mention
Sarcophage 15 ? (dit
bracelet ?)
Sarcophage 13
Aucune mention
Sarcophage 15
Sarcophage 15
Sarcophage 15
Sarcophage 15
Sarcophage 15
Aucune mention
Annexe 3, dessin
n°26
D.91.5-29
D.91.5-30
D.91.5-31
Fragment
métallique courbe
Fragment
métallique courbe
Fragment
métallique courbe
D.91.5-32
Plaque-boucle de
ceinture étamée
décorée
D.91.5-33
Scramasaxe
Annexe 3, dessin
n°27
Annexe 3, dessin
n°28
Annexe 3, dessin
n°29
Annexe 2, photos
n°30 à 32
Annexe 3, dessins
n°30 à 33
Annexe 3, dessin
n°34
49
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
D.91.5-34
Boucle ovale
simple
D.91.5-35
D.91.5-36
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
Aucune mention ou
sarcophage 2 ?
Sarcophage 15
« Mobilier sans
Attribution
précise à une
tombe »
Sarcophage 15 d’après
la reconstitution
réalisée dans le rapport
de fouille
Sarcophage 15
Aucune mention
Annexe 3, dessin
n°36
Sarcophage 15 d’après
la reconstitution
réalisée dans le rapport
de fouille
Sarcophage 15
Aucune mention
Annexe 3, dessin
n°37
Annexe 3, dessin
n°35
Elément métallique
Elément
métallique associé à
D.91.5-35
D.91.5-37
Elément
d’aumônière
Annexe 2, photo
n°40
Annexe 3, dessin
n°38
Sarcophage 3 ?
Sarcophage 15
Sarcophage 3 ?
D.91.5-38
Elément
d’aumônière
Annexe 2, photo
n°40
Annexe 3, dessin
n°39
Sarcophage 3 ?
Sarcophage 15
Sarcophage 3 ?
D.91.5-39
Couteau
Sarcophage 3 d’après
la reconstitution
réalisée dans le rapport
de fouille
Sarcophage 15
Aucune mention
Aucune mention ?
Sarcophage 15
Aucune mention
Aucune mention ?
Sarcophage 15
Aucune mention
Aucune mention ?
Sarcophage 15
Aucune mention
Aucune mention ?
Sarcophage 15
Aucune mention
Annexe 3, dessin
n°40
D.91.5-40
D.91.5-41
D.91.5-42
Lame métallique de
couteau ?
Fragment de
couteau ?
Annexe 3, dessin
n°41
Annexe 3, dessin
n°42
Lame de couteau
Annexe 3, dessin
n°43
D.91.5-43
Fragment
métallique
Annexe 3, dessin
n°44
50
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
D.91.5-44
Lame de couteau
Références en
annexe
Annexe 3, dessin
n°45
D.91.5-45
Lame de couteau
Annexe 3, dessin
n°46
D.91.5-46
Fragment long
métallique
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
Sarcophage 15 d’après
la reconstitution
réalisée dans le rapport
de fouille
Sarcophage 15
Aucune mention
Peut-être Sarcophage
15 associé à D.91.5-44
d’après la
reconstitution réalisée
dans le rapport de
fouille
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
Annexe 3, dessin
n°47
D.91.5-47
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-48
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-49
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-50
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-51
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-52
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-53
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
51
ID d’après
l’inventaire
du Musée
d’Aquitaine
Objet
Références en
annexe
« Rapport de
fouille » 1982 et
«Pays de Coutras»
1986
De B. Chieze et D.
Barraud
Classement
Musée
d’Aquitaine de
1997
Classement F.
Stutz de 2003
D.91.5-54
Un élément osseux
indéterminé
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-55
Monnaie
Annexe 2, photo
n°38
Aucune mention car
non considérée comme
telle
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-56
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-57
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-58
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-59
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-60
Fragment
métallique
p.
Aucune mention
Sarcophage 15
Aucune mention
D.91.5-61
Elément sous
gangue
radiographié
Aucune mention
Sarcophage 6
Aucune mention
Annexe 2, photo
n°41
62 ?
Epingle en alliage
de cuivre perdue
-
Sarcophage 2
Jamais arrivée au
Musée
Inconnue
63 ?
Boucle en fer
-
Sarcophage 2
Jamais arrivée au
Musée ou D.91.534 ?
Inconnue
52
II. 2. B. Présentation typochronologique des objets de parure
Le site mérovingien de Coutras, nous l’avons vu, a livré un mobilier varié. Deux
distinctions ont pu être faites : la parure et le dépôt. Des objets ordinaires et remarquables ont
été observés. Ce chapitre traite des objets de parure. Il s’agit alors de regrouper tous les
éléments liés à l’aspect vestimentaire, accessoires, mais aussi les bijoux. Après observation
minutieuse de l’ensemble du mobilier, nous avons établi différentes catégories au sein de la
parure. Il s’agit des boucles, plaques-boucles, passe-courroies, éléments de rivets, épingles,
bijoux et tissus précieux. Nous allons décrire chaque objet le plus précisément possible et
tenter de fournir une datation par le biais de comparaisons issues de la typologie de Fr.
Stutz 180, de diverses études de cas et nous serons parfois amenés à utiliser la typologie établie
par R. Legoux et P. Périn 181 pour le nord de Gaule. Nous pouvons signaler que les datations
des différents objets vont être révisées ultérieurement, lors de l’association avec le reste du
mobilier 182.
Les boucles :
Figure 5: Objets de parures de Coutras: catégorie boucles (dessins H. Texier).
180
STUTZ, FR. (2003).
181
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
182
Cf. Infra, III, p.90-106.
53
Boucle ovale à ardillon droit :
La fouille des sarcophages de la rue Saint-Jean a révélé la présence de deux petites
boucles ovales : D.91.5-8, présentes dans le sarcophage 3 et D.91.5-34 (fig.5 et cf. annexe 2,
photo n°17, p.145) dont la provenance exacte est incertaine. Les deux possèdent un ardillon
droit. La première, en alliages de cuivre et fer, mesure 29 mm de long, pour une largeur de 23
mm et une épaisseur de 8 mm. La deuxième, en alliage de fer, est plus trapue ; elle mesure 27
mm de long, 26 mm de largeur, pour une épaisseur de 12 mm. Les deux sont dépourvues de
traverses, les ardillons reposent directement sur l’arc de la boucle. Ce type d’objet est retrouvé
en grande quantité sur les sites du haut Moyen Age. Une large fourchette chronologique lui
est associée: PM (440/450 à 470-480) au MA3 (560/570 à 600/610) d’après la chronologie
normalisée établie par R. Legoux et P. Périn 183.
Boucle ovale à ardillon scutiforme décorée:
Une boucle ovale a été repérée dans le sarcophage 3. Elle se compose de deux
éléments : la boucle D.91.5-1 et son ardillon scutiforme D.91.5-2 (fig.5 et cf. annexe 2, photos
n°12 et 13, p.143). La boucle et l’ardillon présentent des traces d’alliages de cuivre et de fer.
La boucle mesure 44 mm de long, 32 mm de largeur, et 10 mm d’épaisseur. Sa traverse
mesure également 10 mm d’épaisseur. Nous pouvons noter la présence, sur l’avers, d’une
gouttière le long de l’arc de la boucle, dans sa partie externe. Cette boucle semble avoir été
fourrée. L’ardillon scutiforme, non articulé à cette dernière, mesure 44 mm de long, 18 mm de
largeur à sa tête, et 9 mm de largeur à sa queue, pour une épaisseur de 9 mm. Il présente une
courbure relativement forte à son extrémité. Une nervure centrale orne sa partie distale. Des
éléments rivetés sont présents dans sa partie proximale, dans la zone en creux. Nous pensons
qu’il s’agit d’une plaquette métallique décorative rivetée.
Cela rappelle fortement les ardillons des sites de Chadenac et de Drudas mentionnés
dans la thèse de Fr. Stutz 184. Le site de Chadenac (Charente-Maritime, en région PoitouCharentes) est un cimetière mérovingien contenant des sarcophages trapézoïdaux sur lequel a
été implanté un prieuré du XIIe siècle. La tombe 101 a révélé une boucle de ceinture en
183
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
184
STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.10 p.369.
54
bronze (fig.6, b) ronde et massive de 44 mm de long, pour une largeur de 41 mm, associée à
des plaques-rivets scutiforme. L’ardillon de cette boucle, tout comme celui de Coutras,
présente une plaquette de bronze rivetée 185.
A Drudas (Haute-Garonne, en région Midi-Pyrénées), au lieu-dit Le Hauré, des
prospections autour d’une chapelle en ruine ont permis la découverte de mobilier
mérovingien. Un ardillon en bronze fourré étamé (fig.6, a), de 47 mm de long présentant une
plaquette de bronze rivetée a été retrouvé. Nous devons signaler au lecteur une erreur
commise dans le catalogue de Fr. Stutz. En effet, l’ardillon présenté (au numéro 221) a été
attribué au site Le Burgaud, or il s’agit bien de celui de Drudas 186. Dans le même site, une
boucle de ceinture en bronze fourrée étamée a également été retrouvée (fig.6, c). Elle mesure
48 mm de long et 42 mm de large. Son ardillon présente les mêmes caractéristiques que
précédemment 187. Fr. Stutz, après comparaison avec des boucles similaires normandes,
propose une datation au MA 3 (560/570 à 600/610) 188.
Figure 6: Figure "a": ardillon scutiforme du site de Dudras. Figure "b": boucle de ceinture et ses trois rivets
associés du site de Chadenac. Figure "c": boucle de ceinture du site de Dudras (dessins et clichés Fr. Stutz).
185
Id., (2003), vol.3, p.524.
186
Id., (2003), vol2, pl.10 p.369, vol.3, p.561.
187
Id., vol2, (2003), pl.10 p.369, vol.3, p.562.
188
Id., vol.1, (2003), p.44-45.
55
Boucle ronde à ardillon scutiforme :
Une boucle ronde D.91.5-12 (fig.5 et cf. annexe 2, photo n°20, p.147) a été retrouvée
dans le sarcophage 6. Elle mesure 39 mm de long, 36 mm de largeur, pour une épaisseur de
14,5 mm (6 mm sans l’ardillon). Cette boucle présente un anneau relativement fin. L’ardillon,
dont la base est scutiforme, lui est articulé grâce à un rivet présent sur sa partie proximale, qui
vient alors se fixer sur la traverse. Des décors de cordes ornent cet ardillon. R. Legoux et P.
Périn proposent une chronologie pour ce type d’objet allant de la deuxième moitié du MA 1
(environ 500 à 480) au MA 3 (560/570 à 600/610) 189.
Boucle ceintrée, dit aussi champfreinée, réniforme ou en « arbalète » :
Une boucle de ce type, en alliage de cuivre, a été retrouvée dans le sarcophage 3 :
D.91.5-6 (fig.5 et cf. annexe 2, photo n°15, p.144). Elle mesure 45 mm de long, 26 mm de
largeur, pour une épaisseur de 8,5 mm (3 mm pour la traverse). Son ardillon droit est fixé sur
la traverse de la boucle. Cette dernière présente une section champfreinée. Sur l’avers, des
ocelles, disposées de façon symétrique par rapport à la traverse, ornent la partie interne de
l’arc de la boucle.
Deux boucles de ce type ont été trouvées dans la région du Languedoc-Roussillon. Il
s’agit des sites d’Agde (dans le cimetière qui entourait l’église Saint-André) et de
Carcassonne (dont la provenance exacte est inconnue, elle proviendrait peut-être du Limousis)
(fig.7). La boucle d’Agde est en bronze ; son ardillon droit est en fer, elle mesure 29 mm de
long, 28 mm de largeur (avec la traverse), pour une épaisseur de 6 mm ; elle était disposée
dans la tombe 27 constituée d’un coffrage de tuiles en bâtière 190. La boucle de Carcassonne
est en bronze, avec des éléments de verrerie. Elle mesure 50 mm de long, 24 mm de largeur,
pour une épaisseur de 4 mm. Elle possède également une section champfreinée, à laquelle ont
été ajoutées deux protubérances. Cinq incrustations circulaires ornent cette boucle : deux sur
son arc, une pour chaque protubérance ainsi qu’une sur son ardillon rectangulaire. R. Legoux
et P. Périn proposent une chronologie pour ce type d’objet allant du PM (440/450 à 470/480)
189
Id., (2003).
190
Id., (2003), vol.3, p.459 et vol.2 pl.12 p.371.
56
au MA 1 (470/480 à 520/530) 191. Fr. Stutz propose une datation entre le MA 1 (470/480 à
520/530) et le MA 2 (520/530 à 560/570) pour la boucle ceintrée de Coutras.
Figure 7: La figure "a" représente la boucle ceintrée du site d'Agde. La figure "b" celle de
Carcassonne (dessins: Fr. Stutz).
Bouclette rectangulaire décorée à ardillon scutiforme :
Deux bouclettes de ce type ont été retrouvées à Coutras. Il s’agit de D.91.5-7 dans le
sarcophage 3 et D.91.5-13 dans le sarcophage 6 (fig.5, cf. annexe 2, photos n°16, p.145 et 21,
p.147). La première en alliages de cuivre et en fer, mesure 20 mm de long, 17 mm de largeur,
et 7 mm d’épaisseur. Son ardillon à base scutiforme est articulé à la bouclette. Un décor de
croix orne sa partie proximale (tête), un décor de cordes est disposé dans sa partie médiane.
La bouclette possède, sur son avers, un décor biseauté. La deuxième en alliage de cuivre,
mesure 22 mm de long, 18,5 mm de largeur, et 9 mm d’épaisseur. Cette petite boucle
rectangulaire biseautée est décorée de 6 ocelles. Elle possède un ardillon à base scutiforme
articulé à la boucle, également orné de cordes. Une ocelle est présente dans sa partie
proximale. Ces deux bouclettes rectangulaires pouvaient faire partie d’une garniture de
chausses, de jarretières ou pourquoi pas d’une ceinture en bandoulière maintenant un
couteau ? Ce type d’objet est retrouvé assez fréquemment dans les sites du haut Moyen Age.
Nous avons décidé de les comparer à deux autres bouclettes de jarretières du site
d’Estagel en région Languedoc-Roussillon présentées dans la thèse de Fr. Stutz 192. La
première (fig.8, b), en bronze, provient de la tombe 13 à coffrage renfermant les restes osseux
191
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
192
Id., (2003), vol.3, p.566 et vol.2 pl.15 p.374.
57
d’une femme, avec présence d’une réduction aux pieds 193. Elle mesure 20 mm de long, 14
mm de largeur, et 5 mm d’épaisseur. Son ardillon droit est fixé à la bouclette. Dix ocelles sont
réparties tout autour de la boucle rappelant ainsi celle de Coutras. La deuxième, également en
bronze, provient de la tombe 16 (fig.8, a), à coffrage contenant les restes osseux d’un homme
avec une réduction au niveau des pieds. Elle mesure 17 mm de long, 14 mm de largeur, et 8
mm d’épaisseur. La bouclette présente un décor biseauté ; son ardillon à base scutiforme y est
fixé et possède une nervure centrale au niveau de sa partie distale. Ce type d’objet ne présente
pas de spécificité régionale 194, on en retrouve dans toute la Gaule. R. Legoux et P. Périn
proposent une étendue chronologique vaste pour les bouclettes rectangulaires biseautées allant
du MA 1 (470/480 à 520/530) au MR 1 (600/610 à 630/640) 195. Les bouclettes décorées
dateraient du MA 2 (520/530 à 560/570) au MA 3 (560/570 à 600/610).
Figure 8: Les bouclettes rectangulaires du site d'Estagel. La figure "a" représente celle de la tombe 16.
La figure "b" celle de la tombe 13 (dessins : Fr. Stutz).
193
Id., (2003), vol.3, p.566.
194
Id., (2003), vol.1. p.53.
195
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
58
Les plaques-boucles :
Figure 9: Objets de parure de Coutras: catégorie plaques-boucles (dessins H. Texier).
Plaque-boucle de ceinture de type aquitaine à cinq bossettes:
Une plaque-boucle de ce type a été trouvée dans le sarcophage 15 de la rue SaintJean : D.91.5-32 (fig.9, cf. annexe 3, dessins n°31 à 33, p.172-174). Elle est en alliage de
cuivre étamée. Les trois éléments constitutifs d’une plaque-boucle sont présents : la plaque, la
boucle et l’ardillon. Elle mesure 116 mm de long, 55 mm de largeur et 16 mm d’épaisseur 196.
Cette plaque-boucle de ceinture a été étudiée par S. Lerenter dans le cadre de son mémoire 197.
Elle l’attribue au style Aquitain B.21 de son catalogue, c'est-à-dire « des plaques massives à
cinq bossettes, présentant une extrémité arrondie très prononcée. L’articulation se compose en
général de quatre languettes. Le revers varie de quatre tenons disposés en « Y » à cinq tenons
disposés en « X » 198 . En effet, la plaque-boucle de Coutras possède une plaque de forme
triangulaire, à l’extrémité arrondie. Deux légères protubérances font également parties de la
plaque de part et d’autre de son extrémité. Cinq bossettes, décorées à leur base d’un cordelé
hachuré, ornaient cette plaque-boucle ; la bossette distale a disparu laissant entrevoir le trou
causé par le rivet d’origine. Nous pouvons noter l’absence de décor dans cette zone. Cette
observation permet d’affirmer que le décor a été réalisé après mise en place des bossettes
196
Les mesures données sont celles de la plaque-boucle entière. Pour le détail des mesures se référer au
catalogue, annexe 5, p.220.
197
LERENTER, S. (1987), annexes p.23-24.
198
Id., (1987), op.cit p.25.
59
auxquelles il s’articule. Ce décor est composé de plusieurs figures géométriques : arcs de
cercles, rectangles, triangles, méandres rectangulaires. Elles se déploient autour de deux
rouelles (à quatre rayons) en gradation. La plus importante occupe la partie médiane de la
plaque. Un jeu de couleur s’opère entre fond naturel et fond en pointillés typique des plaquesboucles de style aquitain. La présence de l’étamage, outre sa fonction de protection, devait
conférer à cette plaque-boucle une importance particulière, lui donnant une couleur brillante
et blanche qui pouvait l’assimiler à de l’argent. Sur le revers de la plaque, nous pouvons
constater la présence de quatre bélières et rivets de fixation disposés en « Y ». L’ardillon de la
plaque-boucle, à base scutiforme, présente un décor assez similaire de figures géométriques
sur fond en pointillés. Son revers possède une bélière. La boucle ovale, quant à elle, est
aplatie. Des stries verticales et horizontales la composent (certaines ont été légèrement
effacées). Elle présente une traverse relativement épaisse (Cf. Annexe 2, photo n°30 à 32,
p.151-152 et Annexe 5, catalogue n°D.91.5-32, p.220).
Nous avons pu comparer l’ardillon de la plaque-boucle mérovingienne de Coutras à
celui retrouvé en région parisienne dont la provenance est inconnue (fig.10). Il est conservé au
Musée Carnavalet. Selon P. Périn, cet ardillon est en bronze et mesure 50 mm de long, les
autres mesures ne nous sont pas indiquées ; il s’agirait d’un ardillon anciennement associé à
une plaque-boucle de production aquitaine datable du VIIe siècle après J.-C. 199
Figure 10: Figure « a » : ardillon du Musée Carnavalet (cliché : P. Pierrain). Figure « b » : ardillon de la
plaque-boucle D.91.5-32 de Coutras (dessin H. Texier).
199
PERIN, P. (1985) : Collections mérovingiennes… p.166, ill. 52.
60
Une plaque-boucle en bronze étamé de provenance inconnue conservée au Musée
d’Aquitaine (n°60.17.649) et étudiée par S. Lerenter, présente des similitudes avec notre
plaque-boucle coutrillonne du point de vue formel (fig.11). Elle mesure 165 mm de long, 83
mm de largeur. Sa plaque triangulaire présente deux légères excroissances de part et d’autre
de son extrémité distale arrondie. Cinq bossettes décorées à leur base d’un cordelé hachuré,
ornent cette plaque auxquelles s’articule un décor constitué de nombreux panneaux
d’entrelacs rectangulaires. Au centre se déploie une roue à rayons hachurés. Sur la partie
distale, une croix de Malte est inscrite dans un médaillon, flanquée par deux quadrupèdes en
position tournée vers l’arrière. Un fond en pointillé très usé y est présent. Le revers de la
plaque est constituée de quatre bélières disposées en « Y » et présente des canaux courbes
agencés de façon inhabituelle selon S. Lerenter 200. La boucle de forme ovale très aplatie est
simple. Son ardillon à base scutiforme présente un décor entièrement constitué d’entrelacs
rectangulaires. Son extrémité distale est manquante. Ce type de plaque-boucle est
généralement daté du VIIe siècle après J.-C., soit fin du MA 3 (600 à 610) jusqu’au MR 2
(630/640 à 660/670).
200
LERENTER, S. (1987), annexe p.23-24.
61
Figure 11: Plaque-boucle de ceinture de provenance inconnue conservée au Musée d'Aquitaine (cliché dans
S. Lerenter 1987).
Petites plaques-boucles articulées de chausses ou de jarretières à ardillon scutiforme,
décorées :
Deux plaques-boucles de ce type ont été découvertes dans le sarcophage 15 de la rue
Saint-Jean : D.91.5-23 et D.91.5-24 (fig.9 et cf. annexe 2, photos n°25 et 26, p.149). La
première, en alliage de cuivre, mesure 43 mm de long, 16.7 mm de largeur, et 11,3 mm
d’épaisseur (plaque)
201
. Il s’agit d’une petite-plaque boucle articulée à plaque triangulaire.
Cette dernière a été réalisée en intégrant quatre légères excroissances. Elle est biseautée. Au
revers, nous pouvons observer la présence de trois bélières. La boucle qui lui est fixée, est
ovale et aplatie. Son ardillon à base scutiforme, possède un décor de cordes. Sa partie distale
ne repose pas sur l’arc de la boucle. La deuxième, également en alliage cuivreux, mesure 45
mm de long, 16,9 mm de largeur, (plaque), et 6.9 mm d’épaisseur. Cette plaque-boucle
articulée est légèrement plus longue que la précédente. Sa plaque biseautée ne possède que
deux excroissances dont les arrêtes sont plus vives. Tout comme la précédente, son revers
possède trois bélières. Sa boucle présente les mêmes caractéristiques que précédemment : elle
est ovale et aplatie. Son ardillon scutiforme a un décor de cordes, sa partie distale ne repose
201
Pour le détail des mesures se référer au catalogue n°D.91.5-23 et D.91.5-24 de l’annexe 5, p.211-212.
62
pas sur cette dernière contrairement à sa partie proximale. De la corrosion subsiste sur cet
objet, masquant une partie de la plaque et de la boucle.
La thèse de Fr. Stutz rassemble plusieurs éléments de garnitures de chausses ou de
jarretières. Nous décidons de comparer ces objets à ceux présents dans le site de Venerque en
région Midi-Pyrénées, au lieu-dit Monfrousi (fig.12). Le site concerne un cimetière (près du
cimetière actuel), fouillé au XXe siècle (la date exacte nous est inconnue). Il s’agit d’une
petite plaque-boucle de chausses ou de jarretières en bronze. Elle présente les mêmes
caractéristiques que celles de Coutras d’un point de vue formel (plaques trapézoïdales). Elle
est ornée d’un décor de tresses. La boucle est de forme ovale, son ardillon a disparu. Elle
mesure 60 mm de long et 28 mm de largeur 202. Le mobilier a été daté de la deuxième moitié
du VIe-VIIe siècle après J.-C 203.
Figure 12: Plaque-boucle de chausses ou de jarretières du site de Venerque (dessin: Fr. Stutz).
202
STUTZ, Fr. (2003), vol.3 p.794-795, vol.2, pl.40, p.398.
203
Id., (2003), vol.3, p.794, vol.3, p.794.
63
Passes-courroies :
Figure 13: Objets de parure de Coutras: catégorie passes-courroies (dessins: H. Texier).
Passes-courroies simples en forme de « U » :
Deux passes-courroies en alliage de cuivre ont été trouvés dans le sarcophage 15 de la
rue Saint-Jean de Coutras : D.91.5-25 et D.91.5-26 (fig.13 et cf. annexe 2, photos n°27 et 28,
p.150). Le premier est simple composé de deux lamelles en forme de « U » (arrondies à
l’extrémité), deux petits rivets, présents dans la partie supérieur, permettent de pincer ces
deux lamelles entre elles. Il mesure 36 mm de long, 14 mm de largeur, et 4 mm d’épaisseur.
Le deuxième est identique, il présente les mêmes mesures. Deux petits rivets pincent les deux
lamelles dans la partie supérieure. Notons qu’au revers, un des rivets n’est pas visible,
contrairement au passe-courroie précédent. Ce type d’objet se retrouve régulièrement dans les
sites du haut Moyen Age, associé à des éléments de chausses ou de jarretières.
Le site de Neujon à Monségur en Gironde, en a livré un exemplaire, dans le secteur
extérieur à la basilique. Comme le montre le dessin ci-après (fig.14, a), présenté dans la thèse
de Fr. Stutz 204, ce passe-courroie présente des similitudes d’un point de vue formel avec ceux
de Coutras (forme allongée en « U », à l’extrémité arrondie, sans décor). Il est cependant plus
petit que les passe-courroies coutrillons. En effet, il mesure 28 mm de long, 9 mm de largeur,
204
STUTZ, Fr. (2003), vol.3, p.655-657, vol.2, pl.41, p.399.
64
et 2 mm d’épaisseur. Un seul rivet est présent sur cette lamelle simple. Il est daté du VIe
siècle 205.
Figure 14: Figure « a » : Passe-courroie du site de Neujon Monségur (dessin S. Camps). Figure "b": Passecourroie du site de Jau-Dignac et Loirac (dessin I. Cartron?).
Le site de Jau-Dignac et Loirac (Gironde) fouillé entre 2001 et 2009 par I. Cartron et
D. Castex, a livré du mobilier similaire. Il s’agit d’un site du haut Moyen Age (VIIe siècle).
Une église et une nécropole familiale ont été implantées sur les ruines d’un édifice galloromain (présence d’un hiatus d’occupation). Dans la sépulture 13 de la zone 1 (dans le carré
VI-3), contenant un individu adulte, un passe-courroie en métal blanc (alliage blanc) a été
trouvé au niveau des fibulas, associé à une plaque-boucle de chausse (fig.14, b) 206. Deux
lamelles simples sans décor, sont pincées par deux petits rivets dans la partie supérieur. Il
mesure 40 mm de long, 15 mm de largeur, pour une épaisseur comprise entre 0.5 et 2 mm 207.
R. Legoux et P. Périn propose une datation pour ce type d’objet allant du MA 1 (470/480 à
520/530) au MR 1 (600/610 à 630/640) 208. Ce mobilier a été daté par association avec le reste
du mobilier (plaque-boucle) entre le MR1 et le MR2 (630/640 et 660/670) 209.
205
Id., (2003), vol.1 p.112.
206
CARTRON, I. (2003), catalogue p.95-99.
207
CARTRON, I. (2003), catalogue p.97.
208
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
209
CARTRON, I. (2003), catalogue, p.96-97.
65
Rivets :
Figure 15: Objets de parure de Coutras: catégorie rivets (dessins: H. Texier).
Rivets hémisphériques décorés :
Trois rivets hémisphériques en alliage cuivreux ont été retrouvés dans le sarcophage 6
de la rue Saint-Jean de Coutras : D.91.5-15 et D.91.5-16, D.91.5-17 (fig.15 et cf. annexe 2,
photos n°22 à 24, p.148). Le premier est constitué d’une bélière (dont une partie de
l’extrémité distale est manquante) surmontée d’un dôme. Un décor radié orne ce dernier. Ce
rivet mesure 15 mm de longueur, 15 mm de largeur, pour une épaisseur de 8 mm, pour le
dôme et 3 mm pour la bélière. Le deuxième présente les mêmes caractéristiques. En effet, sa
bélière est également rompue. Il mesure 14 mm de long, 14 mm de largeur, pour une
épaisseur de 8 mm pour le dôme et de 2.5 mm pour la bélière. Le troisième rivet ressemble
aux précédents. Néanmoins, la bélière est intacte. Une partie du dôme est néanmoins tronquée
sur le côté. Nous pouvons également noter qu’il est plus fin que les précédents. En effet, il
mesure 14 mm de long, 12 mm de largeur pour une épaisseur de 3 mm pour le dôme et la
66
bélière. Nous pouvons signaler que le schéma de ces radiations présente des différences d’un
dôme à l’autre. Ce type d’objet est associé à des boucles de ceinture.
Nous pouvons comparer ces rivets avec ceux présents dans le site de Mourel de la
Valentine à Ouveillan (Aude, région Languedoc-Roussillon). En effet, dans un sarcophage
trapézoïdal contenant une réduction, ont été trouvés une boucle de ceinture associée à trois
rivets en bronze. Ces derniers sont constitués d’une bélière surmontée d’un dôme présentant
le même décor radié que ceux de Coutras (fig.16). Les mesures des rivets, présentés dans la
thèse de Fr. Stutz, ne nous sont pas proposées ; d’après l’échelle proposée au ½, il semblerait
qu’ils mesurent 18 mm de long, pour une largeur maximale de 12 mm (leur profil n’est pas
dessiné) 210.
Figure 16: Boucle et rivets hémisphériques à décor radié d’Ouveillan (Aude) (dessin Fr. Stutz).
La nécropole mérovingienne de Longueil-Annel (Oise, en région Picardie) a livré du
mobilier similaire 211. Un rivet hémisphérique (fig.17, n°8) à décor radié a été rencontré dans
une fosse de forme trapézoïdale matérialisée par la présence d’un sarcophage en bois
contenant la sépulture 162 212. Comme celui de la rue Saint-Jean et d’Ouveillan, il présente
une bélière surmontée d’un dôme. Son décor radié s’articule autour d’un œillet central. Il
mesure 13 mm de long, 12 mm de largeur. Dans le même site, un autre rivet plus petit a été
retrouvé dans la terre de brassage de la fosse non aménagée de la sépulture 218 (fig.17,
n°11). 213 Il présente les mêmes caractéristiques physiques, sans l’œillet central et mesure 8
mm de long, pour une largeur de 6 mm (dôme). Les chercheurs les ont datés entre 530 et 590
210
STUTZ, Fr. (2003), vol.3, p.683, vol.2, pl.13, p.372.
211
FREVILLE, C., R. JOURNA (1994), p. 87-178.
212
Id., (1994), p.149. Illustration des rivets : p.121 n°9 et 11.
213
Id., (1994), p.149.
67
après J.-C 214. R. Legoux et P. Périn proposent quant à eux, une datation allant du MA 1
(470/480 à 520/530) à la première moitié du MA 2 (520 à environ 545) 215.
Figure 17: Rivets hémisphériques de Longueil-Annel (Oise). Fig. 8: rivet de S162. Fig. 11: rivet de S218
(dessins : C. Fréville et R. Journa).
Plaques-rivets scutiformes :
Deux plaques-rivets en alliage cuivreux et fer ont été retrouvées dans le
sarcophage 3 de la rue Saint-Jean de Coutras : D.91.5-3 et D.91.5-4 (fig.15 et cf. annexe 2,
photo n°14, p.144). La première mesure 16 mm de long, 15.5 mm de largeur, et 12 mm
d’épaisseur. Il s’agit d’une bélière surmontée d’une plaque à base scutiforme, sans décor. Son
extrémité distale est brisée et a disparu. La deuxième, présente les mêmes caractéristiques.
Néanmoins, elle est intacte. Elle mesure 27 mm de long, 16.5 mm de largeur, pour une
épaisseur de 11 mm. Tout comme les rivets hémisphériques, leur rôle était de maintenir le cuir
replié autour des boucles.
Nous pouvons citer en exemple, les rivets présents dans le site de La Mouline à SaintFirmin-des-Prés (Loir-et-Cher), précédemment présenté 216 (fig.18, a). Il s’agit de trois plaquerivets scutiformes trouvées dans la sépulture 193. Elles ont été retrouvées, associées à une
boucle massive de ceinture. Elles présentent des mesures identiques : il est fait mention de 26
mm de long 217.
214
Id., (1994), p.149.
215
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
216
BURNELL, S., E. LORANS et Ch. THEUREAU (1994), p. 184, ill. n°193 p.183.
217
Id., (1994), p.184.
68
Figure 18: Figure a: rivets scutiformes du site de La Mouline à Saint-Firmin-des-Prés (dessins : L. Meslin et
B. Rialland). Figure b: rivets scutiformes et boucle de ceinture du sarcophage 36 de la basilique Saint-Denis
(dessins Florence André).
Le site de la basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a également livré de nombreux
exemplaires de plaques-rivets. C’est le cas du sarcophage 36, deux en ont été trouvées
associée à une boucle massive de ceinture. Elles mesurent 16.8 mm et 16 mm de long, pour
une largeur de 8.8 mm et 9 mm 218 (fig.18, b). Ce type de rivet est présent de façon homogène
dans l’ensemble de la Gaule durant le haut Moyen Age. Il est plus fréquent que le type
précédent. R. Legoux et P. Périn proposent une datation allant de la deuxième moitié du MA 1
(environ 500 à 530) au MA 3 (560/570 à 600/610) 219.
Rivet quadrangulaire de chausses ou de jarretières:
Un rivet quadrangulaire en alliage cuivreux a été observé dans le sarcophage 15 de la
rue Saint-Jean de Coutras : D.91.5-27 (fig.15 et cf. annexe 2, photo n°29, p.151). Il s’agit
d’une petite contre-plaque de garniture de chausses ou de jarretières. Elle mesure 16 mm de
long, 16 mm de large pour une épaisseur max. de 8 mm. Elle présente un décor biseauté.
Quatre bélières sont visibles au revers (d’une longueur de 7 mm pour une épaisseur de 2.5
mm).
Nous avons trouvé des exemplaires similaires, dans le sarcophage 49 (dit d’Arégonde)
de la basilique Saint-Denis 220 (fig.19), associés à des garnitures de chausses : plaques-boucles,
218
FRANCE-LANORD, M.-F.-A. (1998), p.II-85 et II-86, ill. p.131.
219
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
220
FRANCE-LANORD, M.-F.-A. (1998), II-150, ill. p.110.
69
contre-plaques et passe-courroies stylisés. Deux rivets quadrangulaires, en alliage de cuivre et
argent, ornaient chacune des jambes du défunt. Les rivets du genou gauche mesurent 20.5 mm
et 21.5 mm de long, pour une largeur de 20.5 mm et 21.5 mm, pour une épaisseur d’1 mm et
0.8 mm. Les rivets du genou droit mesurent 20.2 mm et 23.5 mm de long, 19.3 et 22.2 mm de
large pour une épaisseur de 0.5 et 0.9 mm. A l’origine, quatre petits rivets ornaient l’avers de
chacune des contre-plaques. Aucune information ne nous a été fournie quant au revers de ces
objets. Ils ont été datés par association avec les passe-courroies de style animalier II, au MA
3-MR 1 221 (560/570 à 630/640 après J.-C.).
Figure 19: Garnitures de chausses ou de jarretières, sarcophage 49 de la basilique Saint-Denis (dessins Fl.
André).
221
PERIN, P., Th. CALLIGARO (2005), p.199.
70
Epingles :
Figure 20: Objets de parure de Coutras: catégorie épingles (dessin H. Texier).
Epingle à corbeille ajourée, ouvragée :
Une épingle de ce type a été retrouvée dans le sarcophage 6 de la rue Saint-Jean de
Coutras : D.91.5-18 (fig.20 et cf. annexe 2, photo n°37, p.155). Elle mesure 81.5 mm de long,
13 mm de largeur (corbeille) pour une épaisseur de 3 mm (tige). Cette épingle dont la tige est
en alliage de cuivre, est surmontée d’une corbeille ajourée en or à décors filigranés composés
de palmettes. Douze perles en pâte de verre étaient serties au niveau supérieur de cette
dernière (trois ont disparu) et s’articulaient autour d’une bâte sertissant une perle centrale plus
volumineuse. Chaque perle était alternée d’une granulation d’or. La couleur de ces perles
varie. Les matériaux utilisés, la finesse du travail d’orfèvrerie et les jeux de couleurs, devaient
conférer à cet objet remarquable une importance particulière.
Au fil de nos recherches, nous avons trouvés de nombreux objets s’apparentant de près
ou de loin à cette épingle. C’est le cas, en région parisienne, d’une paire de boucle d’oreilles
retrouvée dans le sous-sol de la basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) dans le sarcophage
49 (dit d’Arégonde) (fig.21). Ce site a été fouillé en 1959 par Michel Fleury. Cette boucle
d’oreille en or présente une corbeille ajourée à décor filigrané de palmettes, surmontées d’une
frise de granulation. Une bâte disposée au niveau supérieur sertissait une perle qui a disparu.
Un anneau de soutien vient renforcer la corbeille fixée sur l’anneau. Selon P. Périn, ce type de
71
boucle d’oreille est de tradition byzantine, variante d’un type italo-lombard dont la corbeille
est datable du MA 3 (560/570 à 600/610) ou du MR 1 (600/610 à 630/640) 222.
Figure 21: Boucle d'oreille dite d'Arégonde retrouvée dans le sarcophage 49 de
la basilique Saint-Denis.
Nous pouvons citer la découverte d’une boucle d’oreille en or trouvée à Bordeaux lors
des fouilles de la place Camille Julian entre 1989 et 1990 (fig.22, a). Elle mesure 18.5 mm de
long, pour un diamètre de 29 mm (anneau) et de 10.3 mm (corbeille) 223. On retrouve le même
décor filigrané que les précédentes. Une bâte surmonte la corbeille, la pierre qui lui était sertie
a disparu. Cette boucle d’oreille est datée du VIIe siècle.
Une autre boucle d’oreille en or a été trouvée sur le site de Jonzac (Charente Maritime,
région Poitou-Charentes), dans un sarcophage mérovingien fouillé par Léopold Maurel à
l’emplacement de l’actuel parvis de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais en 2009 (fig.22, b).
Moins bien conservée que les précédentes, elle présente toutefois les même caractéristiques.
Nous n’avons pas trouvé de dimensions concernant cette boucle d’oreille. Par comparaison
aves les autres, nous pouvons prétendre à la même datation.
222
PERIN, P., Th. CALLIGARO (2005), p.197.
223
FEUGERE, M. (2012), chap.2, p.391.
72
Figure 22: Figure "a": Boucle d'oreille découverte place Camille Julian à Bordeaux (cliché: L. Gauthier,
Mairie de Bordeaux). Figure « b » : Boucle d'oreille de Jonzac (cliché : N. Bertin).
Il est question de la découverte à Jouy-le-Comte (Val d’Oise) d’une épingle à corbeille
ajourée d’or (fig.23). A notre connaissance, aucune documentation ne mentionne ses
dimensions. Elle aurait été datée de la première moitié du VIe siècle après J.-C 224. Le décor
est sensiblement identique à celui de Coutras. Une tige, probablement en alliage cuivreux, est
surmontée d’une corbeille ajourée d’or. Celle-ci est ornée de palmettes filigranées. Les bâtes
qui les surmontent devaient contenir des perles aujourd’hui disparues.
Figure 23: Figure en contrebas, épingle à corbeille fermée retrouvée à Jouy-le-Comte, acquise et conservée à
Saint-Germain-en-Laye depuis 1878 (cliché: RMN-Grand Palais : Musée d'Archéologie Nationale/ G. Blot).
224
CATTEDDU, I. (2009), p.69 ; pl. p.68.
73
Enfin, nous pouvons signaler la présence d’une autre épingle similaire, conservée au
Musée Carnavalet (fig.24). Elle a été retrouvée dans le cimetière de l’église des SaintsApôtres (dédiée à Pierre et Paul, devenue aujourd’hui Sainte-Geneviève). Aucune mention
n’est faite sur le type de contenant de la sépulture. Elle mesure 67 mm de long 225. Sa tige en
argent est surmontée d’une corbeille en argent doré à décor filigrané de palmettes de facture
plus grossière que les précédentes. Une frise de granulations orne le sommet de cette dernière
et s’articule autour d’une bâte qui pouvait contenir un grenat ou du verre ; elle a été datée du
VIIe siècle après J.-C. 226
Figure 24: Epingle conservée au Musée Carnavalet (cliché P. Pierrain).
Les datations de ce type de mobilier ne sont pas homogènes. Elles semblent être en
usage entre la fin du VIe siècle et le VIIe siècle. Néanmoins, il est difficile de discerner les
originaux des copies tardives. De plus, tous ces objets présentent les mêmes caractéristiques:
des corbeilles filigranées à décor de palmettes serties de perles, dans des matériaux nobles. Ce
type d’orfèvrerie est-elle une production de type aquitain ? diffusée au monde franc ? Aucune
225
PERIN, P. (1985) : Collections mérovingiennes…, ill. 53, p.166,.
226
Voir la notice de Fl. Meunier concernant cette épingle sur le site du Musée Carnavalet
http://www.carnavalet.paris.fr/fr/collections/epingle.
74
étude n’a été réalisée sur ce point. Il serait donc intéressant d’élargir l’échantillonnage et
d’étudier les courants de diffusion de ce type de mobilier.
Epingles à corbeille fermée :
Une épingle de ce type a été retrouvée dans le sarcophage 7 de la rue Saint-Jean de
Coutras (fig.20 et cf. annexe 2, photo n°34, p.153) : D.91.5-21. Cet objet remarquable est
cependant perdu. La seule description que nous ayons provient d’un dessin réalisé par B.
Chieze et d’une photographie en vue zénithale dans le rapport de fouilles 227. Selon l’échelle
mise à disposition, nous savons qu’elle mesurait 20 mm de long, pour 13mm de largeur
(corbeille). Seule la tête était conservée. Un bout de tige, probablement en alliage cuivreux,
était surmonté d’une corbeille fermée dont il est fait mention dans le rapport de fouille qu’elle
était en or. A son sommet était sertie une perle en pâte de verre bleutée placée dans une bâte
autour de laquelle s’articulait une frise granitée. Peu de comparaisons ont pu être faites pour
cet objet.
Nous avons trouvé un exemple présent dans la thèse de Fr. Stutz. Il s’agit d’une
épingle en bronze retrouvée dans un cimetière mérovingien, installé à l’emplacement d’une
villa du Bas-Empire dans le site La Turraque (Beaucaire-sur-Baïse, en région Midi-Pyrénées)
(fig.25). Elle provient de la tombe 73 qui contenait une réduction contre la paroi de la cuve.
Cette épingle mesure 66 mm de long, sa tige brisée est fragmentaire. Le catalogue de Fr. Stutz
indique que tous les dessins de la planche présentant cette épingle, sont réalisés à l’échelle ½.
Néanmoins, nous souhaitons mettre en garde le lecteur sur cette donnée. En effet, il semble
que cette échelle ne concerne que les objets ayant été dessinés par l’auteure. L’épingle de La
Turraque a été dessinée par P. Venzac : l’échelle inscrite ½ ne convient alors plus. Dans ces
circonstances, il nous est impossible de déterminer des mesures approximatives de la
corbeille. Celle-ci était sertie d’une bâte quadrangulaire contenant une pierre 228.
227
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
228
STUTZ, Fr. (2003), vol.3, p.479-490, vol.2, pl.75, p.435.
75
Figure 25: A gauche : Epingle du site de Beaucaire-sur-Baïse dans la thèse de Fr. Stutz (dessin P. Venzac). A
droite : Epingle conservée au Musée Alfred Danicourt à Péronne en Picardie (cliché: D. DE SOUSA, musée
Alfred Danicourt, Picardie).
Nous pouvons signaler la présence d’une épingle de ce type conservée au Musée
Alfred Danicourt à Péronne en Picardie (fig.25). Elle mesure 93 mm de long, 13 mm de
diamètre (corbeille). Elle est en bronze doré, sa corbeille en forme de cône, maintenue par
quatre pinces, est constituée de cinq grenats cloisonnés. Sa partie distale forme un crochet 229.
D. de Sousa 230, directeur du Musée Alfred Danicourt, nous informe que cette épingle (numéro
d’inventaire du musée : J.130) « fait partie des objets achetés au XIXe siècle par le fondateur
Alfred Danicourt et légués au musée ». Selon lui, ces objets venaient tous de la moitié nord de
la France, et souvent de la Somme (Barleux, Marchélepot, etc.). Il nous informe également
que « l’épingle est mentionnée dans l’inventaire (après décès du fondateur) réalisé en 1887.
Par la suite, dans un registre manuscrit datant des années 1930, le conservateur Félix Louis
(qui travaillait déjà au musée avant 1914), la désignait comme « épingle longue en or, à tête
de forme demi-olive, dont le plat est cloisonné de quatre grenats, VIIIe siècle ». La
provenance n’est pas indiquée 231. R. Legoux et P. Périn propose pour ce type d’objet une
229
Voir la notice 1713 de D. De Sousa sur le site de la Joconde.
230
Nous souhaitons remercier tout particulièrement D. de Sousa directeur de Musée Alfred Danicourt de Péronne
en Picardie, pour nous avoir fournis aussi rapidement toutes ces informations.
231
D. De Sousa ajoute : « le musée fut rasé entre 1916 et 1918. Seuls 5% des objets furent sauvés, enterrés par le
conservateur. A part quelques bribes manuscrites…pas de traces de l’ancien inventaire. L’épingle faisait partie
de ces trésors soustraits à l’intérêt allemand. Par ailleurs, la même démarche fut à nouveau rendue nécessaire en
1941. »
76
datation allant de la première moitié du MA 2 (environ 545 à 570) au MA 3 (560/570 à
600/610) 232.
De même que les précédentes épingles filigranées, la datation des épingles à corbeilles
fermées semble également poser problème. Aucune étude n’a jamais été véritablement
réalisée et il semblerait que les datations proposées soient identiques aux précédentes.
Néanmoins, leur facture nettement moins travaillée n’en font-elles pas des épingles plus
anciennes ? Toutes ces questions devraient faire l’objet d’une étude à part entière sur les
épingles ouvragées du haut Moyen Age.
Epingles simples à polyèdre :
Une épingle de ce type a été retrouvée dans le sarcophage 6 : D.91.5-14 (Cf. Annexe 3,
dessin n°15, p.165). Cette épingle fragmentaire brisée en trois parties mesure 52.4 mm de
long, 3.8 mm d’épaisseur (tête), pour un diamètre d’1.8 mm à la tige. Elle est en alliage
cuivreux, de facture simple et présente une tête polyédrique, sa partie distale a disparu.
Le site, précédemment présenté, de la basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), en a
livré un exemplaire dans le sarcophage n°47 (fig.26). Il s’agit d’une épingle à tête
polyédrique, en argent de 74.5 mm de long pour un diamètre à sa tête de 3.6 mm, son
extrémité distale est pointu 233. Ce type d’épingle est attesté depuis l’âge du bronze. Fournir
une datation s’avère donc difficile. L’association avec les autres objets de la sépulture
permettra probablement de fournir une datation plus fine pour l’épingle coutrillonne.
Figure 26 : Epingle d'argent contenue dans le sarcophage 47 de la basilique Saint-Denis (dessin : Fl. André).
232
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
233
FRANCE-LANORD, M.-F.-A. (1998), p. II-117.
77
Bijoux :
Figure 27: Objets de parure de Coutras: catégorie bijoux (dessin H. Texier, cliché : Musée d’Aquitaine,
Bordeaux, 1982).
Anneau en alliage de cuivre:
Un anneau en alliage cuivreux a été retrouvé dans le sarcophage 6 de la rue Saint-Jean
de Coutras D.91.5-11 (fig.27 et cf. annexe 2, photo n°19, p.146). De section ovale, il mesure
28 mm de diamètre extérieur, 18mm de diamètre intérieur, pour une épaisseur de 4 à 5 mm.
En effet, l’anneau présente une épaisseur plus fine dans sa partie inférieure. Deux anneaux
similaires ont été trouvés en région Centre dans la nécropole du haut Moyen Age de la
Mouline à Saint-Firmin-des-Près (sépulture 19 et sépulture 194), (fig.28). En bronze massif et
de section quasi ronde, l’anneau de la sépulture 19 mesure 52 mm de diamètre extérieur.
L’anneau de la sépulture 194, en bronze, de section ovale, mesure, quant à lui, 22 mm de
diamètre 234.
234
BURNELL, S., E. LORANS et Ch. THEUREAU (1994) p. 178 et 184. ill. p.179 et p.183.
78
Figure 28: A gauche anneau de la sépulture 194. A droite anneau de la sépulture 19 du site de la Mouline
(dessin: L. Meslin et B. Rialland).
Ce type d’objet métallique ne peut être daté car il ne possède aucun critère particulier
susceptible de le distinguer des anneaux simples fabriqués durant de nombreux siècles. Seule
la datation de l’ensemble de la sépulture qui lui est associée permettra de fournir une
chronologie.
Perle en pâte de verre :
Une perle en pâte de verre a été retrouvée dans le sarcophage 3 : D.91.5-5 (fig.27 et
annexe 2, photo n°33). Cet objet a malheureusement disparu. Le dossier d’œuvre établi par B.
Derion (Musée d’Aquitaine) la mentionne mais a été interprété comme étant une fusaïole.
Nous apprenons qu’elle mesurait 28 mm de diamètre, pour une épaisseur de 15 mm, de
couleur oscillant entre le vert et le bleu foncé. Ce type d’objet est présent assez régulièrement
dans les sites du haut Moyen Age. Une datation est impossible à effectuer.
79
Tissus précieux:
Figure 29: Objets de parure de Coutras: catégorie voile (cliché Musée d'Aquitaine 1982).
Fils d’or :
Plusieurs fils d’or ont pu être observés dans les sarcophages 7 et 6 (fig.29 et cf. annexe
2, photo n°36, p.154). Il serait intéressant de réaliser des analyses à la loupe binoculaire afin
d’étudier la trame de ces vestiges mais également chimiques dans le but d’établir le
pourcentage d’or contenu. De nombreux sites du haut Moyen Age ont pu révéler la présence
de fil d’or dans des sépultures à la fois masculines et féminines. C’est le cas de quatorze
sarcophages de la basilique Saint-Denis. Seuls trois d’entre eux (9, 28 et 49) ont pu cependant
faire l’objet de prélèvements, et de radiographies 235. Nous pouvons signaler la présence de fils
d’or retrouvés dans le site de Jonzac (Poitou-Charentes), précédemment présenté. Un des
sarcophages des Ve-VIe siècles (le n° XX) trouvé dans le niveau supérieur du cimetière de
l’abbaye Saint-Victor de Marseille (région Provence-Alpes-Côte d’Azur), a également révélé
la présence d’une sépulture féminine contenant des fils d’or. Ces derniers venaient rehausser
une tunique de soie 236. Les fils retrouvés dans la rue Saint-Jean de Coutras sont difficiles à
restituer dans leurs positions primaires, les résidus ayant été retirés et mélangés.
235
Id., (1998), p.195-207.
236
FIXOT, M., J.-P. PELLETIER (2009), p.220.
80
II. 2. C. Présentation typochronologique des objets déposés
Ce chapitre traite des objets déposés. Il s’agit alors de regrouper tous les éléments qui
ont été déposés intentionnellement auprès du défunt. Après observation minutieuse de
l’ensemble du mobilier, nous avons établi différentes catégories : armes, aumônières et objets
de toilette 237. Nous allons décrire chaque objet et tenter, dans la mesure du possible, de
proposer une datation.
Les armes :
Figure 30: Objets déposés de Coutras: catégorie armes (dessins: H. Texier).
Les couteaux :
La majorité du mobilier rencontré dans les sarcophages de la rue Saint-Jean de Coutras
est constituée de lames brisées de couteaux. Seulement quatre exemplaires ont relativement
237
Nous devons rappeler qu’une monnaie a pu être identifiée D.95.5-55. Nous ne la conterons pas dans cette
étude, car elle est soumise à la restauration. C’est également le cas de l’objet sous gangue D.91.5-61.
81
bien conservé leur forme originelle et sont présentés. C’est le cas des objets D.91.5-9, D.91.5t28, D.91.5-39 et D.91.5-44 (fig.30). Les autres ne représentant que des fragments de lames,
parfois en mauvais état de conservation, ne sont pas traités 238. Le premier couteau étudié :
D.91.5-9 (Cf. Annexe 3, dessin n°11, p.163), a été retrouvé dans le sarcophage 3. Il semble
être en fer. Il est relativement long et mesure 164 mm de long, 18 mm de largeur pour une
épaisseur de 11 mm. Il présente un dos et une lame droite. L’extrémité proximale du couteau,
anciennement tronquée, présente une pointe carrée dans l’axe de sa lame. Son tranchant est
droit.
Le second couteau (D.91.5-28), (Cf. Annexe 3, dessin n°26, p.170), également long, a
été retrouvé au sein du sarcophage 15. Probablement en fer, il mesure 177 mm de long, 25
mm de largeur pour une épaisseur de 6 mm. Nous pouvons observer, la présence d’une
délimitation nette entre lame et soie, absente dans le couteau précédent. Son dos est droit, son
tranchant, quant à lui, est courbe.
Le troisième couteau (D.91.5-39), (Cf. Annexe 3, dessin n°40, p.178), plus petit, a été
trouvé dans le sarcophage 3 et semble également être en fer. Il mesure 101 mm de long, 20
mm de largeur et 4.7 mm d’épaisseur. Sa lame et son tranchant courbes ont été très rongés et
peuvent rappeler ainsi des lames de forces. Néanmoins, aucun élément pouvant constituer la
seconde partie d’une force n’a été rencontré et sa partie distale est trop épaisse pour en être
une.
Enfin le quatrième couteau (D.91.5-44), (Cf. Annexe 3, dessin n°45, p.180),
relativement bien conservé, a été rencontré dans le sarcophage 15. Il semble être en fer et
mesure 122.6 mm de long, 16,6 mm de largeur pour une épaisseur de 6,4 mm. Un poster
réalisé par D. Barraud et B. Chieze dans les années 1980, semblait indiquer que ce fragment,
associé à un autre élément de lame (peut-être D.91.5-45) constituaient un couteau plus long.
Ce type d’objet est très fréquent dans les sépultures masculines et féminines du haut
Moyen Age dans l’ensemble de la Gaule. L’association avec le reste du mobilier peut
permettre de lui fournir des éléments de datation. La figure 31, présente quelques exemplaires
238
C’est le cas des objets : D.91.5-40 ; D.91.5-41 ; D.91.5-42 ; D.91.5-43 ; D.91.5-45 ; D.91.5-46 cf. Annexe 5,
catalogue.
82
de couteaux retrouvés dans le site de Longueil-Annel (Oise, en région Picardie) 239. La thèse de
Fr. Stutz présente également de nombreux couteaux 240.
Figure 31: Couteaux retrouvés dans la nécropole de Longueil-Annel (Oise) (dessins : C. Fréville et
R. Journa).
239
FREVILLE, C., R. JOURNA (1994), p. 109.
240
STUTZ, fr. (2003), vol.2, ill. 93, p.452.
83
Scramasaxe :
Le scramasaxe est un couteau long à un seul tranchant qui semble apparaître en
Occident à partir du Ve siècle après J.-C 241. Son origine est très controversée, il proviendrait
de modes « danubiennes » 242. Le sarcophage 15 de la rue Saint-Jean en a livré un exemplaire :
D.91.5-33 (fig.30). Il semble être en fer et mesure 304 mm de long, 35 mm de largeur pour 6
mm d’épaisseur. Le poster précédemment mentionné, semble révéler qu’à l’origine, une garde
imposante, probablement en matériau périssable (bois), composé d’éléments dorés, y était
accolée (fig.32). Cet objet présente un dos droit et un tranchant courbe très abimé. La partie
distale de la lame est tronquée. Sans analyse métallographique, il est impossible de dater ce
scramasaxe. Ce type de mobilier est souvent rencontré dans les sépultures mérovingiennes. R.
Legoux et P. Périn propose une chronologie allant de la deuxième moitié du MA 2 (environ
545 à 570) au MA 3 (560/570 à 600/610) 243.
Figure 32: Détail du scramasaxe présent dans la reconstitution du sarcophage 15.
Douille ? Carreau d’arbalète ?
Un objet métallique difficile à déterminer a été trouvé dans le sarcophage 7 de la rue
Saint-Jean de Coutras : D.91.5-22 (fig.30). Il présente à son extrémité, une forme ronde
évasée ; creuse jusqu’à sa partie médiane et pleine jusqu’à sa partie distale. Il mesure 72 mm
de long, pour un diamètre (partie proximale) de 17 mm. L’épaisseur de la paroi évasée est de
3.2 mm, celle de sa partie distale : 6.5 mm. Nous pensions qu’il pouvait s’agir d’une douille
241
LEBEDYNSKY, I. (2001), p.147.
242
Id., (2001), p.152.
243
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
84
de pointe de flèche dont la flamme n’avait pas encore été étirée. Néanmoins, les recherches
expérimentales réalisées par J. Sainty et J. Marche 244, nous ont écartés de cette voie. Comme
l’atteste le schéma de réalisation d’une pointe de flèche (fig.33), il semble impossible que
l’objet D.91.5-22 de Coutras soit le produit non fini d’une pointe de flèche. Sa morphologie
nous a également évoqué celle du carreau d’arbalète (fig.34). Présente à l’époque romaine,
sous le nom de scorpio comme étant une arme de siège, l’arbalète telle que nous nous la
figurons aujourd’hui, est plus d’époque médiévale. Néanmoins, l’objet coutrillon présentant
une forme quasi circulaire en coupe, dans sa partie distale, nous contraint à réfuter cette
hypothèse. En effet, le carreau d’arbalète forme en coupe, comme son nom l’indique, un
carreau et non un cercle. Dans l’état actuel des connaissances, il nous est impossible de
déterminer la nature de cet objet et donc de lui attribuer une datation.
Figure 33: Chaîne opératoire des différents états de mise en forme d'une pointe de flèche (J. Sainty et J.
Marche 2006, p.327).
244
SAINTY, J., J. MARCHE (2006), t.55, p. 323-338, ill. fig. 3 p.327.
85
Figure 34: Exemple de carreaux d'arbalète (cliché http://www.arbalestrie.com/pages/arbalete.php, consulté
le 10/02/13).
Aumônières :
Figure 35: Objets déposés de Coutras: catégorie aumônières (dessins: H. Texier).
Aumônières à protomes :
Deux fermoirs d’aumônière, probablement en fer, auraient été trouvés dans le
sarcophage 3 de la rue Saint-Jean de Coutras : D.91.5-37 et D.91.5-38 (fig.35 et cf. annexe 2,
photo n°40, p.156). Le premier mesure 82 mm de long, 24.8 mm de largeur pour une
86
épaisseur de 5 mm. Le deuxième plus court et plus large que le précédent, mesure 67 mm de
long, 27 mm de largeur pour une épaisseur de 6.6 mm. D’après leur taille, il semblerait qu’ils
ne fassent pas partie de la même aumônière. Ces deux fermoirs de type classique, terminés par
deux protomes zoomorphes, sont attestés au sud de la Loire 245. R. Legoux et P. Périn
proposent dans leur chronologie normalisée une datation du MA 1 (470/480 à 520/530) au
MA 3 (560/570 à 600/610) 246.
Objets de toilette :
Figure 36: Objets déposés de Coutras: catégorie objets de toilette (clichés: Musée d'Aquitaine, Bordeaux,
1982).
Pince à épiler :
Une pince à épiler en alliage cuivreux a été retrouvée dans le sarcophage 3 de la rue
Saint-Jean de Coutras : D.91.5-10 (fig.36). Elle est constituée de mordants trapézoïdaux. Un
anneau de suspension, de forme ovale, est fixé dans la boucle formée par les deux branches de
la pince. Ce dernier, très fragile, a été cassé à maintes reprises et restauré. Afin d’éviter de le
fragiliser d’avantage, il nous a été interdit de la manipuler. Un décor réparti en registre
contenant des ocelles orne l’ensemble de la pince. Une croix est présente dans le registre
245
STUTZ, Fr. (2003), vol.1, p.189.
246
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
87
supérieur. Cet objet remarquable mesure 76 mm de long, 16 mm de large, 13 mm d’épaisseur.
Son anneau de suspension possède un diamètre de 19 mm.
De nombreux exemplaires de ce type de pince à larges mordants ont pu être étudiés.
Nous pouvons citer deux exemples. Celui du site de La Turraque (Gers, région MidiPyrénées), précédemment présenté et celui de Montataire (Oise, région Picardie). La pince à
épiler du site de La Turraque (fig.37), a été retrouvée dans les réductions regroupées au
niveau des jambes du défunt, dans la tombe 43 (sarcophage trapézoïdal) 247. La tombe 99, qui
contenait deux enfants déposés auprès d’un individu adulte, poussé sur le côté, contenait
également une pince à épiler (au niveau de l’adulte). Les deux sont en bronze. La première
mesure 89 mm de long, la deuxième, 78 mm. Leur morphologie rappelle celle de Coutras :
deux branches à mordants trapézoïdaux, forment une boucle dans la partie supérieure. Seule
celle de la tombe 99 présente un anneau de suspension. Aucun décor n’est présent sur ces
pinces à épiler. Elles ont été datées selon la chronologie unifiée de R. Legoux et P. Périn
(« pinces à épiler à larges mors ») aux phases allant du PM (440/450 à 470/480) au MA 2
(520/530 à 560/570) 248.
Figure 37: Les pinces à épiler du site de La Turraque (Beaucaire-sur-Baïse). A gauche celle de la tombe 99, à
droite celle de la tombe 43 (dessin: P. Venzac dans Stutz 2003).
L’exemplaire le plus ressemblant a été retrouvé dans la nécropole mérovingienne de
Montataire (Oise, région Picardie) au sein de la sépulture 9 (fosse aménagée dans le calcaire),
(fig.38). Elle contenait un individu masculin âgé d’une vingtaine d’années 249. Tout comme les
247
STUTZ, Fr. (2003) vol.3 p.485-486, vol.2, pl.83, p.442.
248
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
249
DECORMEILLE-PATIN, Cl., J. BLONDIAUX et Fr. VALLET(1999), p.109, ill. p.108.
88
précédentes, nous pouvons observer la présence de deux branches à mordants trapézoïdaux.
Cette pince à épiler ne présente pas d’anneau de suspension. Tout comme celle de Coutras, un
décor est réparti sous forme de registres horizontaux, contenant des ocelles. Malheureusement
la publication contenant le dessin de cette pince à épiler ne présente pas d’échelle pour cette
sépulture. De plus aucune mention quant aux dimensions de celle-ci n’est présentée dans le
texte. Les chercheurs l’attribuent au VIe siècle après J.-C. Cet objet remarquable de la rue
Saint-Jean de Coutras date probablement du VIe siècle. L’association avec le reste du mobilier
contenu dans ce sarcophage permettra probablement de confirmer cette hypothèse.
Figure 38: Pince à épiler de la sépulture 9 du site de Montataire (illustration dans Decormeille-Patin 1999,
p.108).
Peigne en os :
Les fragments d’un peigne en os ont été trouvés dans le sarcophage 6 de la rue SaintJean de Coutras : D.91.5-20 (fig.36). Très fracturé (trente-et-un fragments subsistent
aujourd’hui), des mesures sont alors impossible à effectuer. Une infime partie du décor a pu
être recollée. Elle présente des bandes horizontales, verticales et latérales formant des figures
triangulaires contenant des ocelles. Ces figures semblent se répéter en frise. Un élément d’une
couche intermédiaire (entre le fond du peigne et la barrette centrale) est présent (Cf. Annexe
5, p.208). Des traces d’incisions faites au moment de la taille des dents du peigne, y sont
présentes. Cependant, aucune dent n’a été retrouvée. Quelques trous sont observables dans
l’os. Ils servaient probablement à fixer la barrette à la couche intermédiaire au moyen de
rivets métalliques. Nous ne pouvons comparer cet objet avec des peignes d’autres sites car
nous en ignorons la morphologie.
89
III. DE L’OBJET A LA SEPULTURE : LA MISE EN
CONTEXTE DU MOBILIER
III. 1. Le sarcophage 3 : une restitution difficile
L’ensemble du mobilier étant à présent daté selon les typochronologies du nord de la France,
nous allons tenter de réviser ces datations en replaçant chaque objet dans son contexte
archéologique et en étudiant les associations au sein de la sépulture.
III. 1. A. Contexte archéologique
La fouille de sauvetage de la nécropole de la rue Saint-Jean de Coutras, a révélé la
présence, dans 90% des cas, d’une réoccupation des sépultures. C’est le cas du sarcophage 3
situé dans le secteur proche de la rue Gambetta (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). En effet, D.
Barraud, B. Chieze ainsi que l’anthropologue R. Riquet, ont noté la présence d’un individu
adulte, tête à l’ouest, pied à l’est, allongé sur le dos, les bras disposés le long du corps.
Quelques petits ossement ont été décelés sur le côté droit de la cuve, révélant la présence d’un
immature 250. Le couvercle de cette dernière, était constitué d’une dalle de calcaire
trapézoïdale en bâtière à quatre pans de 2,13 m de long, pour une largeur à sa tête de 78 cm et
aux pieds de 44 cm. Son épaisseur variait de 10 à 15 cm. Nous savons également, d’après la
fiche de sépulture contenue dans le rapport de fouille, que le couvercle reposait encore sur le
sarcophage lors de sa mise au jour 251. Cependant, des infiltrations de terre avaient rempli une
partie de la cuve. L’ensemble des ossements a été retrouvé dans un état de conservation
relativement mauvais. Les extrémités distales (mains et pieds) étaient absentes.
III. 1. B. Etude de la sépulture
Le mobilier contenu dans ce sarcophage est constitué principalement d’objets de
parure. En effet, la boucle D.91.5-1,2, a été retrouvée au niveau de la poitrine du défunt sur le
côté gauche 252. Comme nous l’avons noté dans le précédent chapitre, il semblerait que ce type
250
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982), fiche squelette sépulture n°3.
251
Id., (1982).
252
Id,. (1982).
90
de boucle date du MA 3 (560/570 à 600/610). Elle était peut-être associée aux plaques-rivets
scutiformes D.91.5-3 et D.91.5-4. Ces deux types de rivets dateraient de la première moitié du
MA 1 (environ 500 à 530) au MA 3 (520/530 à 560/570). La « fiche squelette » du rapport de
fouille ne fait aucune mention quant à sa position dans la sépulture. Néanmoins, une
reconstitution proposée par messieurs B. Chieze et J.-P. Lhomme (Cf. Annexe 3, dessin n°1,
p.157), les situe au niveau de la ceinture abdominale du défunt 253. Trois autres boucles ont été
trouvées. Il s’agit d’une boucle ceintrée, décorée d’ocelles D.91.5-6, dont la datation se
situerait entre le MA 1 (470/480 à 520/530) et le MA 3 (520/530 à 560/570). Une bouclette
rectangulaire décorée d’une croix sur son ardillon D.91.5-7 dont le type daterait du MA 1
(470/480 à 520/530) au MR 1 (600/610 à 630/640) a également été trouvée. Une boucle ovale
à ardillon droit D.91.5-8 est présente dans le sarcophage 3. Ce type de boucle simple possède
une large étendue chronologique du PM (440/450 à 470/480) au MA 3 (560/570 à 600/610).
La « fiche squelette » mentionne l’emplacement de certaines boucles dans le
sarcophage : « une boucle en fer entre les jambes, juste sous le pubis » ainsi qu’une « boucle
en fer sur l’abdomen » 254. La reconstitution nous informe que la boucle D.91.5-8 était celle
située au niveau de l’abdomen, la boucle D.91.5-6 au niveau de la ceinture en contre bas.
Nous pouvons supposer que la bouclette D.91.5-7 était celle présente entre les jambes 255.
Enfin, notons la présence d’une perle en pâte de verre aujourd’hui disparue (D.91.5-5),
trouvée sous le fémur gauche 256
Enfin, trois objets déposés ont été rencontrés au sein de la sépulture. Il s’agit de deux
couteaux D.91.5-9, D.91.5-39 et d’une pince à épiler D.91.5-10. Ces trois derniers éléments
ont été retrouvés sous l’avant-bras droit du défunt 257. Il a été fait mention que la pince à épiler
devait être placée dans une aumônière 258. Serait-il possible que la paire d’aumônière retrouvée
(D.91.5-37 et D.91.5-38), provienne de cette sépulture ?
259
La pince à épiler peut nous
fournir une datation de part la forme de ses mordants et son décor d’ocelles. Il semblerait
253
Id., (1982). Voir reconstitution sépulture 3.
254
Id., (1982)
255
Id., (1982). Voir reconstitution sarcophage 3
256
Id., (1982).
257
Id., (1982).
258
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.76.
259
Cf. supra, II.2.A, p.44-52. Son contexte archéologique étant trop incertain nous n’en tiendrons pas compte.
91
qu’elle soit majoritairement présente au cours du VIe siècle après J.-C, soit du MA 1 (environ
500 à 530) jusqu’au MA 3 (560/570 à 600/610).
Figure 39: Proposition de reconstitution du sarcophage 3 de la rue Saint-Jean de Coutras (dessin H.
Texier).
Il est difficile de proposer une diagnose sexuelle pour cette sépulture car le mobilier
trouvé, notamment le couteau, la pince à épiler et la perle, se rencontre à la fois dans les
tombes masculines et dans les tombes féminines. Nous pouvons noter la qualité de travail
effectué sur les boucles D.91.5-1 et D.91.5-6 et sur la pince à épiler.
Selon les informations du rapport de fouille concernant le contexte archéologique,
l’ensemble du mobilier appartiendrait à un unique individu adulte. Néanmoins, ne peut-il pas
92
y avoir du mobilier résiduel, d’inhumations antérieures ? En effet, la présence de plusieurs
petites boucles et leur emplacement souvent incohérent (entre les jambes), semblent confirmer
cette hypothèse (fig.39). De plus, nous l’avons précédemment évoqué, la fiche squelette du
rapport de fouille fait état d’une perle disposée sous le fémur gauche et de deux couteaux ainsi
qu’une pince à épiler placés sous l’avant-bras droit de l’individu fouillé en 1981 260. Pour que
ces éléments soient présents sous les ossements, cela signifierait qu’ils étaient en place avant
l’inhumation d’un individu « B » fouillé par les archéologues en 1981 et proviendraient alors
d’un premier individu « A », non perçu à la fouille, et dont les restes osseux ont pu être
totalement décomposés voire récupérés ? Ou alors, la sépulture aurait pu être ultérieurement
ouverte et perturbée, par des pilleurs ou terrassiers, replaçant les ossements sur le mobilier.
Néanmoins, aucune mention dans le rapport de fouille n’est faite quant à la disposition de
l’ensemble du squelette. Nous ignorons s’il était en logique anatomique ou si les ossements
étaient dispersés dans la cuve.
D’après les datations des différents mobiliers rencontrés dans cette sépulture et de la
possibilité d’inhumations antérieures, nous proposons une chronologie entre la deuxième
moitié du MA 1 (environ à 500 à 530) et le MA 3 (560/570 à 600/610). Pour plus de clarté,
nous avons réalisé un tableau : les cases grises foncées représentent les périodes de forte
représentativité chronologique, les cases grises claires nous renseignent des périodes de faible
représentativité. Les objets bénéficiant de cases roses, représentent les datations que nous
proposons de la sépulture, lorsqu’il est impossible de les dater par typochronologie 261.
260
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
261
Nous réaliserons les mêmes tableaux pour les trois autres sépultures.
93
Sarcophage 3
Datations
absolues
440/450
à
470/480
470/480
à
520/530
520/530
à
560/570
560/570
à
600/610
600/610
à
630/640
Phases
PM
MA 1
MA 2
MA 3
MR 1
Biseautée
Biseautée
Décorée
Biseautée
Décorée
Biseautée
D.91.5-1
D.91.5-2
D.91.5-3
D.91.5-4
D.91.5-5
D.91.5-6
D.91.5-7
D.91.5-8
D.91.5-9
D.91.5-10
D.91.5-39
94
III. 2. Les sarcophages 6 et 7 : des sépultures privilégiées féminines ?
III. 2. A. Contexte archéologique
Le sarcophage 6 a été retrouvé intacte. En effet, le couvercle était encore parfaitement
scellé à la cuve (Cf. Annexe 2, photos n°7 et 8, p.140-141). Néanmoins, les ossements de
l’individu, également orienté ouest/est, étaient réduits à l’état de poussière d’os. Le rapport de
fouille mentionne que des dents ont été examinées par un dentiste qui aurait estimé l’âge du
défunt à une vingtaine d’années 262. Contrairement au sarcophage précédent, aucun élément
n’est fourni quant à ses dimensions. Nous savons qu’il était trapézoïdal et que des traces
d’outils utilisés pour le débitage étaient visibles sur la pierre au niveau de la tête et sur les
côtés 263. Aucune réoccupation ne semble avoir été opérée dans cette sépulture qui ne
contenait qu’une inhumation primaire.
Le sarcophage 7 était accolé au sarcophage précédant (Cf. Annexe 2, photos n°7 et 9,
p.140-141). Son orientation était légèrement décalée par rapport aux autres. En effet, son axe
recoupait celui du sarcophage 6 (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). Nous savons qu’il avait été
ouvert lors de la pose du trottoir 264. Aucune mention n’a été faite quant aux mesures du
sarcophage ni à l’état de conservation dans lequel se trouvaient les ossements.
III. 2. B. Etude des sépultures 6 et 7
Le sarcophage 6 :
Le mobilier mis au jour dans le sarcophage 6 est constitué d’objets de parure ainsi que
d’objets déposés 265. Un anneau en alliage cuivreux D.91.5-11 a été trouvé ; ses
caractéristiques ne permettent pas de datation. Une boucle de ceinture ronde à ardillon
scutiforme D.91.5-12 est présente dans le sarcophage. Nous avons pu la dater entre la
deuxième moitié du MA 1 (environ 500 à 530) et le MA 3 (560/570 à 600/610). Il semblerait,
d’après la reconstitution faite par B. Chieze et J.-P. Lhomme (Cf. Annexe 3, dessin n°2,
262
Id., (1982).
263
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986) p.75.
264
Id., (1986), p.75.
265
Rappel supra, II.2.b/c, p.53-89.
95
p.158), qu’elle était située au niveau de la ceinture abdominale. Cette dernière était associée à
trois rivets hémisphériques D.91.5-15, 16 et 17. Ce type d’objet, nous l’avons précédemment
établi, serait particulièrement présent entre le MA 2 (520/530 à 560/570) et le MA 3 (560/570
à 600/610). Une bouclette rectangulaire a également été rencontrée dans ce sarcophage,
D.91.5-13. Elle possède un décor d’ocelles. Selon R. Legoux et P. Périn ce type de bouclettes
décorées daterait du MA 2 (520/530 à 560/570) au MR 1 (600/610 à 630/640) 266. La
restitution nous signale qu’elle aurait été retrouvée un peu plus haut que la ceinture
abdominale 267. Un peigne en os D.91.5-20, chronologiquement indéterminable, a été trouvé
au niveau des membres inférieurs de l’individu 268. Du fil d’or (D.91.5-19) était présent au
niveau de sa tête maintenu à l’aide de deux épingles. L’épingle en or à corbeille filigranée
daterait principalement des VIe-VIIe siècles après J.-C, à la charnière entre le MA 3 (560/570 à
600/610) et le MR 1 (600/610 à 630/640). Quand à l’épingle simple en alliage de cuivre
D.91.5-14, il est impossible de fournir une datation précise. Enfin, nous devons signaler la
présence de nombreux grains (peut-être de blé ?) 269 retrouvés au niveau de la tête du défunt
laissant présager la présence d’un coussin végétal 270. Aucune analyse carpologique n’avait
cependant été effectuée. Nous pouvons signaler un usage similaire dans le sarcophage n°XX
de l’abbaye Saint-Victor, précédemment présenté 271.
266
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
267
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
268
BARRAUD, D., A. JAMBON (1986), p.77.
269
Id., (1986), p.77.
270
Id., (1986), p.77.
271
FIXOT, M., J.-P. PELLETIER (2009), p.220-221.
96
Figure 40: Proposition de reconstitution du sarcophage 6 de la rue Saint-Jean de Coutras (dessin H. Texier).
La position du mobilier au sein de la sépulture 6 (fig.40) présente une certaine
cohérence (notamment pour l’anneau, les épingles, les fils, la boucle de ceinture et ses rivets).
Néanmoins, nous ignorons quelle était l’utilité de la bouclette rectangulaire au niveau du
thorax. Pourquoi pas un sac en cuir placé en bandoulière ? Quant à la position du peigne au
niveau des membres inférieurs, nous ignorons si ce type d’emplacement faisait l’objet d’un
rite particulier durant le haut Moyen Age.
D’après les datations des différents mobiliers rencontrés dans cette sépulture, nous
proposons une chronologie entre la deuxième moitié du MA 3 (environ 585 à 610) et la
première moitié du MR 1 (environ 610 à 625). Pour plus de clarté, nous avons réalisé un
tableau.
97
Sarcophage 6
Datations
absolues
440/450
à
470/480
470/480
à
520/530
520/530
à
560/570
560/570
à
600/610
600/610
à
630/640
Phases
PM
MA 1
MA 2
MA 3
MR 1
Biseautée
Biseautée
Décorée
Biseautée
Décorée
Biseautée
D.91.5-11
D.91.5-12
D.91.5-13
D.91.5-14
D.91.5-15
D.91.5-16
D.91.5-17
D.91.5-18
D.91.5-19
D.91.5-20
98
Le sarcophage 7 :
Nous l’avons précédemment évoqué, le sarcophage 7 a été anciennement ouvert. De ce
fait, seuls du fil d’or (D.91.5-19) et une épingle, décrite comme étant en or (D.91.5-21) ont été
retrouvés dans la sépulture. Le musée d’Aquitaine ajoute au sarcophage la découverte d’un
objet qui nous a été difficile à déterminer D.91.5-22 272. Seule l’épingle, aujourd’hui perdue,
peut fournir des éléments de datation à cette sépulture. R. Legoux et P. Périn propose pour ce
type d’objet une datation allant de la première moitié du MA 2 (environ 545 à 570) au MA 3
(560/570 à 600/610) 273. Nous pensons qu’il est possible d’étendre la datation au MR 1
(600/610 à 630/640). En effet, les deux auteurs, proposent dans leur ouvrage, la même
chronologie pour les épingles à corbeille filigranée. Or, nous avons vu que ce type était
présent au MR 1. Dans ce cas nous proposons une datation de la sépulture de la première
moitié du MA 2 (environ 545 à 570) au MR 1 (600/610 à 630/640). La sépulture ayant été
perturbée, il nous est impossible d’affiner cette datation. Pour plus de clarté, nous avons
réalisé un tableau.
272
Nous décidons de maintenir cette attribution au sarcophage 7, avec toutefois quelques réserves.
273
LEGOUX, R., P. PERIN et Fr. VALLET (2006).
99
Sarcophage 7
Datations
absolues
440/450
à
470/480
470/480
à
520/530
520/530
à
560/570
560/570
à
600/610
600/610
à
630/640
Phases
PM
MA 1
MA 2
MA 3
MR 1
D.91.5-19
D.91.5-21
D.91.5-22
A la suite des Grandes Migrations, les métaux précieux se sont raréfiés 274. Cela n’a
pas empêché les habitants de Corterat (Coutras) de faire appel à des orfèvres pour réaliser de
somptueuses parures en matériaux nobles : les épingles D.91.5-18 et D.91.5-21. Les
similitudes rencontrées avec la tombe dite d’Arégonde découverte dans la basilique SaintDenis (fil, objets de parure filigrané), permettent d’affirmer qu’il s’agissait de sépultures
privilégiées, probablement féminines. Néanmoins, sans analyse anthropologique poussée cette
diagnose sexuelle reste hypothétique. En effet, pourquoi les hommes de haut rang ne
pouvaient-ils pas bénéficier d’un linceul brodé d’or maintenu par de somptueuses épingles ?
L’art de l’orfèvrerie nous est parvenu grâce au rituel funéraire développé au haut
Moyen Age, qui consiste à inhumer les défunts avec du mobilier. Il était l’œuvre de
spécialistes. A la fin du Ve siècle après J.-C., un style nouveau apparaît : le style cloisonné qui
se repend au monde Franc avec l’emploi de grenats ; certains pensent que cette découverte est
imputée aux contacts avec les germains orientaux. P. Périn attribue les boucles d’oreilles dites
d’Arégonde à des traditions byzantines 275. D’autres en revanche proposent une influence
274
SALIN, E. (1950-1960), t.3, p.217.
275
PERIN, P., Th. CALLIGARO (2005), t.37, p.181-206.
100
méditerranéenne car de tels exemplaires ont été retrouvés dans des sociétés à politique « antibyzantine » comme les Wisigoths 276. A partir du VIe siècle, le style se développe et associe de
nouveaux procédés comme l’estampage, le filigrane ou encore la granulation, avec le plus
souvent le montage de pierres ou de verroteries en bâtes. C’est le cas de nombreuses fibules et
épingles, dont les exemplaires présents dans les sarcophages 6 et 7 de Coutras.
Ces deux épingles révèlent la présence d’un mobilier précieux relativement rare, que
l’on rencontre également en contexte d’habitat. C’est le cas de la boucle d’oreille retrouvée
place Camille Jullian à Bordeaux 277. Nous l’avons évoqué, cet objet présente des similarités,
dans la facture filigranée de sa corbeille, ce qui pose de vraies questions sur l’existence des
ateliers d’orfèvrerie et sur la transmission des savoir-faire durant le haut Moyen Age.
III. 3. Le sarcophage 15 : témoignage d’un guerrier ?
III. 3. A. Contexte archéologique
Le sarcophage 15 marque la limite est de la zone d’intervention de sauvetage. Nous
l’avons évoqué 278, il était placé dans une grande dépression, occupée par une épaisse couche
noire, pouvant correspondre à un remaniement total de la zone du cimetière, organisé autour
du chevet de l’église Saint-Jean-Baptiste (Cf. Annexe 1, plan 1, p.134). La limite était très
nette : B. Chieze et D. Barraud ont tout d’abord pensé que ce sarcophage était incomplet car il
n’apparaissait que la moitié antérieure de la cuve. Celle-ci renfermait les restes de deux corps.
Le plus récent n’occupait que les deux tiers de la largeur. Les fouilleurs ont noté la présence
de briques et de pierres à l’intérieur de la cuve. Nous pensons qu’il pourrait s’agir de calages
placés dans la cuve qui aurait été réaménagée 279.
Un élément métallique (probablement la plaque-boucle), a laissé des traces
d’oxydation sur le sternum, mais n’a pas été retrouvée en place. Tout indique que le contenu
de la sépulture avait été bouleversé. La partie inférieure du corps manquait. Cependant, la
découverte, à une cinquantaine de centimètres plus à l’est de la deuxième partie de la cuve,
276
KAZANSKI, M. (2000), p.20-31.
277
MAURIN, L. (2012)
278
Voir supra, I.2. C, p.28-30.
279
CHIEZE, B., D. BARRAUD (1982).
101
apporte alors une toute autre conclusion. La deuxième partie de la cuve avait manifestement
glissé, suivant le pendage correspondant à celui de la limite de la fosse. Les chercheurs
proposent deux interprétations à ce phénomène : le sarcophage a pu se briser sous le poids de
sa propre pesanteur lors du creusement de la fosse de destruction, ou il a pu être fractionné par
les terrassiers, qui ont néanmoins remis quelques débris dans le sarcophage ainsi que des
restes osseux qui avaient glissé. Cette fosse de destruction est postérieure à la nécropole
mérovingienne. Les chercheurs supposent qu’elle a été creusée au cours du Moyen Age mais
en ignore la fonction 280. Aucune mention n’est faite quant aux dimensions du sarcophage ni à
l’état de conservation des ossements.
III. 3. B. Etude de la sépulture
Le matériel recueilli a révélé la présence de plusieurs objets de parure vestimentaire
ainsi que des objets déposés. C’est le cas d’éléments de chausses ou de jarretières, constitués
de petites plaques-boucles (D.91.5-23,24) que nous avons daté des VIe-VIIe siècles. Les
passes-courroies qui leur sont associés sont datés du MA 1 (470/480 à 520/530) au MR 1
(600/610 à 630/640) et le rivet quadrangulaire du MA 3 (560/570 à 600/610) au MR 1
(600/610 à 630/640). Ces éléments de chausses rappellent ceux retrouvés dans la tombe dite
d’Arégonde 281 (fig.3).
Figure 41: Disposition des courroies de jarretières d'Arégonde (tombe 49), basilique Saint-Denis (dessin: Fl.
André).
280
Id., (1982).
281
FRANCE-LANORD, M.-F.-A. (1998).
102
La reconstitution réalisée par messieurs B. Chieze et J.-P. Lhomme 282 ne prend pas en
compte le phénomène de réoccupation du sarcophage (Cf. Annexe 3, dessin n°3, p.159). En
effet, un unique personnage est représenté avec les objets. Quand est-il du premier individu
inhumé, ne possédait-il aucun mobilier ? Seule l’étude anthropologique aurait peut-être
permis de nous éclairer sur ce point. Pour cette raison nous ne ferons pas de reconstitution car
il nous ait impossible de connaître la place exacte qu’occupait le mobilier par rapport aux
individus dans ce sarcophage. Néanmoins, nous pouvons signaler que les éléments de
chausses ont été rencontrés dans la partie inférieure de la cuve 283.
Plusieurs lames de couteaux ont été trouvées dans ce sarcophage : D.91.5-28, D.91.540, D.91.5-44. La datation de la sépulture permettra de leur fournir une chronologie. Un
scramasaxe (associé à deux fragments métalliques D.91.5-34 et 35) datable de la deuxième
moitié du MA 2 (environ 545 à 570) au MR 2 (630/640 à 660/670) a été retrouvé dans la
partie médiane de la cuve. Une plaque-boucle de style Aquitain D.91.5-32, datable du VIIe
siècle soit de la seconde moitié du MA 3 (560/570 à 600/610) au MR 2 (630/640 à 660/670),
avait laissé des traces sur le thorax d’un des individus 284.
Cette sépulture est difficile à interpréter du fait de la présence des deux corps inhumés
dont la répartition du mobilier n’a pas réellement été établie à l’un ou l’autre individu.
Néanmoins, l’ensemble du mobilier semble révéler la présence d’au moins un défunt
masculin, de par la découverte de nombreuses armes et de la plaque-boucle de type aquitain.
Nous pensons que les armes, outre leur fonction de combat, possédaient également une
valeur économique (la Loi Ripuaire mentionne le cout de ces armes, qui pouvaient servir aux
échanges) et symbolique, marqueur du statut social de l’individu qui les porte. Le gout pour
l’héroïsme et les valeurs guerrières tel que le prestige du brave ou la gloire posthume 285
semble présent durant ces périodes comme peuvent l’attester les nombreuses épopées et
chants poétiques comme l’Edda (poèmes rédigés en vieux norrois datable du Xe siècle), le
Beowulf (rédigé en vieil anglais à partir du VIIe siècle) ou encore le Hildebrandslied (rédigé
282
Id., (1982), voir reconstitution sarcophage 15.
283
Id., (1982).
284
Id., (1982).
285
LEBEDYNSKI, I. (2001), p.23.
103
en vieux haut allemand au IXe siècle après J.-C.). Ce genre d’images guerrières véhiculées par
les « barbares » ne devait certainement être utilisé que pour effrayer les auteurs romains.
Des sources iconographiques peuvent nous renseigner sur l’aspect vestimentaire de ces
peuples. C’est le cas des décors retrouvés en numismatique, dans la sigillographie ou encore
sur les reliefs romains 286. Chez les francs, le port d’arme, contrairement aux romains, n’était
pas le propre du soldat, mais de tout citoyen libre. Donc rien n’indique que la sépulture 15 soit
celle d’un guerrier. Nous connaissons l’importance particulière qu’avaient les épées au début
du haut Moyen Age. Par la suite, ces objets ont rapidement été remplacés par des armes
blanches de complément à un seul tranchant: les couteaux et les scramasaxes. Le phénomène
d’acculturation clairement en place aux VIIe-VIIIe siècle ne nous permet pas de distinguer de
spécificité ethnique pour les armes.
D’après les datations du mobilier rencontré dans cette sépulture, nous proposons une
chronologie entre le MA 3 (560/570 à 60/610) et le MR 2 (630/640 à 660/670). Cette large
fourchette chronologique s’explique par la présence successive de deux corps au sein de la
sépulture. Nous ignorons le laps de temps qui s’est écoulé entre les deux inhumations.
Néanmoins, nous pouvons signaler que le premier individu devait être totalement décomposé
(ou dans un stade avancé de décomposition) car il a été poussé sur le dernier tiers de la cuve
(le deuxième individu occupant les deux premiers tiers 287).
286
Id.. (2001), p.10.
287
Id., (1982).
104
Sarcophage 15
Datations
absolues
Phases
440/450 470/480
à
à
470/480 520/530
PM
520/530 560/570 600/610 630/640
à
à
à
à
560/570 600/610 630/640 660/670
MA 1
MA 2
D.91.5-23
D.91.5-24
D.91.5-25
D.91.5-26
D.91.5-27
D.91.5-28
D.91.5-32
D.91.5-33
D.91.5-35
D.91.5-36
D.91.5-40
D.91.5-44
105
MA 3
MR 1
MR2
Nous l’avons précédemment évoqué, cinq sarcophages sur les treize étudiés présentent
du mobilier funéraire 288. Deux d’entres-eux semblent révéler la présence d’inhumations
privilégiées féminines. L’absence de typochronologie pour le mobilier du sud de la France,
nous a contraints a utiliser les typochronologies du nord, mais l’association avec le reste du
mobilier, nous a permis de réviser ces datations. Il a parfois fallu, élargir les chronologies en
raison de la présence de plusieurs défunts au sein d’une même tombe. En effet, les pratiques
funéraires témoignent de nombreuses réouvertures de sarcophages pour la mise en place de
nouveaux corps. Ces manipulations sont courantes au cours du haut Moyen Age et nous
pouvons supposer que les sarcophages étaient présents en surface afin de faciliter leur
réouverture 289.
Les quatre sarcophages présentent donc une chronologie allant de 500 à 640 après J.C. Le caractère restreint de la fouille de sauvetage effectuée en 1981, ne permet pas d’établir
le recrutement ni de discuter de l’étendue de la nécropole, qui, selon les chercheurs, d’après
plusieurs trouvailles éparses, s’étendait au delà (Cf. Annexe, 1, plan 2, p.135) 290.
288
Le sarcophage 2 a livré du mobilier, notamment une épingle en bronze ainsi qu’une boucle en fer. Cependant,
aucun de ces objets n’a pas pu être étudié.
289
GLEIZE, Y. (2006), p.50 et p.475.
290
CHIEZE, B. D. BARRAUD (1982).
106
CONCLUSION
L’étude du mobilier funéraire mérovingien a longtemps été perçue comme une simple
recherche des trésors, lancée à la suite de nombreuses découvertes de sépultures riches dans le
nord de la France. Dans les années 1980, la mise en place de typologies de mobilier permet de
fournir une périodisation des objets mérovingiens septentrionaux. Cependant, les chercheurs
étudient l’objet pour lui-même sorti de son contexte archéologique. Pendant longtemps,
l’étude anthropologique est restée succincte ou dissociée des données de terrain. C’est à partir
des années 1990, que les deux disciplines s’associent pour une meilleure compréhension des
sites et que l’étude d’objet commence à être replacée dans son contexte.
La carte de l’occupation du sol pour l’époque gallo-romaine et le haut Moyen Age du
territoire autour de Coutras (Cf. Annexe 1, carte n°12, p.132), a mis en évidence une
occupation dense se caractérisant notamment par de grandes demeures (villae) occupées
jusqu’à la fin de l’Antiquité. La transition vers le haut Moyen Age est encore difficile à
percevoir comme souvent en Aquitaine 291. Des espaces funéraires sont perceptibles, en lien
avec les sites gallo-romains mais la continuité de l’occupation reste mal établie. Un réseau
d’église se met en place progressivement mais on ne connaît que son aboutissement au XIeXIIe siècle.
Le mobilier étudié provenant des sarcophages de la rue Saint-Jean de Coutras, se
compose d’objets de parure (vestimentaire et accessoires) ainsi que d’objets déposés (armes,
objets de toilette, aumônières). Cela atteste, dans cette nécropole, de la pratique funéraire
consistant à ensevelir le défunt avec ses effets personnels. Déjà attestée sous l’empire romain,
elle tend à se raréfier au VIIIe siècle. Pour dater ce mobilier coutrillon, nous avons utilisé la
méthode de datation établie pour le nord, étant donné l’absence de typochronologie propre
aux objets funéraires méridionaux. Nous les avons ensuite associés au contexte de la fouille
pour tenter de réviser ces datations. Dans certains cas et par prudence quant à la présence de
plusieurs individus au sein même d’un sarcophage, nous avons dû élargir la chronologie. Il
serait intéressant, à l’avenir, de proposer une typochronologie du sud de la Gaule. Le principe
serait de dater les objets rencontrés, en fonction des données du nord, puis, lorsque cela serait
possible, de coupler ces données aux marqueurs chronologiques sûrs présents au sein de la
sépulture et à l’ensemble de la nécropole (datation carbone 14 ?). Nous pourrions ainsi noter
291
Voir FARAVEL, S. (2003), p.153.
107
les possibles décalages avec les datations établies d’après les typologies du nord et en
proposer pour le sud.
L’occupation de la nécropole coutrillonne se situe entre les années 500 et 640 après J.C. Cependant, la fouille des années 1980 a été partielle et ne permet pas de discuter de
l’étendue du cimetière et ainsi de comprendre sa genèse. Par ailleurs, nous savons que la
mairie de Coutras souhaite réaliser de nouveaux travaux dans les années qui viennent. Nous
espérons ainsi qu’ils révèleront de nouvelles perspectives d’études auxquelles nous serions
ravis d’apporter une contribution. De plus, la présence de certains objets précieux, à une
période où les matériaux nobles se faisaient rares 292, épingles en or à corbeilles filigranée
sertie de perles en pâte de verre ou à corbeille fermée et tissus précieux, semblent témoigner
de sépultures aristocratiques au sein du site. Il est cependant difficile de déterminer si le
mobilier rencontré est de facture locale. Cela soulève la question des ateliers d’orfèvrerie, la
notion de diffusion des savoir-faire et celle de la production en série qu’il serait intéressant de
mettre en évidence dans les études à venir.
Quant aux pratiques funéraires attestées, l’absence d’étude anthropologique nous a fait
défaut pour la compréhension des pratiques funéraires au sein de la nécropole. Nous avons
toutefois pu établir la présence de nombreuses inhumations successives (90% des sarcophages
étudiés). Ce phénomène de réutilisation des tombes et de manipulation d’ossements (c’est le
cas du sarcophage 15), est considéré comme une particularité des nécropoles de cette
période 293. Cela soulève de nouvelles questions quant à la gestion de l’espace funéraire et à
son accessibilité mais également quant à la visibilité des sarcophages. Y. Gleize, dans sa
thèse, mentionne la présence de stèles anépigraphes, de superstructures en matériaux
périssables, ou tout simplement d’un chemin ou d’un arbre qui pouvaient servir de repère,
mais il semblerait que la thèse de sarcophages présents en surface soit la plus
vraisemblable 294.
Enfin, nous tenons à rappeler que l’étude de mobilier issu de fouilles anciennes reste
délicate. Nous espérons que ce travail puisse servir au Musée d’Aquitaine, mais également
pour la suite, à une étude plus vaste concernant les objets mérovingiens du sud-ouest, afin de
mieux comprendre le facies aquitain.
292
SALIN, E. (1950-1960), t.3, p.217.
293
GLEIZE, Y. (2006), p.50.
294
Id., (2006), p.475.
108
Tables des illustrations
Fig.1
Fig.2
Fig.3
Fig.4
Fig.5
Fig.6
Fig.7
Fig.8
Fig.9
Fig.10
Fig.11
Fig.12
Fig.13
Fig.14
Fig.15
Fig.16
Fig.17
Fig.18
Fig.19
Fig.20
Fig.21
Fig.22
Carte de l’arrondissement de Libourne en Aquitaine (H. Texier).
Carte topographique des environs du libournais (source : Google).
Copie de la carte de Peutinger, Pars II (Segmentorum II, III) de Conraldi
Millieri 1887-1888.
Carte de Coutras représentant les cinq phases de la fouille de sauvetage,
(source : Google, modifications : H. Texier).
Objets de parures de Coutras, catégorie boucles (dessins H. Texier).
Ardillon scutiforme du site de Dudras ; boucle de ceinture et ses trois rivets
associés du site de Chadenac ; boucle de ceinture du site de Dudras (dessins
et clichés : Fr. Stutz dans STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.10, p.369).
Boucle ceintrée des sites d’Agde et de Carcassonne (dessins : Fr. Stutz dans
STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.12, p.371).
Les bouclettes rectangulaires du site d’Estagel, tombes 13 et 16 (dessins :
Fr. Stutz, dans STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.15, p.374).
Objets de parures de Coutras, catégorie plaques-boucles (dessins H.
Texier).
Ardillon scutiforme du Musée Carnavalet (cliché : P. Pierrain dans PERIN,
P. (1985), ill.52, p.166) et ardillon scutiforme de la plaque-boucle D.91.532 de Coutras (dessin : H. Texier).
Plaque-boucle de ceinture de provenance inconnue conservée au Musée
d’Aquitaine (cliché dans LERENTER, S. (1987), annexes p.23-24).
Plaque-boucle de chausses ou de jarretières du site de Venerque (dessin :
Fr. Stutz dans STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.398).
Objets de parures de Coutras, catégorie passes-courroies (dessins H.
Texier).
Passes-courroies des sites de Neujon, Monségur (dessin : S. Camps dans
STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.41, p.399) et de Jau-Dignac et Loirac
(dessins : I. Cartron dans CARTRON, I. (2003), catalogue, p.97).
Objets de parures de Coutras, catégorie rivets (dessins H. Texier).
Boucle et rivets hémisphériques à décor radié d’Ouveillan (Aude) (dessin :
Fr. Stutz dans STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.13, p.372).
Rivets hémisphériques des sépultures S162 et S218 de Longueil-Annel
(Oise) (dessins : C. Fréville et R. Journa dans FREVILLE C., R. JOURNA
(1994), p.121).
Rivets scutiformes des sites de La Mouline à Saint-Firmin-des-Prés
(dessins : L. Meslin et B. Rialland dans BURNELL, S. et alii (1994), ill.
p.183) et du sarcophage 36 de la basilique de Saint-Denis (dessins : Fl.
André dans FRANCE-LANORD, M.-F.-A. (1998), ill. p.131).
Garnitures de chausses ou de jarretières, sarcophage 49 de la basilique
Saint-Denis (dessins : Fl. André dans FRANCE-LANORD, M.-F.-A.
(1998), ill. p.110).
Objets de parures de Coutras, catégorie épingles (dessins H. Texier).
Boucle d’oreille dite d’Arégonde retrouvée dans le sarcophage 49 de la
basilique Saint-Denis (cliché H. Texier).
Boucle d’oreille découverte place Camille Jullian à Bordeaux (cliché : L.
109
p.5
p.6
p.24
p.26
p.53
p.55
p.57
p.58
p.59
p.60
p.62
p.63
p.64
p.65
p.66
p.67
p.68
p.69
p.70
p.71
p.72
p.73
Fig.23
Fig.24
Fig.25
Fig.26
Fig.27
Fig.28
Fig.29
Fig.30
Fig.31
Fig.32
Fig.33
Fig.34
Fig.35
Fig.36
Fig.37
Fig.38
Fig.39
Fig.40
Fig.41
Gauthier, Mairie de Bordeaux dans FEUGERE, M. (2012), p.391) et boucle
d’oreille de Jonzac (cliché : N. Bertin dans son site :
http://nicolebertin.blogspot.fr/2010/09/jonzac-nos-ancetres-meconnus
les.html, consulté le 26/05/13).
Epingle à corbeille fermée retrouvée à Jouy-le-Comte, acquise et conservée
à Saint-Germain-en-Laye depuis 1978 (cliché : RMN-Grand Palais : Musée
d’Archéologie Nationale/ G. Blot dans le site
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.aspx?E=2C6NU0HMW936
consulté le 25/05/13).
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Fr. (2003), vol.2, pl.75, p.435) et du Musée Alfred Danicourt à Péronne en
Picardie (cliché : D. De Sousa, Musée Alfred Danicourt, Picardie dans le
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http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0690/m081583_0002423_
p.jpg consulté le 26/05/2013).
Epingle d’argent contenue dans le sarcophage 47 de la basilique SaintDenis (dessin : Fl. André dans France-LANORD, M.-F.-A. (1998), II-117).
Objets de parures de Coutras, catégorie bijoux (dessins H. Texier ; cliché :
Musée d’Aquitaine, Bordeaux, dans CHIEZE, B. D. BARRAUD (1982)).
Anneaux des sépultures 19 et 194 du site La Mouline (dessin : L. Meslin et
B. Rialland dans BURNELL, S. et alii (1994), p.179 et 183).
Objets de parures de Coutras, catégorie tissus précieux (cliché : Musée
d’Aquitaine, Bordeaux, dans CHIEZE, B. D. BARRAUD (1982)).
Objets déposés de Coutras, catégorie armes (dessins H. Texier).
Couteaux retrouvés dans la nécropole de Longueil-Annel (Oise), (dessins :
C. Fréville et R. Journa dans FREVILLE, C., R. JOURNA (1994), p.109).
Détail du scramasaxe présent dans la reconstitution du sarcophage 15.
Chaîne opératoire des différentes états de mise en forme d’une pointe de
flèche (dans SAINTY J., J. MARCHE (2006), fig.3, p.327).
Exemple de carreaux d’arbalète (cliché dans :
http://www.arbalestrie.com/pages/arbalete.php, consulté le 10/02/13).
Objets déposés de Coutras, catégorie aumônières (dessins H. Texier).
Objets déposés de Coutras, catégorie objets de toilettes (clichés : Musée
d’Aquitaine, Bordeaux dans CHIEZE, B. D. BARRAUD (1982)).
Les pinces à épiler des tombes 43 et 99 du site de La Turraque (Beaucairesur-Baïse), (dessins : P. Venzac dans STUTZ, Fr. (2003), vol.2, pl.83,
p.442).
Pince à épiler de la sépulture 9 du site de Montataire (dessins dans
DECORMEILLE-PATIN, Cl. et alii (1999), ill. p.108).
Proposition de reconstitution du sarcophage 3 de la rue Saint-Jean de
Coutras (dessin : H. Texier).
Proposition de reconstitution du sarcophage 6 de la rue Saint-Jean de
Coutras (dessin : H. Texier).
Disposition des courroies de jarretières d’Arégonde (tombe 49), basilique
Saint-Denis (dessin : Fl. André).
110
p.73
p.74
p.76
p.77
p.78
p.79
p.80
p.81
p.83
p.84
p.85
p.86
p.86
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